J’ai déjà écrit de
nombreux articles sur le sujet de la formation et dans le cadre de mon action
militante au CRAP-Cahiers Pédagogiques, j’ai participé aux débats de la
concertation de la refondation à l’été 2012 sur ce sujet et à plusieurs tables
rondes depuis. Par ailleurs, je suis depuis neuf ans, formateur en temps partagé
à l’ESPÉ de Paris où j’assure des formations disciplinaires (en SES) et
transversales. C’est sûrement pour toutes ces raisons que j’ai été invité
mercredi 3 septembre à France Culture dans la nouvelle formule de l’émission Rue des Écoles qui intègre dorénavant une partie sur l’enseignement supérieur.
Je vais essayer dans ce
texte d’être meilleur à l’écrit qu’à l’oral. On peut donc considérer ce texte comme
une session de rattrapage... !
30 bébés très différents
Les ESPÉ se sont mis en
place progressivement et tardivement durant l’année 2013. Avant même le vote de
la loi dite de « refondation », les ministères de l’éducation
nationale et (surtout) de l’enseignement supérieur ont structuré ce qui devait
s’appeler dorénavant les Écoles supérieures du Professorat et de l’Éducation. On
présente souvent les ESPÉ comme les successeurs des IUFM. C’est vrai dans la
mesure où cette structure en a pris la suite mais elle diffère sur bien des
points. Ce sont des parties intégrantes des universités sans grande autonomie
et la formation est structurée au sein de Masters appelés MEEF (pour Métiers de
l’Enseignement, de l’Education et de la Formation). Aujourd’hui le concours de
recrutement est placé en fin de M1 et nous verrons plus loin que cet arbitrage
conditionne bien des éléments de la formation et n’est pas sans poser des problèmes.
Il y a autant d’ESPÉ qu’il
y a d’académies et autant de masters qu’il y a de concours disciplinaires pour
le second degré. Si, l’an dernier, nous étions encore dans une année
transitoire puisque seuls les M1 des master MEEF ont été ouverts et que les
concours de recrutement rénovés n’ont eu leur première session qu’en juin dernier,
cette année nous passons à la vitesse de croisière avec l’organisation des M2.
Faire le bilan est donc
difficile. Les ESPÉ n’ont qu’un an d’existence. Pour utiliser une métaphore facile, ce sont des gros bébés qui ne sont pas encore bien assurés sur leurs jambes et
ont pour certains d’entre eux un peu de mal à marcher. Certains, en plus,
naissent de parents qui ont du mal à s’entendre et où les relations sont
tendues et complexes. Plus clairement, cela signifie que les ESPÉ supposent le
travail en commun au sein d’une même agence des “ex-IUFM” et des universités
qui fournissent les étudiants. Pas toujours facile surtout quand il y en a
plusieurs (voire beaucoup comme à Paris). Le “choc de culture” a été
quelquefois rude.
Mais pas partout... Car il
faut souligner que les situations sont très diverses selon les régions. On
trouve des académies où le travail en commun avait déjà été entamé dès 2010 et
la “masterisation” qui avait conduit au rapprochement des IUFM et des universités.
Des habitudes de travail ont été prises et le passage aux ESPÉ n’a fait que
renforcer cette tendance. Dans d’autres académies en revanche on observe
toujours des crispations et des querelles de territoires.
La diversité des
situations est aussi dans la différence entre le premier degré et le second
degré. Pour résumer peut-être un peu rapidement, on peut dire que dans le
premier degré, l’expertise des “ex-IUFM” a pris le dessus dans la mesure où les
universités avaient peu d’enjeux et de postes à préserver. Par contre dans le second
degré, la formation est très variable selon les spécialités universitaires. Les
anciennes “préparations au CAPES” des universités sont devenues les masters
MEEF dans des constructions plus ou moins harmonieuses et efficaces.
On connait la tendance française
à juger trop vite d’un dispositif avant même de lui laisser la chance d’arriver
à maturité. Mais on connait aussi la tendance inverse (particulièrement forte
dans l’administration !) qui consiste à interdire la critique au nom de la
nécessité d’avancer. Je vais essayer de naviguer entre ces deux écueils. Je
suis un acteur de cette formation et je ne ménage pas ma peine comme tous les
personnels qui y travaillent pour que les ESPÉ réussissent et forment le plus
efficacement possible les futurs enseignants. Mais je suis un acteur engagé qui
croit aussi que la réflexion critique est utile et même nécessaire pour ajuster
et améliorer. N’est-ce pas d’ailleurs ce que nous enseignons aux futurs
enseignants ?
Pour reprendre ma métaphore,
il ne s’agit donc pas de jeter le(s) bébé(s) avec l’eau du bain... Mais plutôt
de noter les progrès accomplis par un bébé un peu souffreteux et de se préoccuper
de lever tous les obstacles qui peuvent gêner son développement.
Le verre à moitié plein...
Les ESPÉ ont-elles atteint
tous les objectifs fixés par la refondation de l’École ? Certes non, nous le verrons plus tard.
Mais il faut pointer les réussites et les aspects positifs qui sont déjà
observables.
A commencer par le rétablissement
d’une entrée progressive dans le métier. Depuis 2010, les enseignants qui débutaient
se retrouvaient avec un service complet (18h pour les titulaires d’un CAPES) et
devaient en plus avoir une formation de quelques heures dans la semaine. Ils étaient
placés dans une telle situation d’urgence qu’on a vu se développer les démissions (même si on a jamais eu vraiment de chiffres précis sur ce phénomène). Et cette
urgence n’était pas non plus propice à une réflexion de qualité sur le métier. Il
faut aussi rappeler que la “casse” de la formation des enseignants en 2010
répondait exclusivement à des objectifs budgétaires. La promesse de re-création
des 60 000 postes correspond pour la moitié au fait de remettre à mi-temps les
enseignants stagiaires. On ne peut donc que se réjouir de la restauration de
cette situation. Aujourd’hui les étudiants de M2 qui sont en stage en
alternance dans des collèges et des lycées font 9h de cours (et non plus 18h)
et se forment le reste du temps dans le cadre du Master.
Ces étudiants-stagiaires
que j’ai accueilli avant la rentrée étaient moins stressés que ceux que je
voyais les années précédentes. Non pas parce qu’ils me connaissaient déjà ( ! )
mais surtout parce qu’ils savaient déjà ce qu’était une classe. En M1, ils
avaient effectué un stage d’ observation et de pratique accompagnée de six
semaines dans une classe où ils avaient été accueillis par un enseignant-tuteur
qu’ils avaient pu observer avant de se voir confier quelques heures de cours. Il
y a donc eu une “pré-professionnalisation” comme on dit dans le jargon qui
permet de savoir avant même le concours ce qu’est ce métier. Cela peut éviter
la situation vécue il y a quatre ans où un des stagiaires du groupe que je suivais
avait démissionné à la Toussaint car il s’était rendu compte qu’il n’était pas
fait pour ce métier !
Ce qui rendait peut-être
aussi les étudiants-stagiaires un peu plus sereins c’est qu’ils avaient déjà
entamé une réflexion pédagogique et didactique durant l’année de M1. Le
concours est désormais placé durant cette année avec l’écrit à Pâques et l’oral
en Juin. Et les épreuves ont changé puisque ces concours rénovés intègrent désormais
des épreuves “professionnelles”. Par exemple en SES, la deuxième épreuve de l’écrit
comme de l’oral consiste à préparer une séquence de cours à partir de documents
et d’indiquer explicitement comment on met les élèves en activités pour que les
objectifs soient atteints. On est donc dans un pilotage par l’aval, comme
souvent dans l’éducation nationale où la pédagogie est dictée par l’épreuve
finale. La formation en amont que les étudiants de M1 ont reçue pour préparer
le concours les forme évidemment à ces nouvelles épreuves et on parle donc de pédagogie
et de didactique. C’est un progrès.
Pour terminer cette liste
des points positifs, je voudrais insister sur un aspect qui est peut-être moins
visible, mais qui est à mes yeux essentiel. Comme on l’a vu, l’entrée
progressive dans le métier se traduit par une multiplication des stages en établissement.
Avant le M1 on développe aussi des stages en licence ainsi que les emplois
avenir-professeur (EAP) destinés à aider financièrement les jeunes qui se préparent
aux concours en échange d’une présence dans les établissements scolaires. J’ai
déjà décrit les stages d’observation durant le M1 et il faut ajouter que durant
le M2 si les stagiaires ont évidemment des classes en responsabilité, ils sont
accompagnés par un tuteur ou une tutrice qui les visite et qu’ils peuvent
visiter en retour. Une grande évolution, prometteuse et durable, c’est donc que, de plus en plus, les portes des classes s’ouvrent... Ma conviction profonde, c’est
qu’on se forme en formant les autres et que le fait d’observer d’autres
enseignants permet d’améliorer aussi sa propre pratique. Et cela est valable à
tout âge !
Le verre à moitié vide...
Avec la liste des points
positifs, il y a déjà de quoi se réjouir du rétablissement d’une formation
digne de ce nom et d’une réelle avancée sur le terrain de la pédagogie. Mais il
y a aussi des points à améliorer et surtout des contradictions qui pèsent
durablement sur le dispositif de formation et le rendent inutilement compliqué.
Je l’ai déjà écrit à
plusieurs reprises, l’organisation actuelle est le fruit d’un compromis bancal.
En 2012, deux positions s’affrontaient. L’une préconisait de maintenir le
concours en fin de M2 et de confier la formation aux seules universités. L’autre
(dont je suis partisan) proposait de placer le concours d’entrée en fin de
licence (L3) et de confier les étudiants ensuite à une école autonome qui préparait
en deux ans à un diplôme équivalent au master comme c’est le cas pour les écoles
d’ingénieurs et bien d’autres. L’arbitrage rendu a été de rejeter cette deuxième
proposition au prétexte (discutable) qu’il aurait fallu payer les stagiaires
pendant deux ans mais de placer le concours en fin de M1(où le “vivier” est
plus grand qu’en M2) avec une
formation dans une “agence” regroupant les moyens des universités au service d’une
formation à la fois disciplinaire et commune. C’est ainsi que les ESPÉ sont nées.
Ces écoles sont donc des
structures sans autonomie. Bien qu’on en ait jamais fait réellement le bilan,
les créateurs des ESPÉ ne voulaient pas reproduire, disaient-ils, les défauts
des IUFM. Il s’agissait donc de les rattacher aux universités supposées
garantir par la recherche la rigueur et la nécessaire réflexivité
indispensables au métier d’enseignant. Les ESPÉ sont donc aujourd’hui, soit des
écoles intégrées à une université, soit des composantes d’une communauté d’universités
(COMUE). On ne s’inscrit pas à une ESPÉ on s’inscrit à une université qui
propose un master MEEF et cette inscription déclenche une inscription à l’ ESPÉ...
On peut dire sans faire preuve de trop de pédantisme en sciences économiques
que les ESPÉ correspondent tout à fait à ce qu’on appelle des “agences”, c’est à
dire des lieux virtuels ou réels où on agrège et on coordonne des moyens afin
de produire un service.
“Usine à gaz” est on tenté
de dire... Cela est plus ou moins vrai selon les régions. Il est vrai que la
coordination est plus facile dans les académies où il y a une grosse université,
souvent produit des fusions en cours, et un IUFM et que ces deux structures avaient en plus déjà l’habitude
de travailler ensemble. C’est moins facile lorsque comme à Paris, il y sept
universités qui doivent se mettre d’accord et co-construire et surtout
co-financer la formation. Car en dehors de la complexité de la gouvernance liée
à la multiplicité des décideurs, il faut souligner que le modèle économique du
financement des ESPÉ n’est toujours pas clairement établi aujourd’hui. A l’heure
où on parle de “choc de simplification”, dans le domaine de la formation, on l’attend
toujours...
Si la formation est
structurée autour des parcours universitaires et donc des UFR c’est aussi parce
que le concours est placé en fin de M1 c’est-à-dire au milieu d’un parcours. La
structure aurait été différente s’il avait été placé en L3... La place du
concours “pollue” la formation et conduit cette première année de master à être
essentiellement un “bachotage” en vue du concours. Bien sûr, comme on l’a vu, celui-ci a évolué. Mais pas partout et pas avec la même intensité dans
toutes les disciplines. Certaines résistent et continuent à avoir des concours
et donc des formations fondées essentiellement sur ce qu’on appelle avec des trémolos
dans la voix et l’oeil humide “l’excellence académique”... Dans les concours rénovés,
les épreuves pédagogiques sont un progrès mais elles restent sauf pour de rares
exceptions (l’EPS) des épreuves “hors-sol” où on demande aux candidats de réciter
une vulgate pédagogique qui n’est pas encore maîtrisée et de faire “comme si”. C’est
mieux que rien mais on court le danger que cela n’ait pas d’effet durable sur
les pratiques. Pour que
cette évolution des concours soit réelle, rajoutons (au risque de ne pas me
faire que des amis...) que cela suppose aussi que les jurys des concours aient,
eux mêmes, cette culture pédagogique exigée aux concours et fassent évoluer
leurs propres représentations.
Si l’on met à part la
formation du premier degré qui a une réelle autonomie et cohérence, la
formation pour le second degré reste donc, pour sa part, structurée autour des
concours disciplinaires. Ce qui imprime durablement l’identité professionnelle
des professeurs c’est l’attachement à une discipline. La construction d’une
formation détachée de cette référence à un concours situé avant aurait pu faire
grandement évoluer les choses. Or, ce dont on a besoin pour construire une école plus efficace c’est
d’enseignants qui soient capables d’avoir une vision plus large que celle de
leur seul champ disciplinaire (qu’ils doivent cependant bien maîtriser), des
enseignants qui puissent travailler en équipes, en partenariat, en inter-degrés...
C’est normalement la
fonction de la “culture commune” prévue dans le master MEEF de permettre cela.
Mais celle-ci a bien du mal à se mettre en place et semble bien souvent
retrouver les mêmes défauts que les formations transversales dans les IUFM d’hier.
Il ne suffit pas de réunir dans un amphithéâtre des enseignants de différentes
disciplines pour considérer qu’on construit une culture commune. Cela suppose
des travaux en commun, des échanges qui ne sont pas toujours et partout au
rendez vous.
Il faut aussi souligner que le dispositif de la formation est surtout construit pour ceux qui réussissent. Il y a une vraie difficulté à gérer la situation des “reçus-collés” c'est-à-dire ceux qui auraient eu leur concours mais leur passage en M2 ou encore leur validation de Master et pas la titularisation ou l'inverse. Que leur proposer ? Autre question : comment envisager le dernier “E” de l'ESPÉ et donc toute la dimension de l'Éducation ? Les écoles sont-elles faites uniquement pour les personnels enseignants et les CPE ou peuvent -elles aussi former les intervenants du péri-scolaire ?
Il faut aussi souligner que le dispositif de la formation est surtout construit pour ceux qui réussissent. Il y a une vraie difficulté à gérer la situation des “reçus-collés” c'est-à-dire ceux qui auraient eu leur concours mais leur passage en M2 ou encore leur validation de Master et pas la titularisation ou l'inverse. Que leur proposer ? Autre question : comment envisager le dernier “E” de l'ESPÉ et donc toute la dimension de l'Éducation ? Les écoles sont-elles faites uniquement pour les personnels enseignants et les CPE ou peuvent -elles aussi former les intervenants du péri-scolaire ?
Alors, le verre est-il à
moitié plein ou à moitié vide ? Difficile de le dire et d’avoir une réponse
unique. Selon les académies, les disciplines, les degrés, les réponses sont
différentes. Cela dépend aussi de la capacité des différents acteurs à dépasser
les crispations et les problèmes de périmètres qui se transforment en marquages
de territoires. Le choc des cultures entre les universitaires et les “ex-IUFM”
est en train de se résorber dans beaucoup d’endroits. La construction des
maquettes de master au delà du travail commun nécessaire a souvent été l’occasion
d’apprendre à mieux se connaitre. Mais les handicaps structurels présents dès
la naissance des ESPÉ restent forts et en gênent le développement. On gagnerait
à plus de simplification dans la gouvernance et plus d’autonomie. On gagnerait
aussi à avoir plus de visibilité dans les moyens alloués à la formation.
Enjeux...
La formation qui se dessine
est-elle à la hauteur des enjeux de la refondation ? Peut-elle permettre
de répondre aux difficultés d’une École marquée par les inégalités et qui peine à intégrer tous les élèves
et à les faire réussir ? Peut-on faire évoluer par la formation l’identité
professionnelle et les pratiques ? Quels enseignants voulons nous pour
l’École de demain ?
Le “référentiel métier” de 2013 qui
remplace les “dix compétences” élaborées en 2007 et modifiées en 2010 donne des
éléments de réponse à cette dernière question. L’enseignant de demain doit être
capable de travailler en équipe et en partenariat, de se penser en « spécialiste
du faire-apprendre » plutôt qu’en seul “savant” dans sa discipline ce qui
l’amène à mettre les élèves en situation d’acteurs dans la co-construction de
leurs savoirs, de se placer dans une posture de recherche permanente et de réflexion
éthique. Le socle commun doit l’amener aussi à penser l’apport de sa discipline
à la construction de compétences en partie transversales et dans une continuité
école-collège.
Ces quelques orientations sont-elles permises par la
formation actuelle ? On a vu que la construction d’une « culture
commune » fait partie des fameux “points de vigilance” évoqués dans les
rapports d’étape sur la construction des ESPÉ. On a vu aussi que la formation est pour l’essentiel située dans les
universités et reste par la construction des concours structurée autour des
disciplines savantes et dispensée par des enseignants du supérieur (peu connus
jusque là pour leur appétence pour la pédagogie mais tout peut arriver...) . L’attachement
à la discipline risque de rester longtemps, à tort ou à raison, la motivation principale de l’entrée dans
le métier et imprimer durablement la construction de l’identité
professionnelle. Un des enjeux sera de faire vivre des espaces de travail et de
réflexion collectifs pour faire évoluer ce rapport au métier.
Si l’on veut que le métier
d’enseignant évolue, il faut aussi que les séances de formation évoluent non
seulement dans leur contenu mais aussi dans leur forme. Il ne sert à rien de
faire un cours magistral sur les méthodes actives ! Il ne suffit pas de
parler de pédagogie, il faut la faire vivre pour que les futurs enseignants
puissent en comprendre le sens et voient surtout que cela est faisable et
transposable. Même si les enseignants des ESPÉ sont globalement des personnes
très compétentes, il y a nécessité à interroger collectivement nos pratiques et
à les faire évoluer, ce qui suppose de (re)penser la formation de formateurs et
d’intégrer mieux encore l’apport des enseignants de terrain.
Enfin, comment peut-on concevoir qu'on est formé une fois
pour toutes ? Il faudrait penser la formation initiale comme un continuum sur plusieurs années.
Il y a des éléments de formation qui ne font sens qu'au bout de quelques années
d'enseignement. Il me semble qu'il y a une double obligation pour les
enseignants : celle de se former (qui devrait faire partie intégrante de l'évaluation
des enseignants) et de former les autres. Mais il y a aussi cette obligation
pour les établissements eux-mêmes. A condition que les enseignants et les chefs
d’établissements soient formés pour cet accueil et notamment sur l'analyse de
pratiques. A condition aussi que le rôle des inspecteurs évolue, s’éloigne de
la référence disciplinaire et de la fonction d’évaluation individuelle pour
aller plus vers une fonction de conseil et d’animation. A condition enfin que
la recherche (trop souvent éloignée du terrain) joue aussi ce rôle d’ “ami
critique” et permette de penser sa pratique.
Malgré les
changements fréquents de ministres, il faut rappeler que le temps de l’éducation
est un temps long. Songez
que les personnes qui sont recrutées
aujourd’hui enseigneront jusqu’aux années 2050-2060 environ à des élèves qui,
eux, seront actifs jusqu’au 22e siècle…
Alors, s’il faut
laisser le temps aux ESPÉ de s’installer, il faut aussi entendre les critiques constructives
pour aller vers une formation initiale et continue à la hauteur des enjeux.
Pour une école plus juste et plus efficace…
Philippe Watrelot
Philippe Watrelot
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