lundi, mars 31, 2014
Revue de presse du lundi 31 mars 2014
- Cumul des mandales - JRE - Moral(es) - .
La revue de presse du jour revient sur le remaniement et se demande si la réaffirmation de la priorité à l’éducation contenue dans le discours du président sera confirmée dans les faits. Quel avenir pour la refondation et pour le ministre qui fut porteur de ce projet ? Ce lundi 31 mars était aussi annoncée comme une nouvelle “journée de retrait de l’École” par les obsédés du genre. Ceux ci se livrent à une campagne de calomnie et de propagation de rumeurs indigne. On a bien besoin de morale. C’est le dernier sujet abordé dans cette chronique. Il faut de la morale… mais aussi garder le moral !
Cumul des mandales…
Le deuxième tour des élection municipales a confirmé le premier. Ça a été le cumul des mandales…
Comme on ne pouvait pas annoncer cela mardi (c’est le 1er avril…), il fallait que les annonces se fassent dès ce lundi.
Ce sera donc Manuel Valls qui remplacera Jean-Marc Ayrault comme Premier Ministre. C’est évidemment la principale annonce qui doit être retenue de l’allocution de François Hollande ce lundi soir à 20h. Du texte du discours, outre les considérations économiques (sur lesquelles, il y aurait beaucoup à dire mais ce n’est pas le sujet de cette revue de presse), il faut retenir la réaffirmation de la priorité donnée à l’éducation : “Au Pacte de responsabilité, doit correspondre un pacte de solidarité dont le premier pilier est l’éducation, et la formation de la jeunesse ; le second, c’est la sécurité sociale avec la priorité donnée à la Santé ; et le troisième, c’est le pouvoir d’achat avec une réduction des impôts des Français et une baisse des cotisations payées par les salariés. ”.
Reste à savoir si, dans la configuration qui va conduire à trouver 50 milliards d’économies budgétaires, cette priorité va continuer à se traduire en postes. On peut craindre, en effet, une remise en cause de la promesse des 60 000 postes. C’est une des hypothèses qui conditionnent le maintien de Vincent Peillon au ministère de l’Éducation. Si la promesse est abandonnée, on peut penser que cela sera une justification de plus à son départ. C’est en tout cas le message subliminal que relevait Pascal Bouchard dans Touteduc dès jeudi dernier lorsque Vincent Peillon déclarait dans le cadre d’une conférence internationale : “Si on coupe dans les budgets 'éducation', les conséquences seront terribles ! ”. L’autre considération tient à la réforme des rythmes scolaires. Dans le contexte nouveau créé par les élections municipales et dans la mesure où c’est un des points de fixation, on peut craindre que dans un souci d’apaisement, on atténue et on dénature la réforme. D’autant plus que ce sont les municipalités qui organisent les activités périscolaires qui sont supposer accompagner cette réforme… Le maintien de Vincent Peillon serait alors une gêne et son refus d’aller dans ce sens serait alors justifié. On trouve certaines de ces hypothèses formulées dans un article de Marie-Caroline Missir dans L’Express où la spécialiste de l’éducation essaye de faire des spéculations sur l’avenir…
Le Président de la République a aussi annoncé, dans son bref discours, la formation d’un gouvernement avec “une équipe resserrée, cohérente et soudée”.L’historien Claude Lelièvre plaidait déjà, sur son blog, pour cette solution au début du mois de mars. Un “gouvernement resseré” passerait par un grand pôle regroupant sous la même autorité l’éducation nationale, l’enseignement supérieur et la recherche, la jeunesse et sports. Et peut être même la Culture. Rappelons que c’était le cas du grand ministre que fut Jean Zay. Son action réformatrice à la tête de l’Éducation Nationale ne l’a pas empêché aussi de créer le festival de Cannes… Mais surtout créer un grand ministère incluant la jeunesse et sports qui a la tutelle des associations complémentaires de l’École, pourrait permettre de mieux coordonner les actions autour du temps scolaire et péri-scolaire. Et faire ainsi en sorte que la réforme soit un peu moins “scolaro-centrée”. Enfin, on pourrait souhaiter que le rassemblement avec l’enseignement supérieur permette au futur ministre de reprendre la main sur la formation des enseignants qui lui avait échappé et a été accaparée par les universitaires. On ose à peine espérer que cela aboutisse à un “choc de simplification” tant les structures qui se mettent en place semblent complexes et porteuses de blocages et d’effets pervers. Il n’est pas trop tard… !
Quoi qu’il en soit nous serons fixés assez vite puisque la composition du gouvernement ne saurait tarder. Il ne devrait pas y avoir trop de Valls-hésitations…
JRE
C’est Luc Cédelle qui alertait sur son blog dès dimanche. La « Journée de retrait de l’école » (JRE), organisée au niveau national par Farida Belghoul pour lutter contre « l’abomination » que constitue selon elle et ses partisans la soi-disant « théorie du genre », avait lieu ce lundi 31 mars. Depuis le premier appel, le mouvement s’est radicalisé et utilise des procédés immondes. Ainsi, Une vidéo récemment mise en ligne en témoigne. C’est une mise en accusation publique d’attentat à la pudeur à l’encontre d’une enseignante d’une école maternelle de Joué-les-Tours, par une militante locale des JRE se présentant à visage découvert. Un journal local , ainsi qu’un site spécialisé dans les rumeurs reviennent aussi sur cette information. Et ils montrent, à partir des informations en leur possession, que la manipulation et l’intox sont à l’œuvre et que la rumeur semble infondée. Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose…
Louise Tourret sur Slate.fr revient, elle aussi, sur cette affaire. Elle nous apprend que d’après La Nouvelle République, des plaintes sont en cours, contre l’école du côté de l’association et pour dénonciation calomnieuse du côté des services administratifs de l’Education nationale (Dasen). Le maire de la commune, Philippe Le Breton, accuse quant à lui JRE de manipulation et de diffamation, tandis que le syndicat Sud évoque l’idée inquiétante de lynchage public d’enseignant. Elle pose aussi le problème central : “Une seule et bonne question se pose maintenant à l’école, en tant qu’institution mais aussi sur le terrain, établissement par établissement. Comment parler aux parents? Comment montrer que le dialogue est possible quand un problème (et généralement ce sont des problèmes de bagarres, de devoirs, de punition) se pose? La bonne réponse se situera dans la capacité aux acteurs de l’école de montrer que la porte est ouverte aux parents lorsque ceux-ci s’interrogent ou s’inquiètent. Et de ce côté-là il y a encore du boulot. ”
C’est ce que nous écrivions également dans le Bloc-Notes du 2 février dernier : “Face à cette situation sans précédent, un seul mot d’ordre s’impose pour les pédagogues : Contre la défiance, s’il faut de la vigilance il faut surtout (re)construire la confiance ”
Moral(es)
La presse est toute entière consacrée au résultat des élections et au remaniement. Malgré tout, on trouve quelques informations qui méritent notre attention. Et notamment sur l’enseignement de la morale.
Libération et Le Figaro nous informent que vient de se créer une Fédération nationale de l'enseignement musulman (Fnem), en partenariat avec l'Union des organisations islamiques de France (UOIF). Une première dans le paysage de l'enseignement privé français, où manquait jusqu'alors un représentant des établissements musulmans, aux côtés du Secrétariat général à l'enseignement catholique (9000 établissements sous contrat avec l'État, soit 2 millions d'élèves), du Fonds social juif unifié (286 établissements juifs, soit 32.000 élèves), des protestants et des laïques. Outre l'établissement Averroès à Lille, cette fédération compte trois autres membres fondateurs, le collège Ibn-Khaldoun, ouvert en 2009 dans les quartiers nord de Marseille, le collège Éducation & Savoir, créé en 2008 à Vitry-sur-Seine, et l'École La Plume, à Grenoble. Parmi ses objectifs premiers, la fédération réfléchit à l'élaboration d'un cours d'éthique musulmane commun aux membres de cette fédération.
Dans La Croix on apprend que le Comité national de l’enseignement catholique a voté vendredi 28 mars à l’unanimité un texte portant sur la « formation morale ». Il s’agit d’anticiper l’entrée en vigueur, en 2015, de l’enseignement moral et civique prévu par la loi de refondation de l’école.
La morale semble donc intéresser beaucoup de monde. On peut souhaiter que ce souci de la morale soit encore plus présent en politique. Mais, plus encore, il faut aussi en ce moment garder LE moral….
Bonne Lecture...
Philippe Watrelot
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1 commentaire:
"Mais surtout créer un grand ministère incluant la jeunesse et sports [...] pourrait permettre de mieux coordonner les actions autour du temps scolaire et péri-scolaire. Et faire ainsi en sorte que la réforme soit un peu moins “scolaro-centrée”."
Ce qui m'étonne, c'est que vous êtes (sauf erreur de ma part) un défenseur de la décentralisation, des dynamiques locales, etc, contre le centralisme ministériel - mais que vous appelez de vos voeux une absorption des initiatives associatives dans l'école. Cela me paraît assez contradictoire. Il serait beaucoup plus sain au contraire de laisser l'école remplir sa mission centrale d'enseignement, et de laisser les autres acteurs mener leur travail complémentaire d'éducation en toute indépendance, ils n'ont pas besoin d'être rattaché à l'école pour cela.
"Enfin, on pourrait souhaiter que le rassemblement avec l’enseignement supérieur permette au futur ministre de reprendre la main sur la formation des enseignants qui lui avait échappé et a été accaparée par les universitaires. "
Même remarque : que vous appeliez de vos voeux une centralisation aux dépens des initiatives locales et engagées des universitaires va totalement à l'encontre du discours de libéralisation qu'on vous entend soutenir à d'autres moments (toujours sauf erreur de ma part).
Otez-moi d'un doute : vous ne souhaiteriez tout de même pas la décentralisation uniquement quand vous êtes assuré que les structures locales feront les mêmes choix que ceux que vous soutenez, tout de même ?
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