Dans plusieurs articles de presse et sur les réseaux sociaux; on commente les recommandations de JM Blanquer en parlant du « retour de la dictée », du « retour du B-A-BA », du «retour aux fondamentaux» ou du «retour du bon sens». Je voudrais faire quelques remarques sur les pièges de communication contenus dans ces expressions.
Même si les journalistes sont aussi susceptibles que les enseignants (c’est dire ! ), je me permets de leur dire qu’il ne faudrait pas se laisser abuser par ce genre d’astuce de communication. Pour qu’il y ait retour, il faudrait qu’il y ait eu abandon.
Or, c’est faux !
Les enseignants font des dictées, du calcul mental et sont soucieux de l’efficacité des apprentissages de leurs élèves.
Laisser entendre que ce ne serait pas le cas ne résiste pas à un examen des pratiques (cf conférence de consensus récente sur la lecture).
Il faudrait aller faire un tour dans les classes au lieu de se laisser abuser par la communication ministérielle et ses vieilles ficelles. Et se rappeler que le procédé a souvent été utilisé. La dernière annonce de la dictée quotidienne c’était en 2015 !
L’invocation des “fondamentaux” comme une sorte de mantra par les ministres est un bel exemple de ces idées qui apparaissent de bon sens mais qui ne résistent pas aux chiffres et au concret de la vraie vie de l’éducation…C’est du populisme éducatif destiné à plaire à l’opinion !
On ferait mieux de déconstruire ces préjugés et ces idées toutes faites pour qu'il puisse y avoir un vrai débat documenté et rigoureux.
On ferait mieux de déconstruire ces préjugés et ces idées toutes faites pour qu'il puisse y avoir un vrai débat documenté et rigoureux.
Autre problème de communication : se focaliser sur la “liberté pédagogique”. Cette notion est piégée.
Elle a de nombreux implicites comme l’idée que les enseignants pourraient faire ce qu’ils veulent dans une sorte d’exercice “libéral” du métier.
La liberté pédagogique est souvent un faux nez du conservatisme.
En plus l’implicite de la “liberté pédagogique” serait qu'on aurait une sorte de "privilège" qui dispenserait des règles s'appliquant à tous les fonctionnaires.
Parlons plutôt d'autonomie des équipes avec une démarche collective s'appuyant sur notre expertise et notre connaissance du terrain.
Par ailleurs je trouve normal que le politique nous fixe des objectifs et nous dise qu'il faut aller de A à B. Mais ici, on ne nous dit pas le but, mais on nous enjoint à utiliser tel itinéraire, quelles chaussures mettre et comment nous habiller pour faire la randonnée !
En résumé : Méfions nous des effets de com’. Remettons les annonces en contexte et confrontons les à la réalité des pratiques. Et faisons confiance au terrain plutôt que d’entretenir le doute sur le professionnalisme des enseignants.
Pour le traduire en langage « nouveau monde » : un peu moins de « top-down » (so XXe siècle), un peu plus de « bottom-up » et de l’ « empowerment » ! voilà de quoi vraiment disrupter et penser « en dehors de la boîte » !!!
Philippe Watrelot
Chronique éducation de Philippe Watrelot est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International.
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