lundi, septembre 27, 2004

Revue de presse des hebdomadaires
(semaine du 21 au 27 septembre 2004)

Le Figaro Magazine en remet une couche cette semaine sur la Commission Thélot en lui reprochant de ne pas avoir soulevé les questions de fond. Lisez en particulier l’ntervention d’Élisabeth Atschull sur l’égalitarisme. Edifiant !
Le Nouvel Observateur s’intéresse , quant à lui, à la question de l’autorité, à travers les propos de l’omniprésent Marc Le Bris qualifié de «star de la rentrée ». Rappelons que les prétendues stars , ce sont les médias qui les fabriquent … Le groupuscule de «Sauver les lettres » a une couverture médiatique démesurée par rapport à son audience réelle. Il est bon de le rappeler.
Bonne lecture...
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Le Nouvel Observateur du jeudi 23 septembre 2004 - n°2081

«Si t’es pas content, tu vas t’en prendre une! » : Le retour du bâton

La star de la rentrée s’appelle Marc Le Bris. Il est instituteur à Médréac, près de Rennes, et a «touché» son ministre par un pamphlet apocalyptique sur l’école , sorti discrètement en avril, et déjà vendu à plus de 35000 exemplaires. François Fillon l’a longuement reçu Rue-de-Grenelle avant de prononcer son discours de rentrée. Les médias se l’arrachent, JT de TF1, France 2, France 3, Ruquier, même le «Times» est venu dans son école... Ce mercredi matin, dans un café parisien, c’est l’Elysée qui téléphone. Les conseillers du président veulent le voir. Après des années de colère rentrée, il savoure: «Les temps changent.» Son père, ancien instit, aurait préféré qu’il épargne Jospin dans son livre: «Il craint que ça fasse du tort à la gauche. Mais ce que je dis n’est ni de droite ni de gauche, c’est populaire. Et, manque de pot, c’est Fillon qui a eu l’intelligence de le sentir.»
Il a une bonne bouille d’instit de province, la cinquantaine, pantalon de flanelle, crâne dégarni, petites billes noisette, lunettes autour du cou... Il mitraille son discours simple comme s’il y avait urgence, il faut «sauver le système. C’est sacré, l’école». Son livre rend hommage aux maîtres d’antan, ces «instits de rigueur et d’honnêteté», à l’école républicaine, «excellente jusqu’aux années 1960», avant que les curés de la nouvelle pédagogie, jargon, circulaires et belles idées, ne viennent tout détruire. Il est fou, fou contre ces théories modernes qui considèrent les petits comme les acteurs de leur propre apprentissage. Contre cette inspectrice qui lui reproche d’interdire «sous prétexte que j’empêche alors le développement de l’autocontrôle chez mes élèves. On est censés faire des réunions citoyennes pour qu’ils édictent ce qu’ils doivent s’interdire à eux-mêmes!». Le Bris tape fort contre ce système qui aurait tué l’autorité de l’enseignant. «On nous condamne pour un coup de pied aux fesses, on nous convoque quand un père nous traite de connard. Le maître d’école redevient le valet qu’il était sous l’Ancien Régime. On marche sur la tête ! Revenons à l’école de Condorcet, instruction: lecture, dictée, grammaire, tables de multiplication. Le maître doit être celui qui a le savoir mais aussi la loi et l’autorité.» Hé oui, parfois il met au coin et gronde. Il met des notes, les élèves adorent et font, paraît-il, eux-mêmes les classements. «L’autonomie de l’enfant est un contresens: s’il est autonome, il n’est plus un enfant.»
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«C’est la faute à l’école, aux médias, aux politiques...»
Il y a un an, le mouvement patronal Ethic organisait une grand-messe sur le thème «J’aime ma boîte», claironnant que «89% des Français ont une bonne opinion de l’entreprise». […] Sondage pour sondage, voici celui qui, en sens inverse, tétanise cet automne les milieux patronaux: 80% des jeunes de 20 à 24 ans se disent intéressés par un avenir de fonctionnaire. Ici aussi, il faut interpréter. Chaque fois que le chômage des jeunes diplômés explose - c’est hélas le cas en ce moment -, ils déclarent vouloir tenter leur chance dans le secteur public. […]De quoi inquiéter les patrons. 300 d’entre eux, ces 2 et 3 septembre, lors de l’université d’été des chambres de commerce et d’industrie, ont planché sur le thème «Comment réconcilier les Français avec l’entreprise? » «La crise de confiance de l’opinion publique dans l’entreprise menace le potentiel de croissance du pays», s’alarment ces responsables. A qui la faute?
[…]Jacques Marseille, professeur d’histoire économique à la Sorbonne, se tailla un franc succès en tapant sur l’école. «Dans le système scolaire, on rabâche: "L’entreprise, c’est ce qu’il y a de pire. Le seul travail noble, c’est le service de l’Etat." Résultat: nous n’avons pas de culture entrepreneuriale. Si nous avions le taux de création d’entreprise des Italiens, il n’y aurait plus de chômage en France.» D’après une étude de la chambre de commerce de Paris, «l’entreprise est quasi absente au collège et au lycée. Les seuls qui en entendent parler sont les élèves de seconde sur option, et ceux de 1re ES [économique et social] – soit 13% d’une classe d’âge». Interpellé, Christian Forestier, président du Haut Conseil de l’Evaluation de l’Ecole, concède avec courage que «les entrepreneurs n’ont pas la place qu’ils méritent à l’école». Ce «révolutionnaire» verrait même bien des personnalités extérieures présider les conseils d’administration des collèges et des lycées!
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Le Point du 23 septembre 2004

Rien vu...


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L'Express du 27/09/04

SOS langues mortes
Les auteurs de la mission d'enquête sur l'avenir du latin et du grec publient leurs conclusions.
L'apprentissage des «humanités» voit pavoiser ses défenseurs en cette rentrée. Alors que François Fillon vient de publier une circulaire réaffirmant la nécessité des exercices fondamentaux (récitation, dictée...) pour le français au collège, le collectif Sauver les lettres lance, avec cinq associations, un «appel pour le rétablissement des heures de français». De leur côté, Heinz Wismann et Pierre Judet de La Combe, philologues et directeurs d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, publient les conclusions d'une mission d'enquête sur les langues anciennes que leur avait confiée Jack Lang. Ils s'en expliquent dans L'Avenir des langues (Cerf). Et dans L'Express.
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Latin-grec thérapeutique
La porte s'ouvre dans le brouhaha. Sabrina crache son chewing-gum dans la poubelle. Pas de ça ici. C'est écrit au tableau: Dura lex, sed lex. La loi est dure, mais c'est la loi. «Allez, on se dépêche!» réclame d'un ton ferme mais enjoué Eve Payen, la prof de latin. Elle fait l'appel. Abdel? Du tac au tac, le gamin: Adsum! Joy? Adsum. Que des Adsum pas un absent. Cet après-midi, au collège Sisley de L'Ile-Saint-Denis dans une ZEP de la banlieue parisienne, une quinzaine d'élèves de cinquième enthousiastes amadouent la verve de Cicéron. «Qui veut dire un proverbe?» Les doigts se lèvent. Karim se lance: Fortuna audaces juvat. Il n'a pas écorché un mot.
C'est un traitement efficace pour les élèves en difficulté: le latin - ou le grec - thérapeutique. Rodé au cours des années 1990, ce type d'enseignement original et non élitaire vise précisément à épauler les enfants issus de l'immigration ou de milieux défavorisés. «On a constaté que les élèves qui font du latin se révèlent meilleurs en français, de 3 ou 4 points en moyenne de plus que les autres, explique Mireille Ko, professeur aux Lilas, qui défend le latin-grec thérapeutique dans un livre Enseigner les langues anciennes (Hachette). Avec les plus faibles, on reprend les bases de A à Z, en utilisant l'alphabet grec, la lecture, etc.» […]
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Le Figaro-Magazine- Madame samedi 25 septembre 2004

ÉCOLE : L'histoire d'une occasion manquée

Après les questions de forme, celles de fond. «Le Figaro Magazine» poursuit le récit entamé la semaine dernière sur la façon dont se sont déroulées les séances de la commission du débat sur l'école. Et sur ce qu'il en est sorti.

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Rien de nouveau sous le soleil. Ceux qui attendaient de la Commission Thélot chargée de synthétiser les conclusions du grand «Débat national sur l'avenir de l'école» une réflexion nouvelle en seront pour leurs frais. Alain Finkielkraut hésite entre tristesse et agacement : «L'accent mis sur les nouvelles technologies, le lyrisme de "l'école pour tous", bref, c'est le même robinet d'eau tiède que celui qui coule sur l'école depuis quarante ans : on n'a même pas vérifié la plomberie.» Point de vue partagé par le philosophe Philippe Raynaud, qui ne faisait pas partie de la Commission : «Depuis trente-cinq ans, la même rhétorique égalitariste et creuse est agitée par les mêmes conseillers. Ils se comportent comme s'ils devaient réformer le système scolaire des années 50 et, de surcroît, comme si tout ce qu'ils avaient fait depuis trente ans n'avait rien à voir avec le problème.»
«On n'a pas su s'émanciper d'un dogme égalitariste et niveleur qui est largement responsable du "malaise" de l'école publique, remarque Elizabeth Altschull. Ce dogme résulte de la convergence d'une pensée purement quantitative, de la prétention de soi-disant spécialistes à résoudre toutes les inégalités par des méthodes pédagogiques et des sociologues qui accusent inlassablement l'école de créer des inégalités.Cette convergence aboutit à y abolir la qualité des savoirs.»

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Politis du 2 septembre 2004

Rien vu...

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