- Pédagogues prétentieux – Un pas après l’autre – École/entreprise – Ailleurs – Butinages –
Un bloc notes morose. Les propos de F. Fillon sont évidemment à l’honneur avec sa sortie sur les “pédagogues prétentieux” et ses mensonges sur Clovis... Mais la promotion dans un documentaire à la télévision d’une école pilotée par des réactionnaires ultra-libéraux n’as pas de quoi nous réjouir non plus. Tout comme les nouvelles en provenance du monde économique et celles en provenance de différents pays : Maroc, Turquie, USA. Il y a des semaines, comme ça...
Clovis et les pédagogues prétentieux
“"Ces organisations qui bloquent depuis des années les réformes de l'École commettent un crime contre la jeunesse et elles devraient en répondre devant la société française. Ce n'est pas la compétence et le dévouement des enseignants qui est en cause ; c'est la démission de l'État devant les syndicats, c'est la dictature d'une caste de pédagogistes prétentieux, et ce sont des réseaux de pouvoir au sein de l'Éducation nationale qui sont responsables de ce désastre." ”
François Fillon, Lyon, 22 novembre 2016
Ces mots prononcés lors d’un meeting ne sont pas uniquement des propos de tribune. On se souvient que François Fillon avait déjà parlé de “pédagogues prétentieux lors de l’ultime débat du premier tour de la primaire de la droite. Et la phrase citée en exergue se retrouve presque mot pour mot (“pédagogues” au lieu de “pedagogistes”) dans une longue interview que l’ancien premier ministre (et ministre de l’éducation) a donné au mouvement SOS Éducation (il a aussi répondu aux questions de JP Brighelli... ). Je conseille d’ailleurs de faire l’effort de visionner cette vidéo où le candidat y parle des "fondamentaux”, d'un examen d'entrée en 6eme, de l'autonomie des établissements mais aussi de sa volonté de développer le secteur privé et une forte autonomie des établissements, de l'enseignement professionnel confié aux régions et au entreprises, de l'enseignement de l'histoire où il estime qu'il y a un “biais idéologique” et de la nécessité que l'École contribue fortement au sentiment d'identité nationale (conclusion de l'entretien qu’on retrouvera aussi dans le débat télévisé de jeudi). L'interview est traversée aussi à plusieurs reprises par des considérations sur le poids excessif des syndicats et des “réseaux de pouvoir” où l’on peut trouver cette phrase.
Après le score “surprise” de François Fillon au 1er tour, de nombreux articles se sont penchés plus précisément sur ses propositions dans tous les domaines. Pour l’éducation, on peut déjà aller lire directement à la source sur Fillon2017.fr où la partie sur l’éducation est bien détaillée. De nombreux articles se livrent aussi à un comparatif des deux programmes (Juppé/Fillon). C’est le cas du Figaro et de 20minutes.fr, du journal Les Échos ou encore du Monde . D’autres se concentrent sur la présentation du probable vainqueur de la primaire. C’est le cas de François Jarraud dans le Café Pédagogique ou du site d’information VousNousIls qui font une présentation neutre du programme de l’ancien ministre de l’éducation de Jacques Chirac. Mais on trouvera aussi des analyses plus polémiques, comme celle de Bernard Girard sur Médiapart qui parle d’“un coup de massue pour l’école”, de Jean Michel Zakhartchouk sur son blog hébergé par EducPros qui voit une évolution “vers une école plus injuste et plus inefficace”, ou bien encore celles de Claude Lelièvre dans un billet sur Médiapart où il revient sur son action passée en tant que premier ministre et ministre de l’éducation et dans un autre billet sur le site de L’Obs où il estime que F. Fillon renie l’héritage de De Gaulle. Tous mettent en avant le ton très conservateur du discours de l’élu parisien originaire de la Sarthe mais aussi les mesures très libérales et favorables au privé qu’il prône ainsi que la brutalité de ce qui est réservé aux enseignants. On souligne aussi les renoncements qui caractérisent ce programme et surtout à l’ambition du collège unique avec la mise en place d’un tri sélectif précoce reniant l’héritage même de la loi Haby.
Clo(tour de)vis... |
Les "décodeurs" et tous les pratiquants du “fact checking” ont donc eu du boulot avec ce débat (et pas seulement pour l’éducation mais ce n’est pas notre sujet...). On peut citer l’excellente mise au point des décodeurs du journal Le Monde qui reprend les programmes actuels tout comme le “service Désintox de Libération ou une vidéo “Désintox” d’Arte .
On pourrait presque ranger dans cette catégorie la longue réponse de la ministre d’abord publiée sur Facebook puis sur son site personnel. Mais elle va au delà du rétablissement des faits pour se livrer aussi à une réponse très politique. Pour elle, le débat sur les programmes d’histoire est “un écran de fumée pour éluder les vrais enjeux de l’École”. Et elle interpelle le candidat : “S’il n’y a pas d’enseignant dans la classe, il n’y aura pas de Clovis, et il n’y aura pas de récit national transmis à qui que ce soit. Et encore moins aux élèves des établissements dans les quartiers populaires qui, si j’ai bien compris, sont soupçonnés plus que d’autres, de ne rien savoir de la France, ou pire, de ne pas l’aimer. Donc, je crois qu’à ce stade du débat public, les Français sont en droit d’exiger de François Fillon qu’il leur dise d’abord comment il prévoit l’enseignement de l’histoire aux 12 millions d’élèves français avec 500 000 fonctionnaires de moins. ”. Elle fait ensuite référence au travail mené par une équipe autour de Françoise Lantheaume dans l’ouvrage Le récit du commun, “Il y a en France, qui est un grand pays universitaire, des scientifiques qui travaillent sur ces questions et je veux rassurer tout le monde : les petits Français ont une conception très classique du récit national, très chronologique, avec les Rois de France, les dates, les lieux, les grandes guerres… ”. Et elle poursuit : “Alors, l’idéologie, qu’est-ce que c’est ? C’est justement l’histoire officielle voulue et pratiquée par François Fillon lorsqu’il a été en responsabilité. Je laisse cette conception des choses aux dictatures, aux régimes totalitaires et autoritaires. En France, l’histoire appartient aux historiens, et je compte bien défendre cette vision républicaine et démocratique de l’Éducation dans notre pays.”
Sur ce point, on pourra aussi compléter la réflexion par quelques tribunes qui rappellent des principes et poursuivent la réflexion sur ce fameux “récit national” prôné par le candidat. Evoquons brièvement celle de l’Association des Professeurs d’Histoire Géopgraphie pour mettre l’accent surtout sur une tribune de Jean-Christophe Piot (blog “Déja vu”) et une autre de Sébastien Ledoux dans Libération qui s’interroge “De quoi le récit national de François Fillon est-il le nom ?”. Il faut signaler aussi la remarquable mise en perspective historique de cette notion très politique de “roman national” par Nadia Chaar sur Slate.fr pour NonFiction.
Au delà des polémiques, des tribunes indignées et des mises au point nécessaires, il y a une question, me semble t-il, qu’il convient de se poser. S’agit-il, dans le cas de l’ancien ministre de l’éducation, bardé de conseillers qui connaissent le système, d’une méconnaissance qui le conduit à ces affirmations ? Ou alors d’un mensonge délibéré ? La réponse est contenue dans la question. François Fillon, pour les séduire, donne, à toute une frange de la société la plus conservatrice, le discours qu’ils veulent entendre sur l’École. Cela a un nom, ça s’appelle de la démagogie et du populisme...
Un pas après l’autre
“Un pas après l’autre” c’est le nom d’un documentaire diffusé mardi 22 novembre 2011 à 23h15 sur France2 dans le cadre de l’émission InfraRouge . Ce film a fait l’objet d’une forte couverture médiatique et a été beaucoup diffusée sur les réseaux sociaux. On en trouve des critiques relativement élogieuses sur Le Parisien ou sur Le Figaro . Même si dans ce dernier, comme dans Télérama on fait part aussi d’un certain malaise.
Que montre ce documentaire ? Il présente le "cours Alexandre Dumas" un établissement hors contrat de Montfermeil, la première école privée financée par la Fondation Espérance banlieues. Les élèves sont pour l’essentiel d’origine étrangère, portent un uniforme. Le vouvoiement est systématique. Le directeur Albéric du Serrant est charismatique, venu de l’enseignement catholique, suit ses élèves de près et insiste beaucoup sur la nécessité d’apprendre à devenir de “bons français”. L’école ne demande aux parents qu’une contribution de 70 euros par mois. Et les résultats semblent être au rendez vous.
Mais on peut s’interroger sur le réel financement de l’école, via une fondation d’entreprises. Et surtout on peut s’inquiéter des valeurs très conservatrices et même réactionnaires transmises par ce réseau d’école qui ont peut-être échappé aux téléspectateurs lors d’une vision trop rapide. A moins qu’elles ne les séduisent et c’est encore plus inquiétant.
Car cette école, comme l'avait montré Grégory Chambat dans son livre , ou encore Eddy Khaldi et Muriel Fitoussi dans le leur, c'est la vitrine d’un réseau traditionaliste et ultra-libéral, celui de la Fondation pour l’École. C’est le cas aussi du cours Saint-Exupéry à Asnières visité par Bruno Le Maire en Octobre dernier et qui est aussi sponsorisé par Espérance Banlieue et la Fondation pour l’École.
Un réseau qui entend en finir avec le service public d’éducation au nom de la foi et/ou du libéralisme le plus radical... On se retrouve ici dans une nébuleuse qui, en fait, lutte ouvertement contre le service public d’éducation. Notons que SOS éducation est membre du conseil d'administration de la Fondation pour l'école qui abrite Espérance Banlieue. Et n’oublions pas que dans son interview à SOS Éducation , François Fillon promet (de 2:47 à 4:39) “une plus grande liberté dans la création d’établissements qui ne soient pas de l’Éducation Nationale ” mais avec le soutien du Ministère...
Un pas après l’autre, pendant que les gardiens de la radicalité nous assènent des leçons de pureté idéologique et se complaisent dans une posture protestataire à l’égard de chaque réforme, l’école de Grand Papa avance...
École-Entreprise
A l’occasion de la semaine école-entreprise, la ministre de l’Education nationale donne une interview au journal Les Echos. Elle y évoque l' “absolue nécessité de renforcer le lien entreprise-école”, les stages en entreprise, les EPI et les programmes de SES...
Selon la ministre il faut “donner aux élèves la vision la plus lucide des innombrables opportunités qu’offre le monde de l’entreprise ” et elle annonce qu’elle va signer de nouvelles conventions avec des entreprises.
En ce qui concerne les programmes de sciences économiques et sociales, et la réaction sur-jouée de quelques lobbyistes (démission de quelques personnalités du Conseil National Éducation Économie) à l’annonce de l’allègement du programme de SES de 2nde où le chapitre sur le marché avait perdu son caractère obligatoire, la ministre répond : “Nous aurions en effet dû associer dès le début le CNEE à cet aménagement du programme de l'enseignement d'exploration de SES de seconde, je le reconnais volontiers. […] J'ai saisi le CNEE et le conseil supérieur des programmes pour que nous puissions retravailler le sujet le plus posément possible. […] Il faut réfléchir aux compétences et aux connaissances que doit maîtriser un élève ayant suivi un enseignement de SES (sciences économiques et sociales, NDLR) au lycée. C'est le travail qui est attendu du CNEE et du conseil supérieur des programmes. Un groupe de travail est en train d'être mis en place par les deux conseils pour reprendre cette question, et tenir compte des arguments des professeurs pour un programme de SES qui tienne la route. ”
On sent que la ministre veut jouer l’apaisement et la conciliation dans une période marquée par une certaine urgence et où la marge de manœuvre est étroite face à ceux qui cherchent la mort des Sciences économique ET sociales (on sent bien que c’est surtout le “et” qui gêne)... Et on est bien obligé de constater que l’enseignement des SES partage le triste privilège avec celui de l’Histoire-Géographie d’être un sujet de polémiques récurrentes dans les médias et dans l’opinion. Et l’élaboration de leurs programmes a tendance à échapper, de fait, à la règle commune qui prévaut pour les autres programmes…Imagine t-on qu’on constitue une commission mixte avec le comité olympique pour travailler sur les programmes d’EPS ?
Pendant ce temps là que fait le MEDEF ? il fait des propositions pour l’École. Priorité au primaire, autonomie des établissements, renforcement du rôle des entreprises dans les filières d'apprentissage: le Medef a exposé jeudi, en vue de la présidentielle, rapporte Le Figaro ses propositions pour une "refonte réelle du système éducatif" afin que "100% des élèves soient citoyens et employables". Selon l’organisation patronale, "Le système éducatif français ne répond plus aux enjeux de l'avenir. Il est profondément inégalitaire, et comme on demande souvent à l'entreprise de pallier ses déficits, nous nous sentons légitimes à entrer dans le débat". C’est ce qu’a déclaré Florence Poivey, présidente de la commission éducation, formation et insertion au Medef, lors d'une rencontre avec la presse.
Ailleurs
Maroc, Turquie, USA... Trois pays au menu de cette rubrique.
“Au Maroc, la disparition des écoles publiques accélère la marchandisation de l’éducation ” c’est le titre d’un article intéressant et édifiant du journal Le Monde . On y apprend que plus de 200 écoles publiques ont fermé leurs portes depuis 2008 au Maroc, dont 135 établissements primaires, principalement dans les grandes villes, à Casablanca et à Rabat. Des centaines d’enfants ont été envoyés dans d’autres établissements où les classes peuvent atteindre jusqu’à 70 élèves.
Et cette politique délibérée conduit au développement des écoles privées qui, elles, fleurissent un peu partout dans les grandes villes, profitant de la mauvaise image du système public pour créer un marché compétitif. Au niveau primaire, la scolarisation privée est passée de 4 % en 1999 à 15 % en 2015, selon les chiffres du ministère. « Dans les grandes villes, 70 % à 80 % des élèves sont scolarisés dans le privé», affirme Sylvain Aubry, du centre de recherche Global Initiative for Economic, Social and Cultural Rights, auteur d’une étude sur l’éducation au Maroc. Perçues comme une alternative à un secteur public en faillite, ces écoles attirent de plus en plus de familles défavorisées qui fuient les établissements publics dans l’espoir d’offrir un avenir meilleur à leurs enfants.
En Turquie, le président met au pas le système d’enseignementpeut-on lire dans La Croix : “Une mise au pas totale du système éducatif turc : c’est le sentiment d’une partie du corps enseignant à la suite des mesures imposées depuis le putsch raté du 15 juillet dernier. […] Mais la mise au pas du système éducatif ne touche pas uniquement le milieu universitaire. Une réforme contestée concerne également les 155 meilleurs lycées publics du pays, désormais administrés dans le cadre du système « d’écoles-projets ». Cette réforme, qui impose aux lycées prestigieux un encadrement administratif particulier, a profondément modifié le corps enseignant et les programmes éducatifs de ces établissements considérés comme le berceau de l’élite laïque de la Turquie. […] Fortement soutenues par le pouvoir de l’AKP, les écoles religieuses sont également en pleine croissance. […] Résultat : dans certains villages et quartiers, le seul choix qui s’offre désormais aux parents est d’envoyer leurs enfants dans une école religieuse ”.
On apprend cependant par Le Monde que 6.000 enseignants turcs ont été rétablis dans leurs fonctions. Mais les enquêtes ouvertes sur ces enseignants, suspendus car “soupçonnés d’avoir des liens avec des organisations terroristes” “sont toujours en cours” a précisé le ministère.
Après avoir hésité entre un créationniste et un créationniste…, Donald Trump a finalement nommé Betsy DeVos , une richissime philanthrope de 58 ans conservatrice et farouche partisane du droit à choisir entre école publique, privée ou enseignement à la maison, pour diriger le ministère de l'Education. Elle est mariée à Dick DeVos, l'un des héritiers de Richard DeVos, la 88ème fortune américaine au classement Forbes de 2016 avec 5,4 milliards de dollars.
Donald "Trump a choisi la candidate la plus idéologue et hostile à l'école publique depuis la création du ministère de l'Education", a déclaré sur Twitter, Randi Weingarten, la présidente du syndicat American Federation of Teachers. Lily Eskelsen Garcia, qui dirige un autre grand syndicat d'enseignants, la National Education Association, a elle estimé dans un communiqué que l'approche de la future ministre ne "faisait rien pour aider nos étudiants les plus vulnérables tout en ignorant ou exacerbant les fossés flagrants qui existent dans les opportunités" offertes aux jeunes.
A la lecture de toutes ces information venues d’ailleurs (mais aussi de notre propre pays…), je me permets une réflexion. Ce qui m'a frappé lorsque je suis allé dans des congrès internationaux c'est à quel point ce que nous croyons être la règle, c'est-à-dire un service public d'éducation fort et centralisé (“à la française”), est une exception. Et j'en ai retiré une autre conviction. Ce que nous croyons immuable pourrait bien disparaitre ou se transformer très vite. Bien plus vite qu'on ne le pense...
Butinages
Dans les butinages de la semaine, c’est incontestablement cette information qui a fait l’objet du plus de transfert et de retweets.
On a appris en début de semaine que le député Jacques Bompard (soutien de François Fillon) avait déposé récemment un amendement à un projet de loi où il propose de demander pardon aux rois de France “pour le saccage de leurs sépultures lors de la profanation des tombes de l’abbaye de Saint-Denis en 1793 et 1794.”
Cet habitué des amendements plutôt improbables a expliqué que “ce rappel historique est crucial pour prévenir les excès terroristes qui marquèrent les années révolutionnaires".
Le refus de la repentance est à sens unique...
Après toutes ces informations un peu moroses, finissons avec quelques conseils de lectures, stimulantes ou réconfortantes.
Dispose-t-on enfin d’une méthodologie infaillible pour identifier les pratiques éducatives qui marchent le mieux ? C’est la question que l’on peut se poser devant le succès planétaire de l’ouvrage de John Hattie, «Visible Learning», initialement publié en 2008. Pour certains commentateurs, le chercheur néo-zélandais a même trouvé rien moins que le « Saint Graal » de la recherche en éducation ! Comment ? En proposant une démarche de mesure systématique des effets des actions pédagogiques sur la réussite scolaire qui permet de déterminer quelles sont les bonnes pratiques en éducation. On en trouvera une très bonne présentation par Olivier Rey dans The Conversation
Charles Hadji toujours dans The Conversation , propose sa lecture du dernier rapport du Cnesco. Selon lui “il présente deux visages. Le premier est celui d’un rapport opportun, éclairant, et utile, qui apporte des données précieuses sur la question, assez explosive, des inégalités scolaires. […] mais ce rapport nous paraît ambigu. Il peut se lire, en effet, comme une véritable enquête policière, qui tente de répondre à la question : à qui la faute ? Les auteurs veulent « pointer du doigt » les « responsabilités en jeu ».C’est à se demander si le Lucky Luke qui conduit l’enquête n’a pas tendance à tirer plus vite que son ombre.”
Dans les lectures réconfortantes et presque “de combat”, je voudrais terminer par deux conseils de lecture.
D’abord la réponse de Philippe Meirieu à François Fillon sur le site du Café Pédagogique où il propose de “modestes remarques sur le rôle des pédagogues prétentieux”.
Et puis l’interview de Pierre Merle sur AlterEcoPlus à propos des discours passéistes sur l’école offre une mine d’arguments. Il est à lire dans son entier. On isolera, pour conclure, cet extrait : “Les commentaires d’intellectuels auto-proclamés comme Alain Finkielkraut sont des discours hors sol, qui révèlent que ces personnes n’ont aucune connaissance de ce qui se fait sur le terrain et du vécu des enseignants. Ce discours nostalgique d’un modèle très classique de l’école, relayé souvent par le Figaro, est aussi repris par certains enseignants et parents déboussolés. On a même pu entendre des hommes politiques comme Jean-François Copé proposer d’établir un examen à la fin du CP ! Une proposition qui n’a guère de sens quand on sait que le redoublement ne favorise pas du tout les apprentissages à ce niveau d’études. Ces fausses solutions consistent à écarter de fait du système les élèves les plus en difficulté. Elles déboucheraient sur une croissance du nombre des non-diplômés, qui sont déjà trop nombreux, et entraîneraient des difficultés encore plus grandes pour que ces jeunes trouvent un emploi. ” Et le sociologue et spécialiste de l’École appelle à “ discuter d’une façon argumentée et honnête.”. Il y a du boulot !
Bonne Lecture...
Philippe Watrelot
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