Les auditions de la commission Mathiot concernant la réforme
du bac sont quasi-terminées et le rapport devrait être rendu public, nous
dit-on, à la fin du mois de janvier ou au début du mois de février.
Il sera temps alors de réagir à ses propositions et plus
encore de voir ce que le Ministre en fera.
Mais, dans l'attente, la lecture des informations émanant de ces
dernières auditions me fait, pour l'instant, m'interroger : “tout ça pour ça ?”.
Faisons le point sur les derniers éléments dont nous disposons :
- un “bouquet de “majeures” ressemblant furieusement aux
anciennes séries. En fait de suppression annoncée des filières, on se
retrouverait avec 9 filières reconstituées, ce qui se rapproche fortement du
bac que certains ont connu dans les années 70-80-90 (A, B, C, D, D', E, F).
- Tout cela adossé à des classes regroupant les élèves
suivant la même majeure, ou des majeures proches sans doute. On va continuer à
avoir des classes de littéraires, de scientifiques et de sciences humaines...
Et la hiérarchie des filières a encore de beaux jours devant elle...
- Compensation des disciplines avec un choix sur les
coefficients alors que la logique du socle et des compétences va à l’encontre
de la compensation entre les disciplines.
- Du flou sur les sections technologiques avec des voies qui
restent bien séparées, même si l'architecture globale serait proche pour le bac
général et le bac techno
- quatre épreuves terminales l'année de la Terminale, mais
des épreuves intermédiaires qui ressemblent beaucoup aux épreuves anticipées de
1ère (en un peu moins lourd, certes) et ce dans toutes les disciplines
- On aurait, en effet, un abandon du Contrôle en cours de
formation (CCF) jugé trop dangereux pour une succession d’épreuves qui vont
faire de l’année de Terminale une sorte de marathon.
- avec le nouveau « grand oral », il n’y aurait
potentiellement plus de travail de groupe et d'interdisciplinarité, qui était
pourtant un des aspects positifs des TPE. La possible évolution pédagogique
résultant du changement des épreuves terminales risque de s’éloigner.
- On a aussi un grand flou quant au lien avec le supérieur.
Et beaucoup d'ambiguïtés sur le positionnement du bac comme diplôme de fin de
scolarité au lycée ou comme instrument de sélection et de tri pour l’entrée à
l’université. Car cette réforme est indissociable de celle de l’entrée dans
l’enseignement supérieur qui reste marquée qu’on le veuille ou non par une
gestion de la pénurie.
Le vieux lycée résiste !
Au final, (et dans l'attente du rapport final et d'éventuelles
surprises) on se retrouve face à une double contradiction.
Prévue pour “simplifier” et “muscler” le bac, la réforme
telle qu'on la voit aujourd'hui se dessiner) ressemble de plus en plus à un
truc très complexe et avec du “gras” partout…
Dans une telle logique on se demande alors pourquoi
réformer ?
Il est vrai que la commission Mathiot doit répondre à une
commande complexe : il y a à la fois une logique de communication politique
de réponse à une promesse électorale et plus ou moins implicitement une
recherche d’économies.
Et cette réforme se heurte à la force d’inertie du système
et aux inquiétudes des enseignants du secondaire quant à leurs conditions de
travail et pour lesquels l’identité professionnelle est fortement attachée aux
disciplines. Le ministre devra tenir compte des inquiétudes et déjouer les
tensions plutôt que d’aller vers l’affrontement.
Va t-on vers une simplification ? Va t-on vers plus
d’efficacité ? Avec quels moyens
humains ? Quelle formation ? Cette réforme permet-elle de
lutter contre les inégalités sociales ? Voilà les vraies questions auxquelles
on espère que le rapport donnera des réponses.
PhW
Chronique éducation de Philippe Watrelot est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International.
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