mercredi, novembre 03, 2004

Revue de presse du mercredi 3 novembre 2004

Bush Repetita ou plutôt Four more years… et beaucoup d’entre nous se retrouvent dans un état proche de l’Ohio… Brrrr !

Revenons à notre sujet, avec malgré tout une actualité assez riche pour l’éducation. Signalons en premier lieu, le texte de Jean-Yves Rochex dans l’Humanité critiquant vivement le rapport Thélot. On trouve aussi trois articles dans 20 minutes sur l’autorité et le retour de la punition collective.

Bonne Lecture...
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Libération du 03/11/04


De la misère en milieu étudiant
Il y eut, voici moins de six semaines, la découverte de ce spécimen qui nous sidéra : l'étudiant SDF, s'hébergeant comme il peut _ et plutôt mal que bien _ de foyer Sonacotra en centre Emmaüs […]Et soudain, tout frais de la semaine dernière, dans la même jungle, la mise au jour de la sous-espèce étudiant affamé _ ou «étudiant ventre vide», du nom qu'ont donné le Secours populaire et la Fage (Fédération des assemblées générales étudiantes) à leur opération de collecte de tickets restaurant. A l'origine de leur caritative initiative, le constat effarant que, dans un des pays les plus riches du monde (ne cherchez pas, c'est ici...) et selon des chiffres impeccablement officiels, sur quelque 2 millions d'étudiants, 107 000 sont «en situation de précarité», et 22 600 «en situation de pauvreté grave et durable». Entendre, dans cette bureaucratique expression, que c'est tous les jours que plus de 20 000 gosses ne bouffent pas à leur faim.
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Le Figaro du 03/11/04


Une garantie locative de la Ville de Paris pour les étudiants
Le constat est alarmant mais la Ville de Paris espère bien y remédier : alors qu'en province plus d'un étudiant sur deux peut s'installer à son propre domicile dès l'âge de 21 ans, les jeunes ayant choisi une scolarité parisienne sont généralement contraints d'attendre deux ans de plus.
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L'Humanité du 03/11/04


Rapport Thélot : logique de renoncement
Par Jean-Yves Rochex, professeur en sciences de l’éducation à l’université Paris-VIII Saint-Denis.

Les zélateurs et les auteurs du rapport Thélot le présentent volontiers comme le seul moyen, la dernière chance d’affirmer une ambition pour l’école, de sauver le collège unique et d’aller vers « la réussite de tous les élèves » face aux assauts conjugués de tous ceux, conservateurs ou « républicains » défenseurs proclamés de - l’élitisme, pour lesquels notre système éducatif serait victime, non d’une insuffisance, mais d’un excès de démocratisation.
La lecture attentive du rapport conduit à de tout autres conclusions, tant celui-ci est soutenu tout à la fois par un aveuglement - sociologique pour le moins surprenant et - inquiétant, et par une logique de renoncement que ne suffisent pas à dissimuler les propositions et les effets d’annonce sur la réussite de tous et sur l’engagement de la nation à garantir à chacun la maîtrise d’un socle commun de connaissances, de compétences et de comportements. […]
Quant à la définition du socle commun et à ses rapports (pour le moins obscurs dans le rapport) avec les autres enseignements, communs ou complémentaires, le moins que l’on puisse dire est qu’ils ne servent pas les ambitions proclamées. La définition très générale, fort peu opératoire, et sans rapport explicite avec aucun contenu de programme, du contenu de ce socle commun (« lire, écrire, maîtriser la langue et les discours, compter, connaître les principales opérations mathématiques, s’exprimer - y compris en anglais de communication internationale -, se servir de l’ordinateur, vivre ensemble dans notre - République ») ne peut qu’ouvrir la porte à la détermination a minima de ce qui serait ainsi garanti à tous. Le rapport va d’ailleurs lui-même dans ce sens, dans les rares - et affligeants - passages où il apporte quelques précisions sur la manière dont il conçoit les deux « piliers » du socle commun.[…]
En effet, la logique maîtresse qui sous-tend l’ensemble du rapport est celle de l’adaptation de l’école, de ses parcours et exigences, à la diversité des élèves. Ceux-ci, nous répète-t-on, à de très nombreuses reprises, sont différents par leurs talents, leurs aptitudes, leurs besoins, leurs intérêts, leurs rythmes d’apprentissage, leur mérite etc. Il conviendrait dès lors que l’école reconnaisse ces différences et y adapte ses exigences pour « permettre à chacun de trouver sa voie de réussite ». Apparent bon sens derrière lequel se profile une incroyable et inquiétante cécité sociologique qui s’aveugle sur le fait que ces différences sont aussi, très souvent, des inégalités, qu’elles ne sont pas seulement des caractéristiques individuelles des élèves, mais des constructions sociales, scolaires et non scolaires. La logique d’adaptation étroite qui nous est proposée, parce qu’elle ne se donne jamais la peine d’analyser ce qui, dans les différents milieux sociaux et les différentes configurations familiales, donne forme et contenu aux différences ainsi mises en avant, non seulement tend à considérer celles-ci comme naturelles, mais ne peut que conduire l’école à entériner et à accroître les inégalités qui lui préexistent, en ignorant ou en minorant le rôle qu’elle devrait jouer, non dans « l’expression » des talents et des mérites et dans « l’éclosion » des excellences, selon les termes révélateurs utilisés par les auteurs du rapport, mais dans leur formation et leur développement.
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Le Parisien du 03/11/04


Entre autorité et tendresse, le rôle du père par Edwige Antier

DOLTO RÉCLAMAIT qu'on humanise le « père fouettard ». « Lorsque le père revient, qu'il ne soit pas prévu que chaque bêtise de l'enfant lui soit racontée. Eh bien, tu verras quand ton père reviendra ! Parce que c'est souvent ce rôle de croquemitaine qui est donné au père absent.» De Dolto, chacun a retenu que le père n'était pas là pour être craint mais pour jouer avec l'enfant, être tendre comme la mère. « J'en ai assez, se plaint Astrid, devant son garçon hilare. C'est toujours moi qui râle pour qu'il fasse ses devoirs de classe, range sa chambre. Il se bat avec le petit, regarde la télé, et lorsque le père rentre, il me dit qu'il n'a pas envie d'être là pour sévir. J'ai vraiment le mauvais rôle ! » Et le père de confirmer : « Je ne vais tout de même pas rentrer pour donner des punitions !»
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La Croix du 03/11/04


Rien vu...


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20 minutes du 03/11/04


Sujet de l’interro: l’autorité des profs
L’école a-t-elle des problèmes d’autorité ? Une circulaire adressée aux enseignants le 19 octobre a suscité hier plusieurs réactions (lire ci-dessous). Les débats organisés dans le cadre de la sortie aujourd’hui du film Les Fautes d’orthographe, de Jean-Jacques Zilbermann, dont l’action se déroule dans un pensionnat en 1968, ont eux aussi reposé la question à Lyon ou à Paris, où professeurs et spécialistes ont évoqué les nuances entre autorité et autoritarisme.
La question est dans l’air : au moment de la publication du rapport Thélot sur la nouvelle loi d’orientation de l’école, François Fillon, ministre de l’Education nationale, a expliqué qu’il entendait « restaurer l’autorité face à vingt-cinq ans de laxisme » et « la perte des repères civiques et moraux », reprenant la position de son prédécesseur, Luc Ferry.
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Parents et élèves contre les punitions collectives
C’est le retour aux sanctions de groupe. Une circulaire du 19 octobre à l’attention des recteurs, inspecteurs et chefs d’établissement, instaure la possibilité du recours aux punitions sur un groupe d’élèves perturbant la classe. « Ce n’est pas le bagne, affirme-t-on au ministère. Le professeur donnera simplement un travail pédagogique supplémentaire. » Le président de la FCPE a déclaré, hier, qu’il comptait « déposer un recours devant le conseil d’Etat » concernant cette « décision arbitraire, contraire au droit ». « Cela ne restaure en aucun cas l’autorité des enseignants », selon l’autre fédération parentale, la Peep.
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« Nos voisins n’ont pas ce sentiment de crise»
François Dubet

La crise de l’autorité est incontestable. Autrefois, celle des maîtres et des adultes était considérée comme allant de soi, parfois accompagnée de violences. On pense aujourd’hui que le rétablissement des sanctions disciplinaires rétablira l’autorité, mais cela suffit juste à maintenir l’ordre. Il convient de réfléchir à l’intérêt des apprentissages pour les élèves et à la sécurisation des établissements. Ce sentiment de crise, alimenté par un climat généralement réactionnaire, n’existe pas chez nos voisins.
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Le Monde daté du 04/11/04


Déchirer le voile, par Alina Reyes
Aujourd'hui, dans notre pays, des filles et des garçons ont été contraints de passer les premières semaines de la rentrée scolaire à l'écart des autres élèves, exclus des salles de classe et des cours de récréation avant d'être exclus du collège ou du lycée, c'est-à-dire de l'accès au savoir, au motif qu'ils cachent leurs cheveux sous un foulard, un bandana, un turban ou un sous-turban. Et au nom de la loi, qui permet à un être humain, en toute bonne conscience laïque et républicaine, de nier un autre être humain, là, sur le terrain, face à face, sans soulever la moindre indignation, sinon celle des victimes. Une fois ce mécanisme enclenché et entériné, l'Histoire nous apprend qu'on peut aller très loin dans le pire...[…]
Ce début de XXIe siècle, qui tente abominablement, pour être, d'être spirituel, cherche aussi désespérément, et par les pires moyens, à retrouver ce vert paradis des amours enfantines que chantait le poète des Fleurs du Mal. Pédophilie criminelle, organisée ou non, touristique ou familiale, terrorisme basé sur une foi en une mort pourvoyeuse de vierges en sont les manifestations les plus directes du spectacle mondial, résumé en croisade du Bien contre le Mal.
Mais ce désir perverti de pureté s'exprime aussi au quotidien, de façon heureusement moins sanguinaire, dans les nombreuses contraintes qui pèsent sur les enfants, religieuses parfois (aussi bien dans le rigorisme de chrétiens intégristes que dans l'image de petits garçons à papillotes ou petites filles voilées), mais surtout commerciales (l'enfant étant censé être roi, donc prescripteur d'achats) et dans la soumission des femmes à la chirurgie rajeunissante ou aux signes ostentatoires de pudeur. Cherchez l'homme...
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