vendredi, juin 29, 2018

Ça va finir par se voir...



Ça va finir par se voir...

Le projet de Service National Universel (SNU) a été sérieusement revu à la baisse par rapport à la promesse de campagne d'Emmanuel Macron. Là, où il envisageait un dispositif plus long avec le soutien de l'armée, on s'oriente vers une formule a minima avec une quinzaine de jours dont on ne sait pas si ce sera obligatoire. Et le coût de cette mesure est toujours critiqué...

Il en va de cette promesse comme de beaucoup d'autres. Si Emmanuel Macron semblait avoir préparé ses réformes dans le domaine économique et social (fiscalité, travail, retraites,...), il n'en est pas de même dans d'autres secteurs de l'action publique. J'ai acquis la conviction que les questions éducatives ne l'intéressaient pas vraiment. Il suffit de se rappeler le caractère hétéroclite de ses propositions durant la campagne.

Des promesses qui étaient peu préparées... Et cette impréparation saute aux yeux aujourd'hui.

La promesse d'interdire les téléphones à l'école et au collège ? On voit bien les contraintes techniques qui en limitent la portée. A tel point que la loi qui a été votée est, en fait, plus une loi d'autorisation que d'interdiction !
 La promesse de réduire le nombre d'élèves en CP et CE1 des zones d'éducation prioritaire ? Cette mesure généreuse mais précipitée se heurte aujourd'hui à des problèmes techniques avec des locaux inexistants à tel point qu'on cherche des solutions en dehors de l'école. Et surtout les moyens humains ne sont pas au rendez vous dans un budget contraint. Et donc, on déshabille les zones rurales pour habiller les REP+ ...
«Muscler le bac » ? Même si on pouvait penser que la réforme était dans les tuyaux, on est étonné par l'impréparation et la précipitation de la mise en place de la réforme. Beaucoup de points semblent improvisés et porteurs d'effets négatifs que la pensée magique et technocratique ne saurait effacer.

 Il faut dire que la principale explication de la rapidité de la mise en oeuvre tient au fait qu'un quinquennat dure cinq ans ! Si on veut présenter des résultats et montrer que les promesses ont été tenues, on n'a pas trop le choix. Et on oublie que le temps de l'éducation n'est pas celui du politique. Et qu'une réforme quelle qu'elle soit demande sinon l'adhésion du moins le consentement des acteurs. Ce que ce ministre qui sait mieux que tout le monde et qui leur fait peu confiance (contrairement à ses assertions) oublie trop souvent.
 Alors, plutôt que de prendre le temps de la concertation et de la consultation des praticiens, on se réfugie dans l'injonction technocratique et une sorte de "pensée magique” en pensant qu'il suffit d'affirmer une volonté au 110 Rue de Grenelle pour que cela redescende impeccablement jusqu'à chaque établissement et école de France...

 Mais tout cela va finir par se voir...


Philippe Watrelot

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