lundi, janvier 03, 2022

Les mots de l'éducation 2021

 

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C’est donc la cinquième année que je propose cet exercice de rétrospective. Je demande aux personnes qui me suivent sur les réseaux sociaux (Facebook et Twitter) de donner trois mots pour caractériser l’année dans le domaine de l’éducation. J’ai eu près de 800 réponses et on aboutit à une récolte de 2130 mots. Je fais un petit travail de lissage et d’harmonisation en éliminant les différences entre pluriel et singulier (masque ou masques par ex.) ou encore les adjectifs et les noms (fatigant et fatigue par ex.). 

Après cette phase de réponses, les mots ou expressions sont passés à la moulinette d’une application permettant de fabriquer des « nuages de mots » plus ou moins gros selon leur fréquence.


Evidemment, cet exercice n’a aucune valeur scientifique. Cela dit, certains sondages présentés dans la presse n’en ont guère plus ! Quant à  la représentativité, elle n’est que celle des personnes qui me suivent sur les réseaux sociaux (19 000 personnes sur Twitter et autant - ou les mêmes - sur Facebook). Ce sont majoritairement des enseignants et en tout cas des personnes qui s’intéressent à l’école et l’éducation puisque je pratique une « veille » sur l’actualité éducative en diffusant des articles de presse ou des billets de blogs sur ce sujet. 


Chaque année, on voit surgir le même reproche : ce n’est pas très positif ! Ma réponse est toujours la même. Ne confondez pas le messager et le message. Cet exercice avec ses défauts ne fait que refléter l’état d’esprit du moment d’une bonne partie du monde enseignant. Et j’ai un scoop : celui ci n’est pas bon. 

On pourra me rétorquer que ce n’est pas spécifique aux enseignants. La fatigue voire l’épuisement face à cette pandémie qui n’en finit pas, est un phénomène répandu dans toute la société. 

Mais il y a sans doute un sentiment d’abandon spécifique chez le personnel de l’éducation nationale. 

J’écris ces lignes alors que le Ministre vient de révéler dans la presse, un dimanche soir, les nouvelles dispositions à appliquer dès le lundi matin. Et celles-ci ne semblent faites que pour permettre de fermer le moins possible les classes et les écoles mais sans se préoccuper réellement de la protection des personnels. Le sentiment est très fort chez les enseignants d’être sacrifiés et de servir surtout de « garderie nationale » bien loin des discours grandiloquents sur l’«école ouverte» qui masquent mal l’impéritie ministérielle. 

On retrouve donc dans ce « nuage » (toxique ?) un grand nombre de mots liés à ce ressenti que je viens de décrire : mépris, abandon, maltraitance, et bien d’autres Beaucoup d’entre eux étaient déjà présents dans les collectes des années précédentes, en 2017 ; en 2018, en 2019en 2020... 

Car derrière la crise sanitaire, ce nuage de mots est aussi le résultat de cinq ans de gestion par le même ministre. Cette gouvernance se caractérise par la verticalité et une certaine arrogance technocratique avec une omniprésence médiatique qui joue l’opinion contre les enseignants. Le « prof bashing », la « manipulation » figurent parmi les griefs énoncés ici. 

Au delà, il y a encore un malaise plus profond qui est celui du déclassement. Celui-ci a évidemment à voir avec la rémunération comme plusieurs mots le rappellent, mais aussi avec la déconsidération et l’infantilisation. Ce n’est pas par hasard si le « mépris » arrive largement en tête. La question des démissions, de la perte de motivation et donc aussi des futurs recrutement est également à prendre en compte. 



Ces mots parlent d’eux mêmes et je ne vais donc pas m’engager ici dans une longue analyse. Pour conclure, je vais reprendre simplement ce que je formule dans mon livre : on ne réforme pas un système avec des personnes qui vont mal... Avant de penser l’École de demain, il faut déjà la panser... 

Cela passe par une réelle revalorisation et une gestion qui redonne du pouvoir d’agir et de la confiance (un mot bien galvaudé) aux enseignants. 

Alors que l’élection présidentielle se profile, tous les candidats devraient avoir cet impératif en tête. L’École telle qu’elle fonctionne aujourd’hui, malgré le sens du service public des enseignants, est porteuse d’inégalités. Il y a une urgence sociale qui mérite bien mieux que les pauvres débats auxquels on assiste aujourd’hui. 

Il y a un petit « Espoir » caché au milieu de ce nuage, j’ai encore envie de croire à ce mot là... 



Je tiens à la disposition de tous ceux qui le souhaitent la liste complète des mots 






 
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