vendredi, avril 24, 2009

Trombinoscope et gazouillis



Ce billet est d’abord un message technique pour les lecteurs de mon blog. Durant ces vacances de printemps, je me suis en effet lancé dans l’usage de deux nouveaux outils : Twitter et FaceBook. Il y a deux raisons à cet intérêt : une motivation technique liée à ce blog tout d’abord et une réflexion ensuite sur les enjeux de ces nouveaux médias.


Tenir un blog ne suffit plus !
Ce n’est pas moi qui le dit mais Bruno Devauchelle qui constate qu’aujourd’hui...
«Si tant est que vous soyez un peu sérieux, votre blog devient trop austère, trop confidentiel du fait même qu’il ne rentre pas dans le “buzz”. On avait vu avec le développement des sites web apparaître ce phénomène, on l’a vu avec les blogs, on le voit se poursuivre en plus avec les réseaux sociaux.»

Twitter et FaceBook complètent donc mon blog. Dorénavant vous pourrez aussi trouver la revue de presse sur ma page FaceBook, ainsi que sur la page du CRAP-Cahiers pédagogiques que j’ai créée. Quant à Twitter qui permet d’écrire des messages de 140 caractères, vous le trouverez intégré à la colonne de gauche de ce blog. Il me permettra de donner des informations rapides sur des sujets qui ne méritent pas un long post ou signaler un lien intéressant. J’ai même pu combiner les deux pour que mes messages Twitter (on dit des “tweets” ce qui en en anglais signifie “gazouillis”) apparaissent sur ma page FaceBook…


Matière à réflexion
Je n’ai pas la prétention d’avoir un avis d’expert sur ces réseaux sociaux. Je commence seulement à découvrir ce monde et à m’y intéresser. Et à lire quelques personnes qui ont déjà réfléchi sur ces questions : Mario Asselin évidemment, Bruno Devauchelle (déjà cité), Eric Delcroix, Jean-Luc Raymond, Jean-Pierre Pinte, Florence Meichel, Christelle Membrey, Khalid Gueddari, et bien d'autres…
J’essaierai de rendre compte de mes lectures si mes (trop) nombreuses activités m’en laissent le temps. On peut évidemment considérer tout cela comme un ensemble de gadgets de peu d’intérêt. Mais en tant qu’enseignant de sciences économiques et sociales qui s’intéresse aux effets des technologies et à l’évolution de la société et en tant que “pédagogue” qui essaie de réfléchir aux mécanismes et aux conditions d’apprentissage, je crois qu’on ne peut pas passer à côté de ces phénomènes. Sans idéaliser ni diaboliser.


Une logique de réseaux…
Ce qui est fascinant avec ces outils qu’on qualifie de “réseaux sociaux” c’est la rapidité et la facilité avec laquelle on peut diffuser de l’information et créer des liens entre les personnes. Bien sûr, comme je suis un peu vieux jeu, j’ai eu du mal à admettre que ces gens avec qui je suis en contact sont mes “amis”. Les vrais, je n’en ai pas tant que ça et je n’ai pas besoin d’Internet pour les trouver. Mais on ne peut nier que ça crée du lien…
Le principe de Facebook comme de Twitter est de “suivre” l’activité des personnes qui sont liées à vous. Bien sûr, on n’échappe pas à des informations très personnelles et factuelles : “je suis à tel endroit”, “je fais ceci ou cela”. Mais il y a aussi une masse importante d’informations qui circule et que l’on n’aurait pas forcément trouvé soi même. La question que je me pose est alors celle du traitement de cette information. Face à une telle masse, comment avoir le recul ? Comment trouver le temps de la réflexion alors que le risque est grand de s’y noyer et d’y perdre son temps. Est-ce une source de distraction ou une vraie source d’apprentissage ? Et plus pédagogiquement, comment aider les élèves à s’y retrouver ?


Identité numérique
L’autre question qui me vient est d’une grande banalité. C’est celle de la frontière entre le “public” et le “privé”. La question se posait déjà avec l’usage des blogs (qu’on a qualifié à un moment de “journal extime”) mais se pose aujourd’hui avec encore plus d’acuité.
Pour ma part, mon usage de FaceBook (au fait, ça veut dire “trombinoscope” en anglais) est essentiellement professionnel. J’y indique mon activité publique et médiatique et les travaux des Cahiers Pédagogiques. Mais on peut aussi dire et livrer beaucoup plus de soi-même. Quelquefois même à son insu et sans qu’on puisse le contrôler.
En naviguant sur ces sites, je suis surpris par l’absence de pudeur des “natifs du numérique” qui ne cachent rien ou presque de leur vie. Avec tous les risques que cela comporte y compris celui de retrouver, des années après, ce que l’on a écrit ou photographié bien imprudemment.
Là aussi, je crois que l’école peut avoir un rôle à jouer pour alerter et éduquer nos élèves à cette prudence et à tracer une frontière entre l’intime et ce que l’on veut (et peut) montrer.


Rendez vous
Voilà quelques questions et réflexions très rapides et absolument pas abouties. Je retire cependant la conviction qu’il ne faut pas négliger d’observer et d’analyser les pratiques issues de ces nouvelles technologies. Quoi qu’il en soit, chers lecteurs de ce blog, si vous êtes adeptes de ces “réseaux sociaux” je vous rappelle donc que vous pouvez désormais aussi me retrouver sur Facebook et sur Twitter, et, peut-être même pourrons nous devenir “amis”… !





Bonus : un sketch américain (mais sous-titré) “et si la vraie vie était comme dans FaceBook ?”

AJOUT du 25-04
(merci à O.Chenevez)

7 commentaires:

  1. "En naviguant sur ces sites, je suis surpris par l’absence de pudeur des “natifs du numérique” qui ne cachent rien ou presque de leur vie. Avec tous les risques que cela comporte y compris celui de retrouver, des années après, ce que l’on a écrit ou photographié bien imprudemment.
    Là aussi, je crois que l’école peut avoir un rôle à jouer pour alerter et éduquer nos élèves à cette prudence et à tracer une frontière entre l’intime et ce que l’on veut (et peut) montrer."

    Je suis tout à fait d'accord avec ce point, le psychanalyste Serge Tisseron aussi insiste beaucoup sur la nécessité d'une éducation permettant aux enfants et aux jeunes d'apprendre à préserver leur intimité.

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  2. Pour ma part, je suis aussi vieux jeu ;-) je préfére le terme de contact virtuel... qui peuvent éventuellement devenir des amis :-)
    Autre aspect non négligeable des réseaux, obtenir une réponse à une question !

    pour l'absence de pudeur, nous sommes de plus en plus nombreux à penser que c'est une histoire de "vieux cons" http://www.internetactu.net/2009/03/12/la-vie-privee-un-probleme-de-vieux-cons/

    Je suis persuadé qu'effectivement l'école à un rôle à jour... mais le problème de l'identité numérique est beaucoup plus large car il concerne en premier lieu les enseignants... Je donne l'exemple d'enseignants de collège qui possèdent un profil Facebook ouvert à tous et dont les élèves connaissent l'existence...
    l’absence de pudeur va au delà des digital natives ! Nous sommes à mon avis face à une évolution (révolution) sociétale et la question que l'on peut se poser à notre âge est de savoir si cela nous semble une bonne ou une mauvaise évolution... Le débat est ouvert :-)

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  3. "Je donne l'exemple d'enseignants de collège qui possèdent un profil Facebook ouvert à tous et dont les élèves connaissent l'existence... "

    A ce propos, il faut lire le billet de Christelle Membrey "Cas d'école : parler de soi sur la Toile est-il possible pour un enseignant ?
    http://educationmediainternet.ning.com/profiles/blogs/cas-decole-parler-de-soi-sur

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  4. J'utilise aussi le sketch de Jérôme Commandeur à propos de Facebook. On le trouve ici : http://www.youtube.com/watch?v=hbicoc15D7I

    Facebook, on voit les intérêts, les limites, les risques, les pièges, l'usage raisonné, tout cela est à explorer. Mais Twitter et ses 140 caractères, je ne vois rien venir...

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  5. Eric Delcroix > "l’absence de pudeur va au delà des digital natives !" Les premiers utilisateurs massifs de Facebook n'étaient d'ailleurs pas, qu'on se le dise, de jeunes collégiens ;-) ... Je te rejoins tout à fait, Eric. Aussi la question est-elle in fine beaucoup plus vaste que le champ éducatif puisqu'elle concerne le "savoir-vivre ensemble" sur la Toile.


    Odile > De nouveaux outils mais des usages si humains. Où, lorsque l'on fait ces premiers pas sur Twitter, Facebook ou Bidule, l'on entend finalement toujours les mêmes discours de l'enthousiasme, de la peur et du questionnement. (Et ce sera la même chose pour Aki-Aka ou XYZ à n'en pas douter ;-) ).

    Résolument, les usages communicationnels l'emportent ou prédominent toujours dans un premier temps mais l'on voit bien que sur de tels réseaux, des agrégations informatives, visant au partage et à la diffusion des savoirs s'effectuent. Quant aux 140 caractères, l'écriture hypertextuelle internaute les fait rapidement voler en éclats ...

    Philippe> Merci :-)

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  6. Une bonne analyse et merci au passage pour le lien :)

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  7. Réseau internet , groupe virtuel, cyber-organisation, rassemblement numérique…3 constantes : des hommes, de la technologie et le besoin de créer du lien.

    Comme Philippe, je suis assez novice en la matière, comme Bruno assez médusée par le cumul des fonctionnalités existantes, comme Eric d’accord sur le terme plus approprié de contacts virtuels pouvant éventuellement aboutir à des rencontres plus réelles, comme Christelle, concernée par l’identité numérique…comme, comme…Il y a un an et demi, avant d’entrer dans une phase d’expérimentation technologique avec l’objectif d’ouvrir un blog de classe, non seulement je n’y connaissais rien en terme technique mais tous les noms cités ci-dessus m’étaient quasiment inconnus ! Quel chemin parcouru en si peu de temps et combien de rencontres virtuelles et/ou humaines fondées avant tout sur le partage de la connaissance ! Il est extraordinaire de découvrir en quelques clics autant de talents, de ressources, de complémentarités, de divergences qui finissent d’une manière ou d’une autre par la création de ce qu’on pourrait appeler dans le domaine de l’éducation une vaste communauté des savoirs. Un savoir libéré et démocratisé car utilisable et mobilisable en tout lieu (ou presque) De liens en twit, de clics en sites, on se sent individuellement responsabilisé, petit maillon parmi une infinité d’autres au sein d’une incommensurable chaîne numérique. Ce nouveau concept de veille internet collaborative ne doit évidemment échapper ni à la vigilance, ni à la règlementation, ni au souci éducatif des jeunes ou des anciens. Bien sûr, des dérives, des abus, des contrefaçons possibles, probables, avérées et dangereuses existent. Parents, enseignants et digital natives doivent en prendre toute la mesure. On ne nait pas internaute…on le devient, n’est-ce pas Chris ! Mais quel formidable outil générateur et accélérateur de proximité culturelle, intellectuelle, professionnelle !

    Une chose à prendre en compte…l’aspect extrêmement chronophage de ces pratiques internet…L’espace temps disparaît sans qu’on s’en aperçoive et le risque majeur est d’en oublier l’ici et le maintenant qui demeure bien réel…les amis, la famille, la vie…l’autre vie !

    Amitiés numériques...

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