lundi, octobre 04, 2004

Revue de presse des hebdomadaires
(semaine du 28 septembre au 4 octobre 2004)

Avec un détail d’une photo de Doisneau en couverture, le Point fait sa une avec ce titre « Ecole : la nostalgie de l’autorité. Le grand débat est enfin lancé ». Avec un tel titre on pourrait s’attendre à un dossier étayé et argumenté. Le résultat est plutôt décevant. On y trouve un article sur « le miracle breton » avec l’inévitable Marc Le Bris. Seule une interview d’Hervé Hamon vient contrebalancer ce dossier bien trop schématique et caricatural

Bonne lecture
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Le Nouvel Observateur du jeudi 30 septembre 2004

Rien vu...


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Le Point du 30 septembre 2004

La nostalgie de l'autorité
Dictée, punition, récitation, uniforme, pensionnat : pour sortir de la crise, la France réhabilite les méthodes d'autrefois. Lorsque l'autorité faisait autorité. La nostalgie est-elle la solution ?[…]
Face à l'expansion perpétuelle de la sphère du loisir, qui voit chaque jour apparaître cent nouveaux divertissements, mille nouvelles modes, dix nouvelles chaînes de télé dédiées au sport ou aux mangas, il serait pourtant impératif de rendre à l'école un peu de son lustre perdu. Cela demanderait aux enseignants de ne plus être tétanisés par la peur de « traumatiser » les enfants, qui en ont vu d'autres. Cela obligerait aussi à s'interroger sur le refus plus ou moins inconscient de tout un système de transmettre une culture jugée poussiéreuse et bourgeoise... Alors, faisons un rêve : celui d'une école qui, oubliant arborescences grammaticales et scientisme aveugle, retrouverait, en l'adaptant, l'humble chemin de la « leçon de choses ». Une école qui n'aurait pas honte, au lieu de l'actuel brouet à base de « nouvelle histoire », de faire chatoyer la continuité d'une histoire nationale - sans pour autant retomber dans le « nos ancêtres les Gaulois ». Une école, enfin, qui, jetant au feu les fadaises signées d'épigones de Prévert ou de Boris Vian, saurait s'appuyer sur les grands auteurs - de Villon à Aragon - non parce qu'ils sont « classiques », mais parce qu'ils peuvent mieux que d'autres transmettre l'amour et le sens de la langue.Lire la suite de l’article

Autorité à l'école- Enseignement - Une éducation à revoir

Marc Fumaroli de l'Académie françaiseLe français tel qu'on le parle est riche en mots guillotines : dits sur le ton voulu, « conservateur », « réactionnaire », « traditionnel », « élitiste » ou « nostalgique » : la tête vieillotte et poudrée de l'accusé tombe aussitôt. Les théoriciens français de la sociologie de l'éducation et de la pédagogie ont joué à fond de cette terreur. […]
L'enseignement français devait changer d'échelle, et multiplier le nombre des élèves du secondaire et du supérieur. Le péril était le nivellement. La prudence voulait que l'on ne sacrifiât pas le meilleur de l'ancien système, qui avait fait ses preuves, mais qu'on l'étendît en l'adaptant et en le diversifiant. Au lieu d'une évolution, on a eu une révolution permanente qui a touché les points forts de l'ancien système, le primaire et le secondaire, tout en compliquant son point faible, les universités. Certains doctrinaires de cette révolution ont affirmé, au nom d'une histoire de l'éducation sans réplique, que du passé élitiste de l'école il fallait faire table rase. D'autres ont abouti à la même conclusion au nom d'une sociologie de la « reproduction de classe », qui rejetait la totalité des programmes et des méthodes d'hier à la poubelle de l'Histoire. D'autres encore, saisissant l'occasion rêvée, se sont précipités pour remplir le vide. Ils peaufinaient dans leurs séminaires des théories sur la lecture, sur les niveaux de langue, sur l'interprétation des textes : baptisées progressistes et démocratiques, elles ont été enseignées aux enseignants comme parole d'évangile. […]
Les décibels de la révolution scolaire ont beaucoup baissé d'intensité. On ose laisser entendre des statistiques d'illettrisme, et même suggérer qu'un impitoyable système d'enseignement à deux vitesses s'est imposé en lieu et place de l'efficace ascenseur social de la République, mis à mal sous prétexte d'élitisme.[…]
Bref, le bruit court que la révolution scolaire s'est accompagnée de nombreux « dommages collatéraux ». Et pourtant, il suffit qu'une bouche autorisée rappelle à voix haute la part d'artisanat et de discipline qui entre dans l'apprentissage de la parole et de l'écrit pour que les appels au lynchage s'élèvent : « nostalgie », « tradition », « conservatisme » !
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Interview - Hervé Hamon : « Les pays étrangers sont sidérés par nos querelles. »
Pourquoi l'école est-elle encore le théâtre de ces querelles dépassées entre parents et enseignants, enseignants et experts ? Cela tient sans doute au fait que l'identité nationale s'est construite par l'école. Lorsque nous en débattons, notre identité est en jeu, d'où l'hystérie de certaines positions. Franchement, les pays étrangers sont sidérés par nos querelles. Ici, nous en sommes encore à nous demander s'il faut faire de la pédagogie ou transmettre des savoirs, comme s'il y avait lieu d'opposer le savant et le pédagogue ! En ZEP, certains jeunes profs l'ont immédiatement compris : un bon pédagogue n'est pas celui qui séduit son auditoire ou sait « tenir » sa classe. C'est celui qui transmet des connaissances en se souciant de savoir ce que les élèves ont effectivement et durablement compris.
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Reportage - Le miracle breton
Les méthodes traditionnelles dans l'académie de Rennes devraient servir d'exemple. Comment expliquer ses excellents taux de réussite au brevet tout comme au bac ? Reportage.
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L'Express du 04/10/04

La pub exclue de l'école?
La décision date de cet été, mais le ministère de l'Education ne lui a guère donné d'écho: le tribunal administratif de Cergy-Pontoise a déclaré «illégal» le jeu-concours Les Masters de l'économie que le Crédit industriel et commercial organisait dans de nombreux établissements scolaires.
La motivation principale de ce «jeu d'initiation à la Bourse», auquel participaient plusieurs milliers d'enseignants, relevait d'une habile «approche clientèle», comme on dit au CIC, qui se constituait ainsi à peu de frais un fichier de futurs clients éventuels. Le juge administratif a estimé que «ce jeu, qui avait clairement des objectifs publicitaires et commerciaux pour la banque organisatrice, tombait sous le coup de la prohibition des initiatives de nature publicitaire, commerciale, politique ou confessionnelle» et qu'il contrevenait «au principe de neutralité de l'école».
Ce jugement est d'autant plus gênant qu'il résulte de l'initiative d'un professeur de philosophie, Gilbert Molinier, qui, après s'être élevé en vain contre l'organisation de ce concours au lycée Auguste-Blanqui de Saint-Ouen, a saisi le juge administratif. Et ce rappel à l'ordre souligne la complicité de nombreux responsables éducatifs, recteurs, proviseurs et même syndicats enseignants ayant laissé faire, acceptant que la présentation du concours ait lieu durant les heures d'enseignement. Le contexte de ces dernières années explique ce manque de vigilance: les initiatives publicitaires croissantes des marques lorgnant sur les populations lycéennes avaient été encouragées par une circulaire de mars 2001, ébréchant pour la première fois l'interdiction de la publicité à l'école en vigueur depuis 1936.
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L’œil du psy : L'autorité qui fait grandir

Fondée sur un savoir à transmettre, l'autorité du maître crée une communauté de travail. L'école n'est pas la famille
Cette rentrée scolaire relance les débats sur l'autorité, avec Le Pensionnat de Chavagnes sur M 6, les discussions sur l'uniforme et le retour à la dictée, considérée par beaucoup, enseignants, parents, enfants, comme une brimade. Sans compter deux livres parus sur le sujet pour la rentrée: La Fin de l'autorité, d'Alain Renaut (Flammarion), et Les Interdits, fondements de l'autorité, du sociologue Michel Fize (Presses de la Renaissance). Selon ce dernier, «l'autorité est aujourd'hui moins dans le statut ou la fonction que dans l'individu et sa compétence».
Sommes-nous condamnés à l'alternative entre, d'une part, une figure d'autorité incarnant un pouvoir vécu comme contraignant et arbitraire et, d'autre part, une relation pédagogique qui expose la propre personne de l'enseignant ou de l'éducateur dans un registre forcément plus émotionnel que rationnel? En réalité, cette opposition entre autoritarisme et relation charismatique est factice. Dans les deux cas, l'enjeu du savoir et de sa transmission est effacé au profit d'un face-à-face entre l'enseignant et l'élève qui soit tourne à l'affrontement soit vire à la séduction virtuelle: le professeur tient à exister aux yeux de l'élève.
Or, étymologiquement, l'autorité est ce qui fait croître, grandir, ce qui autorise à se séparer, bref, le contraire de l'adhésion. Mais cela implique une certaine distance. Le partage du savoir et du travail prépare l'élève à une certaine égalité avec l'enseignant, égalité qui n'existe pas au départ.
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Le Figaro-Madame / Le Figaro Magazine samedi 2 octobre 2004

Rien vu...


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Politis du 30 septembre 2004

Éditorial de Bernard langlois
La nostalgie est à la mode. Elle coule dans les romans de cette rentrée littéraire, dits « générationnels », parce qu’une classe d’âge qui prétendait changer la vie, celle du baby-boom, est censée s’y reconnaître, toute honte bue et rêves éteints. Elle éclate dans le souvenir embelli d’une école d’autrefois, où l’uniforme et les blouses grises masquaient les inégalités de classe, où les maîtres étaient respectés, où l’on apprenait à écrire et à compter, au besoin à coups de règle sur les doigts. Le triomphe audimateux du « Pensionnat de Chavagnes », venant comme en écho aux déclarations de M. Fillon, en dit long sur ce fantasme d’ordre et de discipline, ce sentiment que « tout était mieux avant », qui n’est, au fond, que nos regrets d’une jeunesse enfuie.
Qui fait bien rigoler celle d’aujourd’hui. Tant il est vrai que le refuge dans la nostalgie est un privilège de l’âge !
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