« Le monde se souvient des camps de la mort » C’est ce titre de Ouest France que j’ai choisi pour ouvrir cette chronique. La semaine sera en effet marquée par la commémoration de la libération des camps et donne lieu dans vos journaux à plusieurs dossiers assez complets sur ce sujet
Cela a, bien sûr, à voir avec l’éducation. Le «devoir de mémoire » n’est pas seulement l’affaire des profs d’histoire mais de tous. La connaissance est indispensable contre l’oubli et l’acte pédagogique consistant à préparer et sensibiliser est essentiel. C’est ce que nous rappelle cette regrettable affaire des « lycéens irrespectueux de la Shoah » (le Figaro, Le Monde). La proximité avec cette commémoration a évidemment fait monter la pression médiatique et a eu tendance à radicaliser les positions. Une question se pose : peut-on dire qu’il s’agit d’actes antisémites ou de provocations et de dérapages dans des comportements adolescents ? Il faut lire en tout cas la réponse de Claude Lanzmann, l’auteur de Shoah sur cette affaire (Le Parisien).
Bonne Lecture...
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Libération du 24/01/05
Au nom du père
par Gérard Pommier psychanalyste, maître de conférences (Nantes).
La filiation patronymique n'est pas seulement le véhicule de valeurs patriarcales. Elle garantit symboliquement à l'enfant sa place parmi les siens
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Le Figaro du 24/01/05
Sanctions contre des lycéens irrespectueux de la Shoah (édition du 22 janvier)
A Auschwitz, là où des centaines de milliers de juifs d'Europe furent anéantis, A., 16 ans, élève de première à Montreuil (Seine-Saint-Denis) avait lancé : «Ils ont bien fait de les brûler», tandis que quatre de ses camarades lycéens faisaient les imbéciles, prenant des photos dans des postures grotesques ou obscènes dans le musée.
A l'issue d'une contre-enquête, le rectorat de Créteil a confirmé hier les sanctions décidées le 10 décembre par le conseil de discipline du lycée Jean-Jaurès de Montreuil : l'exclusion définitive pour le premier, l'éviction temporaire pour un second, F., âgé de 17 ans, et des exclusions de huit jours pour les autres.
A l'époque, les lycéens avaient en partie reconnu les faits. Depuis, ils contestent la sanction et la désormais familière polémique sur la disproportion de la punition dans ces affaires de racisme et d'antisémitisme s'est installée. Des élèves se sont portés garant «du non antisémitisme» de A. Sa famille, effondrée, a produit des gages d'une éducation tolérante. Certains parents d'élèves évoquent un simple dérapage de gosses mal préparés et regrettent qu'un des «provocateurs» soit maintenant traité de «nazi». Enfin, certains racontent le mécontentement d'une partie des enseignants, après la «simple exclusion de huit jours» pour les trois premiers élèves mis en cause, décrits comme les vrais leaders. En conséquence, A. et F. ont ensuite été plus sévèrement sanctionnés.
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Droits et devoirs (édition du 21 janvier)
Quel fatras ! Il n'est pas facile de déterminer ce qui prime dans les revendications des enseignants, tant celles-ci sont multiformes. Elles concernent autant les salaires que les diminutions de postes, le pouvoir d'achat que le refus de plusieurs dispositions de la loi Fillon, moins anodine qu'elle ne paraît, moins décisive qu'il ne faudrait. Peut-être justement est-ce cet aspect «attrape-tout», évidemment voulu, qui explique le réel succès de la grève d'hier.
Les syndicats vont donc se réjouir d'une mobilisation qu'ils jugeront exemplaire. Le drame est que celle-ci s'ajoutera à des précédentes, tout aussi importantes, de la même manière que la réforme actuelle augmentera le nombre de celles qui ont déjà été tentées. Sans que ni les unes ni les autres ne parviennent à circonscrire le sinistre de l'enseignement. Au fond, l'échec est commun : pas plus que les braillements syndicaux, les espérances gouvernementales ne sont encore parvenues à bouger le bazar éducatif et à écorner la nomenklatura écolière.[…]
Que les enseignants réclament une augmentation de leur pouvoir d'achat, pourquoi pas ? Encore doivent-ils convenir que la nation est en droit de demander des contreparties et d'obtenir ce que ses réformes, démocratiquement votées, prévoient. Or, on est loin de ce bon sens puisque, le plus souvent, les organisations syndicales ne veulent entendre parler de rien en même temps qu'elles réclament tout. Beaucoup d'enseignants s'inquiètent de cette attitude absurde qui se conclut par l'échec scolaire. D'autres, en grand nombre hélas, ne veulent pas s'apercevoir qu'ils en font déjà les frais : ils perdent de leur prestige, ils décrochent du peloton de tête du pays, ils sont maintenant concurrencés dans leur charge, la plus belle qui soit, celle de transmettre le savoir. Pour le moment, la nation répond surtout à leur autisme par l'indifférence. Il n'est pas sûr qu'elle reste encore longtemps aussi passive.
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L'Humanité du 24/01/05
Chronique d’un soudain emballement médiatique (édition du 22 janvier)
Rappel des faits. Le vendredi 22 octobre, vers 15 h 30, à quelques heures des vacances de la Toussaint, deux ou trois enfants de la maternelle d’Altkirch malmènent une fillette de trois ans durant la récréation. Importantes ecchymoses sur le visage, griffures, morsures : la direction de l’école appelle le SAMU. Soignée à l’hôpital, la fillette est de retour chez elle en soirée. Choqués, les parents portent plainte le lendemain et alertent la presse.[…]
Cet emballement médiatique met en lumière le rôle crucial de l’AFP et des télévisions. La première dépêche de l’AFP joue le rôle de révélateur. Elle attire l’attention des médias nationaux, notamment des chaînes de télévision. Cependant, celles-ci ne peuvent traiter un sujet qu’à la condition de disposer d’images. La décision des parents de montrer des photos de leur fillette constitue sans doute le tournant dans l’affaire.[…]
Mais, en fin de compte, la rixe de la maternelle d’Altkirch était-elle banale ou bien exceptionnelle ? Selon le rectorat de Strasbourg, « il n’y a jamais eu en Alsace de cas de violence dans les maternelles avec ce niveau de gravité ». En revanche, au plan national, les statistiques de l’éducation nationale démentent toute augmentation significative du nombre d’agressions d’enfants par d’autres enfants dans les maternelles. La rixe de la maternelle d’Altkirch s’avère donc doublement exceptionnelle : par sa rareté et en raison de l’emballement médiatique dont elle fut le sujet.
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Pas de classe préparatoire pour les ZEP
Les enseignants et élèves du lycée Paul-Eluard de Saint-Denis ont appris, jeudi dernier, la fermeture de la classe préparatoire scientifique de leur établissement, en constatant sa disparition sur le serveur Internet des inscriptions. La nouvelle a déclenché dès vendredi une grève des enseignants dans l’unique lycée classé en ZEP accueillant une classe préparatoire. « Selon l’administration, le nombre d’élèves dans cette classe est insuffisant, indique Goulven Kervien, délégué départemental du SNES et professeur d’histoire à Paul-Eluard. Nous considérons au contraire que, dans ce département défavorisé, cette classe a permis à des centaines d’élèves de devenir ingénieurs. » Cette fermeture en catimini fait apparaître la « charte de l’égalité des chances et des formations d’excellence », signée en grande pompe par Fillon et Borloo pour ce qu’elle est : de la poudre aux yeux.
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Le Parisien du 24/01/05
France 3 consacre une nuit à «Shoah»
Un homme entonne une mélopée sur une barque qui glisse lentement le long d'une rivière. Nous sommes à Chelmno-sur-le-Ner, en Pologne, et la nature semble paisible. C'est pourtant là qu'une quarantaine d'années plus tôt, Simon Srebnik, l'homme qui chante, a été obligé, à l'âge de 13 ans et demi, d'enterrer les cadavres des Juifs qui venaient d'être gazés. Puis, plus tard, de les exhumer et de les brûler... Ainsi débute «Shoah», le film de Claude Lanzmann proposé ce soir, à partir de 20 h 55, sur France 3, à trois jours du soixantième anniversaire de la libération d'Auschwitz.
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Claude Lanzamnn « Une arme contre l'antisémitisme »
Des adolescents de Montreuil, partis avec leur classe à Auschwitz, viennent d'être exclus du lycée pour s'être mal tenus là-bas. L'un d'eux a dit « On a bien fait de les brûler. » Votre avis ?
Je suis contre ces exclusions, j'en ai un peu marre de cette pression considérable. Ces propos, évidemment, sont inacceptables. Mais, avec ces gosses-là, on part à Auschwitz le matin, on revient le soir, on les plonge d'un coup dans une piété absolue. C'est peut-être ça, l'effet pervers de « Shoah » : ces pèlerinages express, c'est devenu plus simple, au fond, que de regarder le film. Je sais bien que c'est compliqué pour les enseignants, je ne les critique surtout pas, mais Auschwitz n'est pas le pèlerinage absolu. Auschwitz, ça se mérite.
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La Croix du 24/01/05
Rien vu...
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20 minutes du 24/01/05
Centres éducatifs : premier bilan
Des résultats encourageants selon le garde des Sceaux. D’après des chiffres fournis par le ministère de la Justice, la moitié des mineurs placés en centres éducatifs fermés (CEF), dispositifs créés en 2002, ont un bilan positif durant leur placement.
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Un lycée ZEP de Saint-Denis s’accroche à sa classe prépa
Une grève pour sauvegarder l’exception. La classe préparatoire scientifique PCSI (physique, chimie, sciences de l’ingénieur) du lycée Paul-Eluard, à Saint-Denis (93), est la seule de France à être située en zone d’éducation prioritaire (ZEP). Tremplin vers de prestigieuses écoles d’ingénieurs, elle est pourtant menacée de fermeture, selon ses enseignants.
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Toulouse : A l’Insa, on apprend en pratiquant
Adieu les cours magistraux, vive l’apprentissage par projet et les cours à la carte. Depuis plus d’un an, les responsables pédagogiques de l’Institut national des sciences appliquées (Insa) à Toulouse ont mis en place une nouvelle technique d’enseignement auprès d’une partie de leurs étudiants. « Habituellement, les élèves acquièrent dans un premier temps des connaissances et les mettent en application à travers un projet. Avec “l’apprentissage par projet”, on inverse les choses », résume Bernard Bourret, directeur des études de l’Insa.
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« Pour faire de la science, il faut être bien ! »
Daniel Borderies
Responsable du Café des sciences et de la société*, organisé par le Sicoval.
Comment est né votre Café des sciences ?
Tout est parti en 1999. Nous étions en plein épisode de la vache folle, les gens émettaient des doutes envers la science. Nous avons voulu ouvrir un espace où chacun pourrait exprimer ses craintes.
Comment se déroulent vos soirées thématiques ?
Dans une ambiance conviviale. C’est comme pour le banquet de Platon : pour faire de la science, il faut être bien ! Nous mangeons, nous accueillons des jeunes musiciens et nous discutons autour d’un thème. C’est notre façon de montrer que la science fait aussi partie de la culture.
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Ouest-France du 24/01/05
Le monde se souvient des camps de la mort
Le 27 janvier 1945, il y a soixante ans, Auschwitz-Birkenau (Pologne) était le premier camp de la mort ouvert par les Soviétiques. Ce souvenir unique et terrifiant va donner lieu à de nombreuses cérémonies officielles, notamment aux Nations unies, aujourd'hui, et, jeudi, en Pologne. Regard sur l'histoire qui a conduit à l'Holocauste.
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Le Monde daté du 25/01/05
L'ignorance de la langue freine les échanges économiques entre la France et l'Allemagne (édition du 22 janvier)
« L'allemand, un atout pour des carrières en Europe » Le thème choisi cette année pour la journée franco-allemande du 22 janvier - instituée en janvier 2003 en France et en Allemagne - a été décliné toute la semaine dans de nombreuses écoles et institutions d'enseignement, et faisait l'objet vendredi 21 janvier d'un colloque à Paris sous l'égide des secrétaires généraux à la coopération franco-allemande, Claudie Haigneré et Hans Martin Bury. […]
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Confirmation des exclusions d'élèves après un voyage à Auschwitz (édition datée du 23-24 janvier)
Le recteur de Créteil, Bernard Saint-Girons, a confirmé, vendredi 21 janvier, les sanctions d'exclusion prises par le conseil de discipline du lycée Jean-Jaurès de Montreuil (Seine-Saint-Denis), les 9 et 10 décembre, contre deux élèves ayant eu "un comportement inacceptable" lors d'une visite du camp d'extermination d'Auschwitz, le 24 novembre. […]
M. Saint-Girons a, par ailleurs, annoncé la désignation d'une mission d'inspection "pour analyser les conditions dans lesquelles ce voyage a été préparé et observer le travail pédagogique de réparation" décidé par le chef d' établissement pour les élèves exclus provisoirement. Outre A. et F., trois élèves avaient été exclus pour huit jours et un pour une journée.
Cette mission aura également la responsabilité "de formuler des propositions de nature à suivre l'organisation et l'accompagnement pédagogiques de visites de lieux de mémoire". "S'il apparaît qu'on puisse tirer des éléments utiles pour l'organisation des voyages à venir, il faut pouvoir le dire", estime M. Saint-Girons.
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Les lycéens de Montreuil et le prince Harry, par Michel Retail enseignant, professeur d'histoire.
Le comportement de quelques lycéens d'un établissement de la banlieue parisienne, lors d'un voyage à Auschwitz, interroge. Agir comme l'ont fait ces adolescents dans le plus grand camp d'extermination nazi est choquant, une insulte à la mémoire des victimes.
Comment des adultes en responsabilité de les éduquer doivent-ils réagir ? Il n'est pas facile de répondre à cette question. Nous sommes tentés de faire preuve de la plus grande sévérité, sous l'emprise d'une indignation légitime afin, la sanction ayant valeur d'exemple, d'empêcher que de tels actes se reproduisent. Mais nous sommes des adultes face à des jeunes en situation d'apprentissage. La sanction est nécessaire, mais laquelle est utile en pareille circonstance ? Sans se battre la coulpe ni minimiser les actes, nous devons d'abord nous interroger sur la transmission du savoir. Visiblement, ces jeunes n'ont pas compris l'importance de la Shoah dans l'histoire contemporaine et celle de l'humanité.
Ce voyage, organisé en décembre, entrait sans doute dans le cadre de la célébration du soixantième anniversaire de la "découverte" des camps, selon le terme utilisé par Annette Wieviorka dans son dernier ouvrage, préféré à celui de "libération". La période choisie était ainsi davantage motivée par ce contexte que par les programmes scolaires. "La politique nazie d'extermination" figure bien au programme de la classe de première, mais elle est plutôt enseignée en fin d'année scolaire. Certes, ces jeunes viennent de collèges dans lesquels la seconde guerre mondiale est enseignée. Mais, aussi ahurissant que cela puisse paraître, la "volatilité" des connaissances s'applique également à un événement d'une telle ampleur.[…] tous les enseignants peuvent être confrontés à des situations où une minorité d'élèves dérape. Je me souviens ainsi d'un petit groupe, parmi mes élèves de troisième - pourtant censément préparés -, très indiscipliné, lors d'une visite au Mémorial de Caen.
Nous savons qu'un jeune est capable, dans le contexte d'un groupe, de se faire remarquer pour trouver une place. La transgression permet de grandir et nous sommes dans notre rôle d'adulte lorsque nous nous y opposons. Il y a sans aucun doute des degrés dans la transgression ; et celle qu'ont manifestée les lycéens de Montreuil est indigne, parce qu'elle s'est déroulée dans un lieu chargé d'une histoire très douloureuse. Mais il faut rappeler qu'au même moment le prince Harry s'est déguisé en SS pour se rendre intéressant lors d'un rallye. Cette idée bien saugrenue, qui dénote une absence étonnante de discernement, n'est pas si éloignée de l'affaire qui a récemment retenu notre attention. Il ne s'agit pas d'excuser la conduite de ces élèves, mais de la mettre en perspective ; et dire, aussi, qu'elle n'est pas l'apanage des seuls jeunes de banlieue.
Enfin, ce qui semble une évidence ne l'est pas nécessairement pour les jeunes d'aujourd'hui - et même pour certains adultes. La connaissance de la Shoah, la compassion pour les victimes, l'intérêt pour cette question, la conscience de l'événement ne sont pas universellement et a priori partagés. Des hommes et des femmes ordinaires peuvent, en toute bonne foi, tenir des propos simplistes, voire effrayants, sur la seconde guerre mondiale et plus précisément sur la question de la "solution finale". Ce qui rend l'enseignement de la Shoah plus nécessaire que jamais.
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La mémoire de la Shoah s'est construite par à-coups, au gré d'une succession de crises
Pourquoi paraît-on célébrer le 60e anniversaire de la fin du cauchemar concentrationnaire avec plus d'éclat encore que le cinquantenaire ? Pour Jean-Charles Szurek, un historien français qui travaille sur la mémoire de la Shoah en Pologne, "on a un sentiment de dernière fois". Comme ce fut le cas à l'été 2004 pour les célébrations du débarquement, le 60e anniversaire de l'entrée des troupes soviétiques à Auschwitz serait l'ultime rassemblement des survivants de l'événement. Pour Marie-Claire Lavabre, directrice de recherches au Cevipof et spécialiste de la mémoire collective, "on commémore d'autant plus qu'il y a de moins en moins de mémoire vive"[…]
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lundi, janvier 24, 2005
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