Le 26 aout 2014, il y avait pas mal de circonspection et
même un peu d’inquiétude. C’est ce jour là qu’était annoncée la composition du
gouvernement avec Najat Vallaud Belkacem comme nouvelle ministre de
l’éducation. Najat Vallaud-Belkacem était la 32ème ministre à ce
poste de la Vème République, et la première femme. Elle succédait à Benoit
Hamon qui n’avait tenu que 147 jours à ce poste. Et avant lui, Vincent Peillon
était parti, mi-contraint, mi volontairement, en payant la facture de la
réforme des rythmes.
L’inquiétude était donc de savoir si on allait avoir une volonté
politique ou si on allait voir se poursuivre les renoncements. Et la
circonspection était liée à la venue d’une personnalité, certes sympathique,
mais qui ne connaissait rien à l’éducation nationale.
Or, c’est compliqué l’Éducation Nationale. C’est une grosse
machine avec pas mal de pesanteurs et de susceptibilités. C’est aussi un corps
enseignant hétérogène. Avec un fort sentiment de déclassement qui contribue à
une méfiance à l’égard des réformes et de l’institution. Car c'est aussi une gouvernance qui reste très injonctive avec un poids de la technostructure et une verticalité à revoir. Et ce sont surtout des décisions qu’on
prend et qui n’ont un effet que dix ans après.
La tâche était donc complexe. Or, on a vu une volonté
politique qui s’est attachée non seulement à poursuivre la refondation mais à
lui donner plus de sens. Les réformes ce n’est pas pour embêter les gens mais
pour lutter contre les inégalités sociales et l’échec scolaire!
Pourtant l’action politique au cours du quinquennat n’a
cessé de se heurter à la contrainte du temps. L’élaboration des programmes a
pris du retard. Et la conjonction des nouveaux programmes avec la réforme du
collège mise en place en une seule et dernière année a donné un sentiment de
précipitation néfaste. Mais l’erreur majeure a été la décision par le premier
ministre de publier le décret sur le collège le lendemain d’une grève
importante, au détriment du dialogue social (encore possible).
La revalorisation des enseignants du premier degré est, elle
aussi, venue bien tardivement. Et l’action dans le domaine de l’éducation a
pâti aussi d’un ressentiment plus général d’une bonne partie du corps
enseignant à l’égard de la politique menée par le gouvernement.
Dans un tel contexte, la Ministre, a pourtant su garder le
cap. Elle a poursuivi son travail avec courage alors que les attaques étaient très
vives à la fois sur son action mais aussi sur sa personne. Elle a du affronter
de nombreuses polémiques fabriquées de toutes pièces et d’une très grande
mauvaise foi.
© Philippe Devernay / MENESR. |
Mais je voudrais plutôt, à l’issue de ce mandat, tirer un bilan
positif de la politique menée depuis 2012. Najat Vallaud Belkacem n’a pas été seulement un
symbole de la méritocratie et une grande "communicante", elle a aussi été une
femme politique subtile qui a vite compris les enjeux du changement dans l’École et a
fait preuve de détermination et de convictions dans la mise en œuvre d’une politique au service
de la réussite de tous.
On ne peut maintenant qu'espérer que cette politique ne soit pas remise en cause par les alternances et qu'on puisse avoir une durabilité des changements.
L'École a besoin de la continuité de cette dynamique.
L'École a besoin de la continuité de cette dynamique.
Philippe Watrelot
Ce(tte) œuvre est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 3.0 France.
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