samedi, février 12, 2005

Revue de presse du samedi 12 février 2005

Après les colonnes de 20 minutespuis de Libération, c’est au tour de celles du Parisien et du journal Le Monde d’accueillir la parole ministérielle. Dans Le Parisien, François Fillon est ici confronté aux questions d’un « panel » de lycéens (choisis par le journal). L’entretien a duré plus de deux heures et a amené le Ministre à revenir sur certains points de sa réforme. Il semble aussi revenir – un peu- sur les TPE puisqu’il annonce qu’ils seront évalués à la fin de la 1ere pour le Bac (dès cette année).
Dans le journal Le Monde, c’est une tribune d’opinion qu’a obtenu le Ministre. Pas de scoop mais la réaffirmation qu’il ne reculera pas sur le cœur de son projet. Un point cependant me questionne : d’où sort ce chiffre, martelé à chaque interview, de « 80 000 enfants qui entrent en 6e sans savoir correctement lire, écrire, compter »? Ce n’est pas parce qu’on répète quelque chose que ça devient une vérité. Un chiffre à confirmer en tout cas.
Bonne Lecture...
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Libération du 12/02/05


Un collège défend ses élèves irakiens
Une mobilisation s'organise autour de deux frères irakiens scolarisés depuis septembre au collège Charles-de-Gaulle de Fameck (Moselle), près de Metz. Mercredi 2 février au matin, Ahmed et M'Ahmed, 16 et 14 ans, sont convoqués, en plein cours, dans le bureau du principal du collège. Leur enseignant décide de les accompagner. Dans le bureau du proviseur, des gendarmes les attendent.
Leur père, en situation irrégulière, est sous le coup d'une mesure d'expulsion. Les gendarmes ont tenté de l'interpeller le matin même, mais ne l'ont pas trouvé à l'adresse de la famille, un hôtel du Samu social. «Les gendarmes se sont alors retournés vers ses fils», proteste le réseau Education sans frontière (1), collectif né à l'initiative d'enseignants défendant le droit à la scolarisation des élèves sans papiers.
Pensant que le père viendrait les chercher à la sortie de l'établissement, les gendarmes ont fait le planton à proximité. «Les adolescents ont servi d'appât», souligne la Ligue des droits de l'homme, alertée par des enseignants. Mais le père ne vient pas.[…]
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Comment Chirac a orchestré la volte-face sur le bac
«Papy Chirac» a tranché : pas question de prendre le risque de braquer la jeunesse. Aguerri par l'expérience de 1986 et les manifestations monstres contre le projet Devaquet, le chef de l'Etat avait déjà ordonné, il y a un an, le retrait de la réforme de l'université proposée par Luc Ferry. Jeudi, c'est sur son instruction que Jean-Pierre Raffarin et son ministre de l'Education, François Fillon, ont décidé de repousser à plus tard l'instauration d'une dose de contrôle continu dans le baccalauréat.
C'est mercredi en fin de matinée que la ligne a été fixée. Au cours du Conseil des ministres, le chef de l'Etat avait appelé les ministres à soutenir le projet. Une déclaration destinée à amuser la galerie, puisque, juste avant, Jacques Chirac avait réuni autour de lui Raffarin et Fillon pour leur dire que, à aucun prix, il ne fallait braquer les lycéens. […] A cet égard, on ne pourra que noter la différence de traitement entre le dossier des 35 heures et celui du bac. Dans le premier cas, Raffarin a tenu bon face aux 500 000 manifestants de samedi dernier, estimant que ce genre de défilés fait partie du rituel syndical. Dans le deuxième cas, il a suffi de 100 000 lycéens pour le faire plier. «Parce que les lycéens, c'est plus inflammable», reconnaît Matignon.
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Le ministre brouille les cartes
La volte-face aurait-elle été trop vive ? En passant du jour au lendemain d'un discours de soupçon sur les lycéens «manipulés» à un discours d'apaisement sur le mode «tout est ouvert à la discussion», le moins que l'on puisse dire est que François Fillon a brouillé les cartes. Objet du pataquès, cette phrase prononcée par le ministre de l'Education nationale, jeudi, sur France 3 : «Je ne ferai pas une réforme du bac tant que nous n'aurons pas levé les craintes qui sont exprimées.» Quelques heures avant, 100 000 lycéens étaient dans la rue ; la cause semble entendue : Fillon s'apprête à enterrer son projet de réforme. L'annonce de l'annulation de la prochaine réunion, prévue lundi prochain, du groupe de travail constitué le 17 janvier avec les organisations représentatives, est venue compléter, vendredi, ce repli ministériel.
Le hic, c'est qu'à reculer trop vite face à la rue, Fillon s'expose à une surenchère de revendications. Céder sur le bac passe encore, mais pas _ du moins pas encore _ sur la loi qui entre en discussion mardi à l'Assemblée. […]En attendant, les lycéens restent plus que jamais mobilisés. «Quand Fillon déclare qu'il veut qu'on arrive à un accord sur le bac, ça veut dire : "arrêtez de manifester, je ferai passer le projet pendant les vacances''», assurait vendredi la FIDL. Côté Snes-FSU, on craint aussi que le ministre «joue la montre en attendant les vacances». A leurs vacances, enseignants et lycéens sont prêts à renoncer : ils appellent à la grève et à manifester mardi, à l'ouverture du débat parlementaire
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Le Figaro du 12/02/05


Bac : Fillon justifie ses concessions
Le ministère de l'Education nationale a annoncé hier en fin d'après-midi l'annulation de la réunion, prévue lundi, du groupe de travail sur la réforme du bac. Au lendemain des manifestations de lycéens, et à la veille de l'ouverture de l'examen du projet de loi Fillon, qui sera ponctué par de nouveaux rendez-vous dans la rue, le premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, a assuré sur RTL que le gouvernement avait «les moyens de rassurer» les lycéens. A Meaux dans l'après-midi, il a salué les enseignants à qui «la société française doit savoir dire merci».
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L'UMP entre soulagement et agacement
La décision de François Fillon de suspendre la réforme du bac est accueillie avec un mélange de soulagement et d'agacement par la plupart les députés UMP. «L'organisation du bac est une vache sacrée, qu'il faudra sans doute corriger, mais l'important, c'était de lever l'obstacle, pour engager la réforme de structure prévue par la loi d'orientation sur l'école», affirme Hervé Mariton. «Dès lors qu'une réforme n'est pas comprise, on va vers l'affrontement et la confrontation», analyse Patrick Ollier, le président de la commission des affaires économiques de l'Assemblée. Le député-maire de Rueil souligne que le gouvernement «est ouvert à la concertation, dès lors qu'il y a incompréhension sur une réforme». Le chiraquien François Baroin tient le même raisonnement, expliquant que l'«on ne peut pas nier l'ampleur de la mobilisation des lycéens» et qu'«il y a une vraie demande d'explication sur ce texte».
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Les syndicats lycéens maintiennent la pression
Vacances obligent, l'appel à manifester pour le 15 février va surtout se concentrer à Paris pour les trois académies de la région Ile-de-France et dans l'académie de Bordeaux. La volonté d'apaisement du ministre de l'Education, qui a annoncé, à propos du bac notamment, qu'il n'entreprendrait rien «tant que nous n'aurons pas levé les craintes qui se sont exprimées», n'a pas calmé les velléités des deux syndicats de lycéens (UNL et Fidl), ni du Snes (syndicat d'enseignant majoritaire dans le second degré).
Pour autant, les stratégies ne convergent pas tout à fait. Si la Fidl continue de demander le retrait «immédiat» du projet de loi de François Fillon sur l'école, le syndicat a accepté le dialogue avec le ministre de l'Education. «Mon bureau est ouvert aux organisations lycéennes», a déclaré ce dernier jeudi soir sur France 3 après la journée de mobilisation qui a vu défiler quelque 100 000 lycéens dans toute la France. Hier, le syndicat demandait donc une audience. «Nous sommes prêts à des discussions pour la réécriture d'un nouveau projet de loi», expliquait Coralie Caron, la secrétaire générale du syndicat. La rencontre devrait avoir lieu lundi, à la veille de la discussion parlementaire.
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Les autres dispositions du projet
La refonte du bac n'est qu'un des éléments de la future loi sur l'école qui sera discutée à partir de mardi à l'Assemblée nationale. En voici les principales dispositions :
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Christian Forestier : «Une réforme parfaitement légitime»
Président du Haut Conseil de l'évaluation de l'école, Christian Forestier défend la réforme du bac et l'introduction du contrôle continu.
il est urgent de s'adapter à ce qu'on est en droit d'attendre des lycéens.
Il faut que l'évaluation des langues vivantes à l'oral soit sérieusement envisagée. De même, les connaissances des élèves dans les disciplines des sciences expérimentales doivent être contrôlées par des travaux pratiques et non pas sous la seule forme de problèmes.
Il faut effectivement explorer de nouveaux modes d'évaluation pour certaines matières. Le contrôle en cours de formation existe déjà pour l'éducation physique et sportive depuis plusieurs années et tout le monde en est satisfait. Le contrôle continu au bac est également très répandu depuis fort longtemps dans certaines filières technologiques et dans la voie professionnelle.
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Constance Blanchard et Coralie Carron, les deux « meneuses » du mouvement
Elles sont âgées respectivement de 17 et 18 ans et sont à la tête des deux principaux syndicats lycéens qui ont rassemblé jeudi, près de 100 000 jeunes dans les principales villes de France contre le projet de loi Fillon.
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Ruptures scolaires et fracture sociale
PAR YVES MALIER Membre de l'Académie des technologies, ancien directeur de l'Ecole normale supérieure de Cachan.

Ruptures scolaires et fracture sociale : les liens sont forts entre ces deux sujets de société. Observons-les à la lumière des rigidités du «mammouth».On ne dira jamais assez l'urgence de combler les manques de connaissances et d'aptitudes fondamentales d'une trop grande partie des jeunes à la sortie de l'école élémentaire. Malheureusement, le grand dévouement et la bonne volonté de nos enseignants ne peuvent compenser les manques de formation et les fautes de méthode trop souvent enregistrés à l'Institut universitaire de formation des maîtres (IUFM). Ainsi, la première année de collège synthétise, de façon irréversible, les conditions d'une si injuste et si précoce sélection. Il faut être bien loin des besoins des jeunes et des familles les plus modestes pour oser pérorer et parler de «smic culturel» quand s'affiche l'objectif de recentrer l'école primaire sur ses missions fondamentales. Après Claude Allègre, François Fillon s'y attaque et essuie les mêmes sarcasmes.
A la fin du collège, 41% des élèves, sans l'avoir vraiment choisi, sont «sortis» des voies générales. Ils sont vite rejoints par 6% des lycéens mis en situation d'échec en seconde ou en première. On ne peut qu'être très sévère à l'égard d'un système qui décide de la mise à l'écart de près de la moitié d'une classe d'âge sur les seuls critères d'adaptation à un trajet initial unique qui n'a laissé aucune place à la prise en compte des disparités physiques, humaines, sociales et culturelles de chacun de nos jeunes enfants.
Ce n'est pas le moindre de nos paradoxes en matière d'éducation : arc-boutée sur le refus de toute sélection à l'entrée à l'Université alors que cela paraît naturel dans la plupart des pays, notre société applique, de fait, cette sélection, avec la plus extrême rigueur et sans le dire, à tous ses enfants dès l'école primaire et le collège ![…] Heureusement, il existe des «oasis» de formations professionnelles où les élèves sont heureux et bien formés. Grâce à l'implication forte des professions, au doigté des chefs d'établissement et au formidable esprit «de maîtres compagnons modernes» de professeurs ayant, le plus souvent, échappé à l'emprise des IUFM, la réussite de ces établissements souligne, avec cruauté, les raisons du dysfonctionnement du système général. Souhaitons que l'analyse de ces réussites soit faite et conduise à des propositions pratiques.
Bien que timide à l'égard de méthodes dont l'inefficacité est prouvée, le projet de loi sur l'éducation offre des ouvertures significatives. Encore faudra-t-il qu'elles ne restent pas au stade d'espoir et que l'habitude de traiter les voies professionnelles à travers le seul prisme des voies générales ne soit pas, comme dans le passé, la méthode employée. De ce point de vue, le futur Haut Comité de l'éducation aura un grand devoir de vigilance et d'intervention. Souhaitons que l'accomplissement de ce grand devoir soit à la mesure des enjeux.
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L'Humanité du 12/02/05


Rien vu...


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Le Parisien du 12/02/05


Face aux lycéens, Fillon s'explique sur le bac
Au lendemain de la démonstration de force des lycéens, le ministre de l'Education nationale s'est livré hier, au siège de notre journal, à une explication serrée sur sa réforme du bac. Il l'affirme : il ne retire pas son texte. Jusqu'à quand ?
[…]Hier matin, dans les locaux de notre journal, le ministre persiste et signe. Mais les choses vont s'emballer. Sa rencontre avec un groupe de huit lycéens - qu'il avait acceptée dès mercredi - l'oblige à une longue explication, probablement plus serrée que prévu. Et déjà trop tardive ? Pendant deux heures, le ministre, souvent tendu, argumente, débat, s'insurge parfois. En tout cas, pas question pour lui de s'avouer déjà vaincu. Il ne retire pas - alors que les lycéens le lui demandent plusieurs fois - sa réforme du baccalauréat, et prévoit toujours l'introduction, dès la session de juin 2007, d'une dose de contrôle continu ou de partiels. « Je ne passerai pas en force, mais ce serait un vrai gâchis de se retirer », concède-t-il.
Quelques heures plus tard, pourtant, il suspend la réunion du groupe de travail sur le bac, prévue lundi prochain. Vrai recul cette fois. Pas si étonnant à quelques jours de la nouvelle mobilisation lycéenne et enseignante, mardi, jour où la loi sur l'école commencera à être débattue à l'Assemblée nationale. Au ministère, rue de Grenelle, on minimise : «Le climat n'est pas assez serein pour cette rencontre, on rectifie juste le calendrier.»
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François Fillon face aux lecteurs
« Je poursuivrai le dialogue jusqu'à ce que les craintes soient levées »

[en réponse à une question sur les TPE][…]Je vais vous dire ce que je vais faire pour que ça continue à vous donner des points au bac : 1) je maintiens les TPE en première ; 2) je les supprime en terminale parce que je considère qu'il y a trop d'heures, la charge de travail des élèves de terminale en France est la plus élevée de tous les pays développés ; 3) je propose qu'on prenne les résultats des TPE de première et qu'ils comptent pour le bac. Cela prendra effet dès cette année, vos résultats de TPE en première cette année compteront pour votre bac l'année prochaine[…]
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La Croix du 12/02/05


Rien vu...


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20 minutes du 12/02/05


Pas de 20 minutes le week-end…


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Ouest-France du 12/02/05


Fillon fléchit sur la réforme du bac
Après la poussée de colère lycéenne, jeudi, le ministre de l'Éducation nationale préfère discuter que passer en force. Jusqu'à renoncer à la réforme du baccalauréat, comme le revendiquent les jeunes manifestants ? Officiellement, ce n'est pas à l'ordre du jour.
Qu'est-ce qui se cache derrière la phrase, volontairement ambiguë, délivrée en toute hâte par le ministre de l'Éducation nationale, jeudi soir, sur France 3 ?[…] « rien n'est changé », poursuivait, hier, le cabinet du ministre.Rien ? Sauf qu'en fin d'après-midi, un courrier d'une sous-direction du ministère affirmait avoir « suspendu les travaux du groupe de travail sur la modernisation des baccalauréats ». Quoi ? Mais pas du tout !, répliquait, trois quarts d'heure plus tard, le cabinet du ministre. « La réunion est annulée lundi, mais, pour l'instant, il n'est pas question de le suspendre » définitivement. « Nous pensons juste, enchaîne Vincent Roger, conseiller du ministre, qu'en cette période de surenchère, il n'est pas nécessaire de maintenir une réunion à la veille d'une manifestation », à laquelle lycéens et enseignants ont appelé mardi.
Une telle cacophonie porte évidemment à douter de la parole officielle. Pour éviter une crise lycéenne mal maîtrisée, le gouvernement tenterait-il un repli ? Dans son édition de samedi, le journal Le Monde croyait même savoir qu'il « renonce à sa réforme du baccalauréat ». Pourtant, Vincent Roger ne cesse de répéter : « Le ministre maintient son projet, mais en se donnant simplement un peu d'élasticité au calendrier. »
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Le Monde daté du 13-14/02/05


M. Fillon "annule" une réunion du groupe de travail sur le baccalauréat sans "suspendre" ses travaux
Renoncement à la réforme du baccalauréat ? Au ministère de l'éducation, on démentait, vendredi 11 février, une telle décision de la part de François Fillon. "Je suis ouvert, je ne ferai pas une réforme du bac tant qu'on n'aura pas levé les craintes. Je veux qu'on arrive à un accord", avait déclaré le ministre sur France 3, au soir des manifestations massives de lycéens, jeudi. "Je ne passerai pas en force sur le bac", a-t-il confirmé dans un entretien publié par Le Parisien du samedi 12 février.
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Ecole : l'enjeu d'une génération; par François Fillon
En France, 60 millions d'avis coexistent sur l'école. Les débats sont encore trop marqués par des clivages idéologiques surannés, par des querelles entre disciplines et méthodes pédagogiques, parfois même entre parents et corps enseignant. Dans ces conditions, espérer atteindre le consensus est une gageure, à moins de le faire sur l'immobilisme. Alors, pour avancer, la réforme doit passer par des choix, des choix forcément critiqués et momentanément contestés.
L'enjeu de cette réforme est considérable : il s'agit, comme l'a voulu le président de la République, d'atteindre l'objectif de la réussite de tous les élèves.
L'école obligatoire recentrée sur les connaissances fondamentales, trois heures de soutien hebdomadaires à tous les élèves en difficulté, un plan sans précédent pour l'apprentissage des langues étrangères, la multiplication par trois des bourses au mérite, la multiplication par cinq des dispositifs relais contre la violence scolaire, le tout représentant un effort financier de l'ordre de 2 milliards d'euros et la programmation de 150 000 recrutements d'enseignants d'ici cinq ans.
Qui peut légitimement affirmer que ce projet ne représente pas une réelle avancée contre l'échec scolaire dans notre pays ? […]Ces choix, je les assume. Alors qu'aucun autre projet d'ensemble ne lui est opposé, notre réforme est donc l'objet de critiques contradictoires. On lui reproche d'être trop prudente, ou au contraire de bouleverser les équilibres actuels. Tout est dit, et son contraire.
Ces contradictions sont révélatrices des hypocrisies trop longtemps accumulées sur l'école. Hypocrisie tout d'abord sur les objectifs et les résultats. L'école doit toujours tout faire, dispenser tous les enseignements, sur tous les sujets, à tous les élèves. Mais, derrière cette façade égalitaire, les résultats stagnent, voire régressent, depuis une dizaine d'années, d'abord au détriment des catégories sociales les moins favorisées. Chacun sait le scandale des 150 000 jeunes qui quittent chaque année le système éducatif sans qualification. Chacun sait la proportion croissante d'élèves - plus de 80 000 aujourd'hui - qui entrent en 6e sans savoir correctement lire, écrire, compter. Chacun sait que la France est classée dernière des pays européens dans l'apprentissage des langues étrangères.
Hypocrisie également autour du débat sur les moyens humains et financiers consacrés à l'école au regard des résultats obtenus. Depuis vingt ans, le nombre d'enseignants a augmenté de plus de 100 000, alors que celui des élèves diminuait de 500 000 ; depuis vingt ans, le budget de l'éducation nationale est en constante progression : la France est classée en tête des pays de l'OCDE pour sa dépense scolaire. Qui ne voit dans ces conditions que la question des moyens ne peut plus être posée sans une redéfinition des priorités et de l'organisation de notre système éducatif ? Ceux qui veulent le statu quo acceptent ces hypocrisies. J'affirme que mon projet incarne la justice scolaire contre la façade égalitaire.[…]
Aux enseignants, que je sais dévoués mais parfois désarmés devant l'ampleur de leur mission, nous proposons de reconnaître par la loi le principe de leur liberté pédagogique, corollaire de leur responsabilité, de restaurer leur autorité, notamment dans les conseils de classe, de mieux organiser leur travail d'équipe dans le cadre du conseil pédagogique dans chaque établissement, de rénover leur formation initiale, d'ouvrir un nouveau droit à la formation continue sur projet personnel.
Mais c'est surtout à nos enfants que ce projet est destiné. Beaucoup de lycéens manifestent ces jours-ci contre certaines de ses dispositions. Je suis sensible à leurs craintes et attentif à leur message. Il ne faut jamais ignorer la voix de ceux qui ont moins de 20 ans. Je leur dis que je ne me retranche pas dans mes certitudes. Mais la situation de l'école exige le changement. Ce projet n'est pas seulement celui d'un responsable politique, mais l'enjeu d'une génération.
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