lundi, novembre 14, 2005

Revue de presse du lundi 14 novembre 2005

«Même si on est quinze mille dans le hall, à fumer et boire pour oublier notre galère, en fait, on est tout seul, mec. [...] Et puis à l'école, demande à chaque mec des cités : "T'as quoi comme diplôme ?" Il va te sortir : "J'ai un BEP, moi !" [...] Il y en a combien de millionnaires en BEP ? Tu vas voir la conseillère d'orientation, elle te sort : "J'ai un bon plan pour vous : faites un BEP chaussures." Les gens, ils m'ont attendu pour marcher ? Alors, elle va faire : "Un BEP chaudronnerie ?" Chaudronnier, tu crois que je vais faire quoi avec un chaudron ? [...] Tu sais que deux jeunes sur trois ont un gun dans les cités, un sur six a un fusil à pompe et ça peu de gens le savent.». Ces paroles datent de 1998 et sont d’Oxmo Pucino, un rappeur français. Libération a eu la bonne idée d’aller relire quelques textes de rap des dernières années pour y trouver les signes de ce qui se passe aujourd’hui. Ca s’appelle « Les rappeurs l’avaient bien dit et c’est très bien. Lisez le, même (et surtout) si vous n’aimez pas le rap…
L'apprentissage à 14 ans, "c'est la condamnation à perpétuité à des tâches de pure exécution", dit Philippe Meirieu, dans un texte paru sur le Café Pédagogique et repris dans une dépêche AFP. Il rappelle que "faire sortir du système scolaire un enfant à 14 ans, c'est décider de son sort à 12 ou 13 ans". ".Il évoque aussi " le renoncement conjugué de la société, qui abandonne certains de ses enfants sans leur donner les clés du monde complexe dans lequel nous vivons et le renoncement des élèves eux-mêmes... .
Ce n’est pas du rap mais c’est bien dit quand même…".

Bonne Lecture...
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Libération du 14/11/05


Les rappeurs l'avaient bien dit
Dix artistes revisitent leurs textes, souvent prémonitoires, à la lumière de l'actualité.
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«Pourquoi je casse les voitures de mes voisins»
«Lulu» a participé aux affrontements dans le quartier du Mirail, à Toulouse.
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Pour ses 18 ans, Naboudou «invitée» à quitter le pays
Grâce au soutien de son lycée parisien, cette orpheline ivoirienne a obtenu un répit : son expulsion est repoussée à la fin de l'année scolaire
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«La violence est souvent le seul mode d'expression dans ces quartiers»
Rencontrée via notre blog Vu(es) à Aulnay-sous-Bois, Sérénade Chafik travaille au planning familial de la ville. Et parle de la violence au quotidien, au sein des familles, à l'école, contre les femmes...
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Les cités et le monde ado
par Maxime TRAVERT et Pierre THERME

Maxime Travert est maître de conférences à l'IUFM d'Aix-Marseille. PierreTherme est professeur à la faculté des sciences du sport de Marseille.

Construire un être-ensemble pour sortir de l'entre-nous des jeunes des quartiers.[…] Comprendre et expliquer, c'est aussi envisager comment tenter d'agir. Comment ouvrir l'espace dans lequel se construisent les repères identitaires ? Comment passer d'un «entre-nous» à un «être-ensemble» ?
Deux vecteurs nous semblent incontournables : l'appropriation d'une culture commune et l'homogénéisation des expériences vécues.
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Le Figaro du 14/11/05


Banlieues : les pistes pour sortir de la crise
Des poches de violences perdurent en province, notamment à Lyon. L'incarcération d'un policier suscite la colère de ses collègues.
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Un nouveau djihad selon des sites islamistes
Les «policiers croisés» et la «France terre d'infidèles» sont attaqués sur les forums arabophones radicaux.

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Violences urbaines : c'est l'Etat qui a pris feu
Par Guy Sorman

La guérilla urbaine engagée par les «jeunes des banlieues» n'est qu'un témoignage de plus de la déconnexion totale entre la société française telle qu'elle est devenue et la classe politique telle qu'elle ne change pas. L'Etat en France, c'est-à-dire ceux qui le dirigent, manifeste depuis une trentaine d'années un remarquable autisme qui affecte équitablement tous les partis : tous, il est vrai, recrutent dans le même marigot défini par quelques grandes écoles parisiennes. Pour l'Etatocratie, rien ne change et rien ne doit changer parce que la France est parfaite comme elle est et parfaite comme elle le fut. La conception de l'Etat, les manières de le gérer sont immuables, définies au XIIIe siècle : il convient que la société s'y adapte. Dans cette idéologie de l'Etat, il existe un modèle parfait que le monde nous envie, l'Etat en haut, la société en bas. L'Etat fixe le cap, la société suit. Cette société est constituée d'individus égaux par définition. 

Or, depuis les années 1980, l'Etat parle dans le vide et la société file dans mille autres directions.
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Aidons les jeunes qui veulent s'en sortir !
Par Jacques Kossowski

Les événements très graves qui secouent les banlieues de nos villes et mettent à l'épreuve l'avenir de notre pays nous autorisent aujourd'hui à poser la question de l'efficience des politiques de la ville menées depuis maintenant plus de vingt ans. Si elles ont sans doute permis des progrès, notamment dans le domaine du cadre de vie, force est de constater qu'elles n'ont pas suffi à empêcher les dramatiques émeutes auxquelles nous assistons, et dont nous sommes collectivement victimes. 

Alors, que faire ?
un effort doit être porté sur celles et ceux qui, sur l'ensemble de l'Hexagone, des banlieues jusqu'aux campagnes, veulent s'en sortir, malgré l'adversité. Il est impératif que l'Education nationale agisse en particulier en direction des jeunes qui prouvent, à travers leurs résultats scolaires, une volonté et une aptitude à réussir. Ainsi que l'a proposé le premier ministre, ces élèves pourraient recevoir les moyens de leurs ambitions, grâce à une augmentation significative du nombre de bourses allouées et à la multiplication des internats d'excellence. Pour ma part, je suis convaincu que ces internats, situés en dehors de leurs cités, leur donneraient la possibilité de poursuivre leurs études dans des conditions optimales. Un enfant brillant dont la mère est au chômage et dont le frère aîné vit de trafics est en danger. Au contraire, s'il sort de ce milieu, ses chances de réussite et d'insertion deviennent réelles. Un système d'exemplarité se met alors en place, le trafiquant est marginalisé au lieu d'être valorisé, et l'ascenseur social redevient une réalité. Nous pensons en particulier que l'internat, conçu de manière positive, serait d'une extrême utilité pour les jeunes filles qui, outre le climat délétère qu'elles subissent, sont soumises à des contraintes d'ordre culturel qui les empêchent souvent de se réaliser, quand bien même elles en auraient les capacités.
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Banlieues : le trauma colonial
En s'appuyant, pour permettre l'application du couvre-feu, sur la loi du 3 avril 1955 qui avait institué l'état d'urgence au début de la guerre d'Algérie, le gouvernement a mis en évidence le retour du refoulé colonial. Le traumatisme de la guerre d'Algérie, longtemps enfoui à la faveur des années d'expansion, exerce des ravages de plus en plus insidieux dans la conscience nationale française. Il se manifeste aujourd'hui avec une violence sans précédent depuis les émeutes des Minguettes, Vénissieux et Vaulx-en-Velin en juillet 1981.
Les enfants de l'immigration maghrébine n'ont pas tant souffert du handicap de la langue ou de leur appartenance à l'islam, qui s'est réveillée par réaction, que d'une rapide et complète déculturation. La disparition des structures familiales qui les encadraient aurait dû être compensée par l'enseignement des codes et des valeurs de leur société d'accueil. Le malheur est que les établissements scolaires, dominés par l'idéologie de ceux qui avaient combattu la guerre d'Algérie, ont été assez largement paralysés par la culpabilité de la mémoire coloniale.
Au sein d'une administration traumatisée par les déboires de l'expérience algérienne, on a cru de bonne foi que la prévention serait préférable à la sanction et que le respect des pratiques vernaculaires serait un meilleur outil d'intégration que la stricte application des principes républicains. On a voulu éviter le conflit. On récolte aujourd'hui la violence. […]
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L'Humanité du 14/11/05



Pas encore en ligne


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Le Parisien du 14/11/05 ( payant)



« Les jeunes attendent un geste fort, pas des mesurettes »
MALGRÉ 3 300 arrestations parmi les émeutiers dont 2 652 placés en garde à vue, 375 condamnations à des peines de prison ferme et 107 mineurs incarcérés (aucun en Seine-Saint-Denis), l'effet dissuasif de cet arsenal judiciaire ne semble pas décourager...
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« Une période à hauts risques s'ouvre »
Les jeunes de banlieue sont-ils en train de renvoyer la « fracture sociale » à Jacques Chirac comme un boomerang ? Gérard Mermet. C'est le moins que l'on puisse dire…
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La France s'installe dans la crise des banlieues
Dix-huit jours après le début des émeutes qui secouent la France, la fièvre ne retombe pas. Alors que le gouvernement devrait aujourd'hui reconduire l'état d'urgence, rien ne sera plus comme avant. Et maintenant ?
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La Croix du 14/11/05



L'Espagne rejette la réforme scolaire
Plusieurs centaines de milliers de parents, enfants, enseignants et membres du clergé catholique ont défilé samedi 12 novembre à Madrid contre le projet du gouvernement
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20 minutes du 14/11/05



Des avocats parisiens profs d’instruction civique
Plus de 300 avocats parisiens se sont portés bénévoles pour dispenser des cours dans une quarantaine de lycées et collèges parisiens. De la 6e à la terminale, plus de 33 000 élèves de la capitale devraient ainsi recevoir, ces prochains mois, en cours d’instruction civique, une présentation du système judiciaire français.

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Aider des lycéens à intégrer des grandes écoles
Briser le « plafond de verre ». Beaucoup de jeunes issus de l’immigration ne s’imaginent pas poursuivre des études, alors qu’ils en sont capables. Des étudiants de grandes écoles parrainent des lycéens scolarisés en milieu difficile, et souvent issus de l’immigration, afin de développer leur ambition et leur confiance en eux.
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Ouest-France du 14/11/05



EDITORIAL
Intégration, l'état d'urgence

Les feux de voitures déclinent. Les cocktails Molotov s'épuisent et Paris ne brûle pas. Les tensions dans les banlieues connaissent, pour le moins, un répit. Retour à l'ordre public. C'est le bilan espéré de cette dix-huitième nuit de violences urbaines.[…]
La crise des banlieues couve depuis trente ans. Longtemps, on a pensé que la priorité était de retaper les immeubles, de détruire les « barres concentrationnaires ». À l'école, on a créé les Zep, ces zones d'éducation prioritaires chargées d'assurer l'égalité des chances. Le modèle français se croyait à l'abri des ghettos. C'était oublier les effets de la discrimination, « ce poison pour la société », dit Louis Schweitzer.
Cette crise n'a cessé de se creuser, au point de voir ces jeunes Français se jeter dans une violence provocatrice, s'attaquant autant à eux-mêmes qu'à la société qui les entoure. Ils sont repliés sur leur groupe et leur quartier, mais ont-ils définitivement tiré l'échelle ou demandent-ils au contraire à la société de tenir ses promesses et de les sortir d'un désespoir rageur et nihiliste ?[…]
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Le Monde daté du 15/11/05



Banlieues : les médias américains sans complaisance

La couverture par les médias américains des émeutes en France a été intensive et est allée crescendo avant d'être supplantée par les attentats terroristes en Jordanie. Cela était vrai à la fois pour les chaînes télévisées d'information en continu comme CNN, Fox News et MSNBC, les classiques CBS, ABC, NBC, les grands quotidiens et les magazines.
Sur les chaînes d'information, la dramatisation et la mise en scène étaient comme toujours spectaculaires et sans nuances. CNN Etats-Unis ouvrait systématiquement ses reportages avec en titre "Paris burning" (Paris brûle) sur fond d'images de voitures en feu. Fox News marquait sa différence avec en lettres rouges "Muslim Riots" (émeutes musulmanes) devant un drapeau bleu blanc rouge flottant au vent.
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Plusieurs associations critiquent la prolongation de l'état d'urgence
Plusieurs associations ont exprimé leur inquiétude suite à la décision du conseil des ministres, lundi 14 novembre, de prolonger de trois mois l'état d'urgence en France.
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A gauche, un début de mobilisation
Après quelques jours d'atermoiements où, à gauche, les partis et associations étaient partagés sur la façon de s'opposer à la décision du gouvernement d'instaurer l'état d'urgence, un appel unitaire devait être publié, lundi 14 novembre.
Le texte signé par une trentaine d'organisations parmi lesquelles la CGT, la FSU, l'UNSA, l'Union syndicale Solidaires, le Syndicat de la magistrature et le Syndicat des avocats de France, le MRAP, la Ligue des droits de l'homme (LDH), Attac, la FCPE, le Gisti, le PCF, les Verts, Lutte ouvrière, les Alternatifs (autogestionnaires) et le MARS (républicains de gauche), se veut une première réponse contre le projet de loi présenté, lundi, en conseil des ministres qui prévoit de prolonger l'état d'urgence pour une durée de trois mois.

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Le Nouvel Obs Quotidien du 14/11/05


"Le gouvernement prépare
l'insécurité de demain" 

par Jean-Pierre Dubois,
président de la Ligue des Droits de l'Homme (LDH).
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Une sélection dans les dépêches du 14/11/05



Le Snes demande à Robien un "Grenelle des établissements difficiles"
Le premier syndicat des lycées et collèges, le Snes-FSU, a rendu publique lundi une lettre au ministre de l'Education nationale, Gilles de Robien, lui demandant d'organiser un "Grenelle des établissements difficiles".
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Apprentissage à 14 ans: un "renoncement" pour Philippe Meirieu
Le pédagogue Philippe Meirieu estime que baisser à 14 ans le début de l'apprentissage s'apparente à une "institutionnalisation du renoncement", dans une tribune publiée lundi par le café pédagogique, une association de professionnels de l'Education.
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Elèves algériens expulsés en cours d'année scolaire: protestations au Havre
Des enseignants, soutenus par les syndicats FSU, CFDT et Sud, ont protesté lundi contre l'expulsion en cours d'année scolaire de trois élèves algériens, en même temps que leurs parents qui étaient en situation irrégulière, a-t-on appris de source syndicale.
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Circulaire de l'Education nationale sur l'enseignement de l'esclavage
Le ministère de l'Education nationale incite les enseignants à insister sur le devoir de mémoire sur la traite négrière, l'esclavage et leurs abolitions, au delà des programmes qui les abordent, dans une circulaire parue lundi au bulletin officiel.

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Ecoles cibles des violences urbaines: "facilité" et "autodestruction"
De nombreuses écoles ont été la cible des violences urbaines, car ce sont des bâtiments publics nombreux et faciles à attaquer, qui symbolisent en outre le savoir et les qualifications dont beaucoup d'émeutiers estiment être privés, selon l'analyse de responsables syndicaux enseignants.

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Pour en savoir plus




L’indispensable café pédagogique



Le site de VousNousIls (Rubrique dépêches de l’éducation AFP)



La maison des enseignants



Les dépêches AFP-Éducation sur le site Voila.fr



Le site Yahoo Actualités, rubrique éducation

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