Précision : Par un tweet de sa directrice, France Culture annonce la certitude de la reconduction d'une emission spécialisée sur l'école des la rentrée
L’émission Rue des écoles diffusée sur France culture tous
les dimanches ne sera pas reconduite à la rentrée. C’était la dernière émission
entièrement consacrée à l’école, radio et télévision confondues. On y entendait
des spécialistes débattre, mais surtout des praticiens souvent anonymes, rendre
compte de leur quotidien d’enseignants.
Nous voici donc face à un criant paradoxe : tandis que
l’école est l’un des sujets de société les plus vivement débattus dans l’espace
public, plus aucun media ne daigne lui accorder l’importance d’une émission
hebdomadaire. On nous répondra sans doute qu’il est hors de question
d’abandonner le terrain scolaire mais de l’intégrer aux autres sujets de
société dans des émissions plus généralistes.
Pour nous qui connaissons bien
les plateaux, nous savons très bien ce que cela signifie : quelques
minutes d’éclairage, un micro-débat contradictoire où l’emporte celui ou celle
qui a le verbe le plus haut et la maîtrise technique de l’art du débat, des
reportages de terrain réduits à quelques secondes au montage, et au final une
invisibilisation toujours plus importante des acteurs de terrain, enseignants
comme élèves.
Que l’on ne s’y trompe pas : que les enjeux de l’école
fassent l’objet de controverses régulières nous semble tout à fait normal et
sain dans une démocratie ; Les débats sur l’école sont des débats de
société et éminemment politiques. Il n’y a donc chez nous aucune volonté de
nous lamenter sur les prises de paroles multiples par des non experts ;
après tout, toutes et tous sont passés sur les bancs de l’école et y mettent
encore leurs enfants. Il est tout à fait légitime que la société se donne un
droit de regard sur le sort de sa jeunesse.
Toutefois, nous constatons aussi
que les débats sur l’école sont de plus en plus hors-sol et que la mécanique médiatique
participe activement de ce décrochage. Que l’on songe à la pédagogie
artificiellement opposée à la transmission des savoirs ; à l’approche
manichéenne des méthodes d’apprentissage de lecture : syllabiques versus
globales ; ou encore à l’enseignement de l’histoire ; tous ces objets
de polémiques parfois d’une extrême violence sont le plus souvent déminés par
un retour sur les pratiques routinières, expérimentales ou innovantes des enseignants.
Or, le plus souvent, elles indiffèrent les férus d’audimats ou les gourmands de
joutes médiatiques.
Est-ce le rôle du service public de nourrir cette mécanique
? Devons-nous nous résoudre à subir une école des marronniers où seule la
rentrée scolaire, le devenir des accents circonflexes ou les perles du Bac
rythmeraient la présence médiatique des enjeux scolaires ?
Il y avait dans l’émission Rue des écoles un louable souci de coller à une actualité mais aussi de rendre compte de la temporalité lente de l’école, celle d’une année scolaire, dans ses fluctuations, ses doutes, ses tâtonnements aussi. Il y avait également la volonté de faire connaître les travaux sur l’école : recherches scientifiques, essais, ou témoignages et d’accepter de passer du temps à en débattre. Il est dans l’ADN des radios de qualité comme France Culture ou France Inter d’accorder du temps de parole à ses invités et non de les contraindre à quelques « punch line » les yeux rivés sur la minuterie.
Quelle perte ce serait alors que de ne plus disposer de ces sas de décompression pour y parler d’un sujet aussi brûlant que l’école. Le temps de l’école n’est pas celui du politique, il n’est pas non plus celui du buzz médiatique.
Il y avait dans l’émission Rue des écoles un louable souci de coller à une actualité mais aussi de rendre compte de la temporalité lente de l’école, celle d’une année scolaire, dans ses fluctuations, ses doutes, ses tâtonnements aussi. Il y avait également la volonté de faire connaître les travaux sur l’école : recherches scientifiques, essais, ou témoignages et d’accepter de passer du temps à en débattre. Il est dans l’ADN des radios de qualité comme France Culture ou France Inter d’accorder du temps de parole à ses invités et non de les contraindre à quelques « punch line » les yeux rivés sur la minuterie.
Quelle perte ce serait alors que de ne plus disposer de ces sas de décompression pour y parler d’un sujet aussi brûlant que l’école. Le temps de l’école n’est pas celui du politique, il n’est pas non plus celui du buzz médiatique.
C’est pourquoi nous demandons à Radio France, avant finalisation
de sa grille de rentrée, de prendre la mesure de la responsabilité qui lui
incombe, comme à nous tou.te.s, de témoigner de l’intérêt qu’elle porte aux
questions d’éducation et, plus généralement, du devenir de la jeunesse.
Grégory Chambat, Laurence De Cock, Philippe Watrelot, enseignant.e.s et militant.te.s pédagogiques.
Sur le même sujet, sur ce blog : « 67 millions de spécialistes de l'École »
Cette œuvre est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 3.0 France.
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