jeudi, mars 15, 2007

Alain Bentolila : l'incantation et le renoncement

Dans Le Monde daté du 16 mars 2007, on peut lire une tribune d'Alain Bentolila intitulée "École, mythe et mirage de la démocratisation". Comme Le Monde met en ligne de plus en plus tard je n'ai pas pu l’intégrer à la revue de presse de demain. Mais sa lecture me fait réagir à chaud.
Si on peut être d’accord à 70% avec ce qui y est dit, le problème c’est les 30% restants et les implicites qui vont avec...
J’y relève une contradiction majeure. Lorsqu’il dit “Si elle a réussi la massification de ses effectifs, l'école a raté sa démocratisation.”, on ne peut qu'être d'accord avec cela. La démocratisation est en panne depuis le début des années 90 comme le montre très bien Christian Forestier dans "Que vaut l'enseignement en France".
De même lorsqu’Alain Bentolila écrit “Mais ce défi ne pouvait certainement pas être relevé par une école qui était conçue pour accueillir des privilégiés préalablement triés. Il aurait donc fallu que cette école se transformât en profondeur dans ses contenus, sa pédagogie, la formation de ses maîtres et ses finalités professionnelles. Elle est en fait restée identique à elle-même. Si, aujourd'hui, une véritable faille culturelle fracture et pervertit notre école, c'est parce qu'aucun responsable ni de gauche ni de droite n'a osé sacrifier le confort d'un statu quo sans cesse négocié à l'impopularité des profondes réformes nécessaires.” On ne peut que partager l'idée que l'école doit s'adapter à la diversité (sans sacrifier à ses exigences) et que c'est là, d'abord un véritable défi pédagogique plus qu'une question de moyens.


Mais là où ça dérape, c’est lorsqu’il écrit “Notre école se ment et ment à ses élèves, dont les frustrations seront d'autant plus exacerbées que le constat de leurs insuffisances aura été déraisonnablement repoussé.” et surtout “Nous vivons depuis des années sur un mythe : la démocratisation de l'éducation se jugerait à sa capacité de maintenir le plus longtemps possible le plus d'élèves possible dans le système scolaire. Se sont donc trouvées confondues la longévité scolaire avec l'efficacité et la qualité des enseignements.
Il y a beaucoup d’implicite et surtout une contradiction. La contradiction c’est qu’après avoir déploré l’immobilisme et même manifesté un certain volontarisme pédagogique, il invite au renoncement : “ces élèves ne sont pas au niveau, ils sont “insuffisants”, c’est ainsi prenons en acte et éjectons les du système scolaire...”.
Car l’implicite est bien là, dans l’idée que de toutes façons la pédagogie ne peut rien et il ne sert à rien de conserver ces enfants dans le système scolaire. “ne les maintenons pas plus longtemps dans le système scolaire”.
Pour un peu on y verrait presque une justification de l’apprentissage à quatorze ans...
Un portrait paru dans Libération hier mercredi 14/03 , laissait entendre qu’il était proche de Nicolas Sarkozy.
Lui, je ne sais pas, mais ses idées...


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