La France a choisi la République plutôt que le danger autoritaire, l’ouverture plutôt que le repli sur soi, la tolérance plutôt que la haine, le dialogue plutôt que l’invective. On doit s’en réjouir et souhaiter à Emmanuel Macron et à la société française de parvenir à enrayer les facteurs économiques et sociaux qui conduisent à l’exclusion, le creusement des inégalités et la fracture sociale et qui alimentent le vote extrémiste.
Le nouveau président a semblé prendre la mesure de cet enjeu
dans son discours de ce dimanche soir. Mais les chantiers sont immenses.
De cette dynamique nouvelle, on peut placer de l’espoir dans
la volonté de dépasser les clivages et les postures et de construire de
nouveaux projets communs. Même si on sait bien que les choix à faire nous
renvoient à des valeurs et des arbitrages qui doivent être clairs et sans
ambigüité.
Dans le domaine
de l’éducation, les défis sont
importants.
Mais il importe tout d’abord à la nouvelle équipe de ne pas
oublier ce qui a commencé à être déjà entrepris pour reconstruire une école
plus juste et plus efficace. Il faut poursuivre ce travail et l’amplifier parce
que la défaillance de l’École à contribuer autant qu’elle le pourrait à
répondre à la promesse républicaine et à être réellement démocratique est un
des ferments de la défiance à l’égard des institutions et de la montée de
l’extrême droite et des intégrismes.
La continuité de l’action est absolument nécessaire dans
l’Education nationale. Le temps de l’Éducation n’est pas celui du politique. Il
ne s’agit pas de déconstruire ce qui a été fait précédemment mais de s’appuyer
dessus pour le poursuivre et l’améliorer.
Rien de pire que la succession des “réformes”. Les
enseignants ont besoin de permanence pour continuer à évoluer. Car
paradoxalement, pour permettre le changement, il faut s’appuyer sur ce qui se
fait déjà. Contrairement à une image trop souvent répandue, le système éducatif
n’est pas une institution immobile. L’École publique et ses enseignants sont
capables d’expérimentation et d’innovation. Si on leur donne les moyens et le pouvoir d’agir.
La lutte contre les inégalités doit être au cœur de cette
transformation. On ne peut se satisfaire d’une École qui ne fonctionne que pour
la moitié de ses élèves.
Au pessimisme de la raison, il faut opposer l’optimisme de
l’action. Agir “ici et maintenant” en se saisissant des leviers qui existent,
en s’autorisant à innover et à bousculer quelques habitudes et pesanteurs
administratives. Plutôt que le risque de se retrouver confronté dans cinq ans (et même avant) à une
explosion sociale et à une école publique menacée, elle, d’implosion.
L’École doit faire sa part dans la transformation
indispensable de la société française.
Favoriser une pédagogie plus explicite et différenciée,
transformer la gouvernance du système éducatif tout en garantissant la
conformité à des objectifs nationaux, agir sur la formation et en particulier continue, favoriser
la coopération et les alliances éducatives, donner plus de pouvoir aux équipes
enseignantes pour répondre aux défis. Et surtout ne pas se fier aux solutions simplistes et médiatiques
pour penser la complexité d’une action systémique.
Pour cela, il faudra aussi accepter et favoriser le dialogue
social avec les acteurs du changement et les enseignants.
J’ai envie de conclure sur cet optimisme de l’action qui
devrait s’exprimer à tous les niveaux. Aussi bien au sommet de l’État que dans
l’action de chacun au quotidien. Pour ma part, si j’étais fataliste, si je ne
pensais pas que mon action peut faire changer (un peu) les choses, je ne serais
pas enseignant !
Philippe Watrelot
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