Sophie Coignard n’est pas complètement inconnue du grand
public...son nom évoque surtout pour quelques enseignants un livre et des
articles peu objectifs et mal informés sur l’École dans le magazine Le Point.
Avant Carole Barjon et ses “assassins de l’École”, Sophie
Coignard avait commis en 2011 “Le Pacte
immoral - comment les élites sacrifient nos enfants” qui fonctionnait sur
le même registre de dénonciation d’“ennemis” de l’École et qui reposait lui
aussi sur un grand nombre d’approximations et d’affirmations biaisées.
Dans un article publié sur le site du Point le 10 octobre
2016 et intitulé « Najat
Vallaud-Belkacem : la politique du remerciement», elle évoque ma récente
nomination comme président du Conseil National de l’Innovation pour la réussite éducative (Cniré). Dès le chapô, le ton est donné : « Ils ne sont pas nombreux, ceux qui ont soutenu sa réforme du collège.
Il est donc facile de les nommer à des postes au titre ronflant.» Puis on
rentre dans le vif du sujet : «Philippe
Watrelot est inconnu du grand public, et son nom n'évoque pas grand-chose non
plus parmi les professeurs, plus occupés, pour la plupart, à sauver ce qui peut
l'être dans la transmission des savoirs qu'à se repérer dans les débats
théologiques qui sévissent Rue de Grenelle. Il s'agit donc d'un professeur de
sciences économiques de lycée, par ailleurs ancien président du CRAP-Cahiers
pédagogiques. Et là, nous voici au cœur des querelles de chapelles. Les Cahiers
pédagogiques défendent en effet depuis toujours l'interdisciplinarité contre la
transmission des savoirs. Philippe Watrelot lui-même se montre, sur le blog
qu'il tient depuis 2004, un soutien indéfectible à la politique menée par Najat
Vallaud-Belkacem. […] Avec Philippe
Watrelot, ce soutien inconditionnel ne devrait pas se tarir.»
Devise du 1er régiment d'infanterie de marine en eau trouble de Twitter |
“Bien faire et laisser braire” est une de mes devises personnelles que j’applique notamment sur les réseaux sociaux qui ne sont pas connus pour être marqués par la bienveillance. Mon premier réflexe était donc de laisser dire et de continuer mon travail.
Mais à la suite de cet article (et d’un autre du même
tonneau) et des commentaires suscités sur les réseaux sociaux et autres forums, je déroge à ma
règle et je souhaite apporter quelques précisions.
Je ne m’attarderai pas sur l’affirmation selon laquelle les Cahiers Pédagogiques défendraient «depuis toujours l’interdisciplinarité contre la transmission des savoirs». Le bureau de l’association a publié un communiqué et un courrier au rédacteur en chef du Point (voir plus bas).
Le débat sur l’École mérite mieux que ces oppositions binaires et stériles. L’interdisciplinarité ne peut se construire qu’à condition que les savoirs disciplinaires existent et ne vise qu’à donner du sens aux connaissances pas à les “détruire”...
Le “soutien inconditionnel” mérite lui aussi quelques
lignes. Il suffit de lire les prises de position du CRAP-Cahiers Pédagogiques
pour se rendre compte que nous n’avons cessé, au contraire, de mettre en avant
les conditions pour que les réformes nécessaires puissent se faire. Il n’y a rien
d’“inconditionnel” là dedans. Je suis, nous sommes, critiques
et engagés. Mais il est vrai que dans une société française imprégnée par
une pensée binaire où si l’on n’est pas totalement pour c’est que l’on est
contre, cela semble problématique d'avoir une pensée nuancée...
Nous nous sommes toujours exprimé en toute indépendance à
l’égard de l’institution et de toute organisation partisane ou syndicale ou
même de doctrine pédagogique Cette indépendance est la condition même de la légitimité.
Mais lorsqu’une réforme nous semble aller “dans le bon sens”, aussi modeste
soit elle, il est important de jouer le jeu et de l’accompagner. Tout en étant
vigilant et en veillant à se donner tous les moyens pour qu’elle puisse être efficace. Pour
nous, militants pédagogiques, l’ « éthique de conviction » doit se confronter à
l’ « éthique de responsabilité ».
J’en viens à ce qui me concerne. “Remerciement” ou même “prébendes”
comme on a pu le lire sur certains forums... cette expression est insultante Je
suis capable d’accepter beaucoup d’attaques sur les réseaux sociaux ou ailleurs
mais ma limite est celle de la mise en cause de mon honnêteté.
Précisons le une fois pour toutes : j’étais déjà membre
de ce conseil (en tant que représentant des associations) jusqu’en 2015 et mon
départ de la présidence du CRAP. J’en suis nommé président en remplacement de
l’ancien président qui ne peut poursuivre son mandat pour raison de santé. Je
ne suis pas rémunéré et ne bénéficie d’aucune décharge. Et le mandat de ce
conseil créé pour une durée de quatre ans en 2013 n’a pas été prolongé. En
d’autres termes : je suis nommé pour présider bénévolement pour 5 mois
jusqu’à la fin mars 2017 un conseil qui aura pour mission de produire un ultime
rapport dont la postérité (étant donné le contexte) risque d’être limitée. On
peut trouver mieux comme “fromage”
ou même comme “remerciement”... !
Ce terme de “remerciement” est, en fait, pitoyable et donne un aperçu
de la manière dont certaines personnes voient les rapports humains. Il y a
d’autres moteurs à l’existence que la seule perspective d'un "poste” ou le
calcul intéressé. Seuls ceux qui ne savent pas ce qu'est une conviction,
l’engagement et le désintéressement au service d'une cause et n’ont que le
cynisme comme perspective réagissent comme Mme Coignard.
2 commentaires:
Sophie Coignard et Carole Barjon sont le déshonneur du journalisme. Des procédés d'extrême droite et une méconnaissance du sujet traité. Il est donc tout à fait normal que S.Coignard ne connaisse pas P.W dont la nomination est parfaitement légitime au vu de son parcours. "bien faire et laisser braire", belle devise! Jean-François Boulagnon
Excellente réponse de Philippe à Sophie Coignard.
C'est bien d'avoir pris sur ton temps précieux pour remettre cette fille incompétente à sa place.
Anne-Marie Vaillé
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