dimanche, mai 25, 2008

Palme d'or pour "Entre les murs"

La palme d'or du festival de Cannes 2008 a été attribuée à Laurent Cantet pour son film "Entre les murs" d'après le récit éponyme de François Bégaudeau qui est aussi l'acteur principal du film. Cette palme d'or me réjouit pour plusieurs raisons.

D'abord parce que j'ai beaucoup apprécié ce livre lors de sa sortie. Je l'ai beaucoup offert à des amis et des collègues et aussi beaucoup défendu en salle des profs (dans mon lycée) où il était diversement apprécié. L'association que je préside aujourd'hui l'a aussi fortement soutenu à l'époque.
Ce que j'ai aimé dans ce livre, c'est en particulier ce qu'il dit sur le métier d'enseignant et ce qui se joue “entre les murs” de la classe. Il ne cache rien des hésitations, des doutes et des erreurs aussi qui sont le quotidien du métier d'enseignant. Le "héros" n'y est pas toujours à son avantage si l'on se rappelle certaines scènes. Sans vouloir "récupérer" le propos du livre, j'ai envie de dire que c'est peut-être dans ces hésitations, ces doutes qu'on voit le mieux la pédagogie et les pédagogues. Bien plus que dans les discours assis dans le confort des certitudes.  J'ai aimé aussi le discours ni misérabiliste, ni angélique, juste "réaliste" et bienveillant, sur les élèves. Je ne lis pas dans ce livre, les opinions faciles sur le déclin de l'école et le sempiternel refrain du "niveau qui baisse". J'y entends un discours nuancé qui nous dit que les choses sont bien plus complexes et qu'il faut se garder des clichés et des stéréotypes.

On pouvait être très inquiet d'une adaptation cinématographique d'un tel récit. Mais lorsque j'ai appris que c'était Laurent Cantet qui allait la faire, mes craintes ont été levées. Je tiens Ressources Humaines pour un des films les plus forts que j'ai vus au cours de ces dernières années. Peut-être parce qu'il me touche de manière très intime. Ce décalage entre le milieu social d'origine et celui auquel on est parvenu, qu'on retrouve (très bien décrit aussi dans “la place” d'Annie Ernaux), est très bien décrit  et correspond à des sentiments que j'ai moi même éprouvés. Pour tout dire, il y a des scènes de ce film que je ne peux voir sans avoir des frissons et les yeux mouillés...
Et pourtant, je l'ai vu et revu ce film ! Puisque c'est aussi un excellent support de cours pour le professeur de Sciences économiques et sociales que je suis. En dehors de l'émotion qu'il me procure, j'apprécie ce film car, là aussi, il ne tombe pas dans la facilité et le manichéisme. Il nous donne à voir un monde social et des relations humaines complexes. La manière dont s'est construit le film et le travail avec les jeunes acteurs (dont François Bégaudeau faisait la chronique dans Le Monde de l'Éducation) est aussi la preuve d'un réalisateur subtil et respectueux de son sujet.

La combinaison de ces deux talents au service de ce récit me laissait donc penser que le résultat ne pouvait pas être décevant. La sélection pour Cannes était déjà un très bon indice. Visiblement le jury du festival  a été plus loin encore en le récompensant de la palme d'Or.
Reste maintenant à attendre le 10 octobre pour la sortie en salle !

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