Ce jeudi 8 juillet, la commission d'enquête « sur
le fonctionnement du service public de l'éducation, sur la perte de repères
républicains que révèle la vie dans les établissements scolaires et sur les
difficultés rencontrées par les enseignants dans l'exercice de leur profession »
vient de rendre son rapport. Celui ci est rédigé par le rapporteur Jacques
Grosperrin et on
peut le lire en ligne sur le site du Sénat sous le titre “Faire revenir la
République à l’ École”. J’avais été auditionné par cette commission
d’enquête le jeudi 9 avril 2015 et j’en avais rendu compte sur
mon blog. Mon intervention (le propos
liminaire d’une part et les réponses
aux questions des sénateurs d’autre part) sont toujours visibles sur le
site du Sénat.
Dans mon premier billet de blog qui rendait compte de cette
audition, j’avais dit ma surprise lorsqu’un sénateur assis confortablement dans
son fauteuil de velours rouge m’avait dit que j’étais dans un “déni de la
réalité” alors que j’enseigne depuis 33 ans et pour l’essentiel dans des lycées
de banlieue... J’ai failli me lever et partir à ce moment là et je me dis, avec
le recul, que j’aurais du le faire en demandant au Sénateur Grosperrin qui
formulait cette incongruité, pourquoi alors, m’avoir invité à venir et
m’exprimer, si c’était pour disqualifier alors ma parole ?
Cette commission d’enquête était une mascarade. Et le mot
est faible. Il m’en vient de plus grossiers. Le rapport rédigé par le sénateur
Grosperrin relève de la malhonnêteté intellectuelle. D’abord parce que la majeure partie des personnes invitées
allait dans le sens où il voulait déjà aller. Et qu’ensuite les conclusions
qu’il en tire semblaient déjà écrites avant même ces auditions...
J’étais évidemment méfiant en me rendant à cette convocation.
Mais je suis respectueux des institutions de la République et je suis aussi
toujours convaincu qu’il faut porter la parole du mouvement que je représente y
compris en “milieu hostile”. Car, il ne faut pas être dupe, cette commission
d’enquête au titre à rallonge et finalement très explicite était une initiative
de l’UMP/ les “Républicains” (les guillemets sont volontaires). La sénatrice
Marie-Christine Blandin (Groupe Écologiste), membre de cette commission, le
rappelle très clairement dans un communiqué publié sur son blog. Elle explique
aussi pourquoi elle a voté contre ce rapport.
Au delà des “valeurs de la République” dont J. Grosperrin
considère qu’il faut les inculquer voire les asséner comme un catéchisme à des
jeunes a priori suspects, le rapport se transforme vite en une sorte de
manifeste pour une école conservatrice et fondée sur les conceptions les plus
rétrogrades des apprentissages.
Peut-être l’auteur de ce rapport cherche t-il avec un tel
propos à se positionner pour un futur poste de Ministre de l’Éducation dans un
nouveau quinquennat sarkozyste qu’il appelle de ses vœux ? On ne sait si
cela relève de la conviction ou de l’opportunisme. Car on a connu en effet
Jacques Grosperrin plus nuancé et subtil lors de précédents travaux sur l’éducation
(notamment lorsqu’il était député et qu’il travaillait sur la formation des
enseignants ou le socle commun).
Quoi qu’il en soit, on ne peut qu’être attristé et même
scandalisé par le temps et l’argent dépensé par cette honorable institution
pour écrire de telles inepties. Il y a de quoi en perdre ses “repères
républicains”...!
Liens complémentaires.
Pour compléter ce billet d'humeur, vous pouvez lire aussi une analyse plus approfondie de ce rapport sur le site Aggiornamento
Toujours sur Aggiornamento, il faut lire le billet de Laurence de Cock qui a été aussi auditionnée : «
“La vérité, toute la vérité, rien que la vérité” : j’ai prêté serment devant le Sénat»
Curieusement, l'audition de Philippe Meirieu n'a pas été enregistrée sur le site du Sénat. Vous pouvez lire le texte sur le site personnel de Philippe Meirieu.
Philippe Watrelot
le 8 juillet 2015
Liens complémentaires.
Pour compléter ce billet d'humeur, vous pouvez lire aussi une analyse plus approfondie de ce rapport sur le site Aggiornamento
Toujours sur Aggiornamento, il faut lire le billet de Laurence de Cock qui a été aussi auditionnée : «
“La vérité, toute la vérité, rien que la vérité” : j’ai prêté serment devant le Sénat»
Curieusement, l'audition de Philippe Meirieu n'a pas été enregistrée sur le site du Sénat. Vous pouvez lire le texte sur le site personnel de Philippe Meirieu.
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