vendredi, février 11, 2005

Revue de presse du vendredi 11 février 2005

Les lycéens ont gagné. Toute la presse revient aujourd’hui sur le recul de François Fillon lors du journal de France 3 après des manifestations qui ont rassemblé plus de 100 000 personnes. Il a en effet annoncé qu’il « suspendait » sa réforme du baccalauréat « tant que toutes les craintes exprimées n'auront pas été levées ». On constate que la gestion du calendrier qui avait jusqu’ici servi le Ministre, ne suffit plus. Malgré le début des vacances scolaires, la mobilisation a été forte.
Le dessin de Plantu dans le Monde est très cruel. On y voit une table d’examen avec un jury composé de MM. Devaquet, Balladur et Ferry (Luc !) qui déclarent à un François Fillon dépité « Fillon obtient son diplôme de la réforme suspendue… avec toutes nos félicitations » en lui remettant un diplôme avec un beau ruban… !
Bonne Lecture...
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Libération du 11/02/05


Manifs: mention bien pour les lycéens
«Si, avec ça, Fillon ne comprend pas qu'on ne veut pas de son école, c'est qu'il se moque vraiment de nous.» Théo, Sarah et Orianne, élèves au lycée Bergson à Paris, sont au coude à coude dans la foule. Il est 15 heures place de la République. Des flots d'adolescents sortent du métro, déboulent des artères adjacentes. L'arrivée de chaque nouveau lycée est saluée par des hurlements de joie. Ils sont déjà 10 000, selon la police. Le volume sonore flirte avec celui des grands concerts. Impossible de téléphoner, les réseaux sont saturés. Les lycéens multiplient les SMS : «Viens, c'est génial, tous les bahuts sont là ! » La foule des manifestants ne cesse de grossir sous les yeux des passants. «Ah oui, c'est le jour de la grève des jeunes», note un homme pressé. A 16 heures, place de la Bastille, ils sont plus de 20 000.
«Je ne veux pas que l'éducation devienne un enfer», soutient un lycéen de Savigny-sur-Orge (Essonne), le visage couvert d'un masque de diable. Son lycée, Corot, a créé son propre son comité d'action: «Cela me fait marrer quand Fillon dit qu'on est manipulés. Pas un seul prof ne nous a encouragés à aller manifester. On est assez grands pour comprendre ce qui se passe.» Les lycéens énumèrent : «Suppression des TPE [travaux personnels encadrés] qui nous faisaient des points au bac ; contrôle continu qui va créer des différences entre les établissements ; menace sur les options. En plus, on est trop nombreux par classe.»
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«Ils ne sont plus dupes de la promesse d'égalité»
Hervé Hamon, du Haut Conseil de l'évaluation de l'école, explique la colère des élèves
François Fillon fait preuve d'une méconnaissance ahurissante de la réalité des établissements. Prenez les travaux personnels encadrés, qu'il supprime en terminale. Ces TPE sont une des rares expériences pédagogiques qui a pris dans les lycées. Les enseignants n'en voulaient pas. Ils les ont découverts, appréciés, et les élèves aussi. Les supprimer pour réaliser des économies de bouts de chandelle et pour obéir à une idéologie réactionnaire révèle la légèreté avec laquelle les questions d'éducation sont traitées.
Une idéologie réactionnaire ?
Elle parcourt l'ensemble de la loi ! L'idée selon laquelle les lycéens seraient des «enfants rois» est fausse. Visiblement, Fillon n'a aucune conscience du fait qu'être élève en 2005 est anxiogène, que la pression des familles est très forte. Pire, il en rajoute, en promouvant le redoublement ! De plus, les élèves ont une conscience aiguë des inégalités et du fait que réussir ne suffit plus. Encore faut-il réussir au bon endroit.
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Le Figaro du 11/02/05


Les lycéens défilent, Fillon recule sur le bac
Les lycéens ont gagné. Hier, ils étaient 15 000 à Paris selon la police, entre 40 000 et 80 000 selon les organisateurs, près de 15 000 à Lyon, 10 000 à Toulouse, 8 000 à Rennes, 5 000 à Bordeaux et entre 1 000 et 3 000 à Grenoble, Clermont-Ferrand, Chambéry, Valence, Carcassonne, Montpellier, Mont-de-Marsan, Nancy... Dans tous les cortèges, la refonte annoncée du baccalauréat cristallisait le mécontentement des manifestants. François Fillon a créé la surprise hier soir en annonçant qu'il était prêt à la retirer.
«Je ne ferai pas une réforme du bac tant que nous n'aurons pas levé les craintes qui sont exprimées», a déclaré le ministre sur Soir 3. «Je veux qu'on discute, et qu'on arrive à un accord, a-t-il ajouté. Pas plus que les lycéens qui manifestaient dans la rue, je ne veux un bac qui donnerait le sentiment d'être dévalorisé
Ces déclarations sonnent la retraite sur un point important du projet pour l'école de François Fillon, même si le ministre de l'Éducation avait pris soin un peu plus tôt de préciser que «le bac n'est pas un sujet central de la réforme qu'[il] propose». François Fillon avait pourtant insisté à l'automne pour que la réforme du bac figure bien dans son texte.
En ces temps d'inquiétude sur l'issue du référendum sur l'Europe, le gouvernement n'a pas voulu prendre le risque d'un abcès de fixation qui, en alimentant la grogne sociale, aurait fait peser de nouvelles menaces sur le rendez-vous européen. D'autant que les mouvements lycéens sont toujours imprévisibles et leurs conséquences, à hauts risques politiques. La droite n'a pas oublié les manifestations anti-Devaquet.
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«Le même examen pour tous !»
A Paris, les slogans contre la réforme se mêlaient aux revendications plus confuses
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Bourseiller : «Les Jeunesses socialistes et communistes au coeur de l'action»
«Avec les lycéens dans la rue, une lame de fond se prépare», affirme la Ligue communiste révolutionnaire (LCR). Spécialiste de l'extrême gauche, Christophe Bourseiller, professeur à Sciences po, commente le mouvement et revient sur les liens, réels ou supposés, des lycéens avec les organisations trotskistes.
L'extrême gauche va évidemment être partie prenante dans ce mouvement. On est à un moment de réveil des luttes. Le débat sur les 35 heures et la campagne pour le non au traité constitutionnel européen participent de cette remontée. La manifestation du 5 février témoignait par son ampleur de cette diversité des slogans. Mais je ne pense pas que les lycéens soient aujourd'hui politisés.
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Violence des mineurs : l'inquiétant constat de l'Observatoire de la délinquance
Plus que jamais, la croisade poursuivie par le ministre de l'Intérieur, Dominique de Villepin, contre la violence émanant des enfants et des adolescents s'avère impérieuse. En effet, un rapport partiel de l'Observatoire national de la délinquance (OND) évoqué hier par le journal Libération révèle que, même si leur proportion ne cesse de décroître depuis 2000, le nombre de mineurs «mis en cause pour des atteintes volontaires à l'intégrité physique» a augmenté de 55% en sept ans, passant de 23 906 à 37 042 entre 1996 et 2003.
Fondée sur l'«État 4001», grand registre criminel classant en 107 rubriques les crimes et délits recensés par la police et la gendarmerie, l'étude précise qu'une personne sur cinq impliquée dans une agression depuis 1996 est âgée de moins de 18 ans.
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L'Humanité du 11/02/05


Le projet de loi à l’épreuve de la rue
Pour beaucoup, c’était leur toute première manif. Avec un petit frisson et une grande excitation chez certains, parfois impressionnés par le bruit, l’entassement, les feux de Bengale et les mouvements de foule. D’autres, comme ceux d’Ivry, n’en étaient visiblement pas à leur première révolte, et sont arrivés en masse, banderole et musique en tête. Ils étaient ainsi plus de 10 000, majoritairement venus de banlieue, à sillonner la capitale et à reprendre les mêmes slogans. La police était postée dès 13 heures à tous les accès à la place de la République. La place s’est remplie, pour former le cortège : en tête un contingent de la FIDL, puis le gros des troupes derrière l’UNL, les deux organisations à l’origine de l’appel à manifester.
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« La réforme va renforcer les inégalités »

Pour la présidente de l’Union nationale lycéenne, le bac doit changer, mais pas à la façon Fillon.
Le ministre de l’Éducation vous a reproché, avant-hier, d’« être, au moins, mal informés ». Qu’en pensez-vous ?
Constance Blanchard. Il y a une semaine, nous manipulions les élèves. Le lendemain, nous étions manipulés par les enseignants. Il y a trois jours, nous étions cette fois les jouets du Parti socialiste, et maintenant, nous sommes mal informés. Évidemment, cela ne peut pas nous plaire. Sachant d’ailleurs que le ministre nous connaît bien puisque nous avons été consultés pour le projet de loi, nous avons été reçus avant et après qu’il a été déposé. Je trouve ce genre de propos assez bas. Cependant, je ne nie pas que tous les lycéens n’ont pas lu le projet de loi. Majoritairement, ils ne l’ont pas lu. Mais ils sont quand même assez grands pour savoir pourquoi ils descendent dans la rue. Ils se sont renseignés et leurs revendications tiennent debout. Évidemment, il arrive qu’il y ait des amalgames, mais c’est notre rôle de leur expliquer. À l’UNL, nous fournissons un gros travail d’information auprès des lycéens.[…]
Depuis longtemps, le bac est considéré comme sacré et il ne faudrait pas y toucher. Au contraire, il faut des changements. D’une filière à une autre, le bac est différent et les lycéens ne le vivent pas de la même manière. Depuis quel- que temps, nous demandons l’instauration de partiels nationaux en première et en terminale. Les lycéens apprendraient ainsi des méthodes de travail qui leur serviront dans le supérieur. Si 40 % des étudiants redoublent une année avant d’atteindre la licence, c’est bien qu’il y a un problème ! Il y a une réelle fracture entre le lycée et l’enseignement supérieur. L’instauration de partiels pourrait lutter contre cela.
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Parents et profs sur la brèche
Les jeunes ne sont pas seuls à se mobiliser. Leurs parents aussi sont dans le mouvement. Depuis lundi, ceux du collège de Plougasnou, dans le Finistère, occupent l’établissement afin de protester contre sa condamnation à court terme : il sera fermé à la rentrée prochaine, les 92 élèves n’ont qu’à aller s’inscrire ailleurs. Ce n’est pas le seul dont l’avenir est ainsi menacé. Celui de Camaret (83 élèves), dans le même département, doit subir le même sort et les parents y sont pareillement mobilisés.
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Dans les rues de Nantes : « Fillon élu, avenir foutu »
À Nantes, tout s’est fait dans la précipitation. Simon, en seconde année de BEP au lycée Michelet, a eu l’information le matin, comme la grande majorité du petit millier de lycéens présents. Signe de la rapidité avec laquelle s’est organisée la manifestation, trois banderoles seulement (à l’effigie de Sud Étudiant) et quelques messages écrits à la va-vite sur de simples feuilles (« Fillon, t’es foutu, la jeunesse est dans la rue ! ») ou sur des tee-shirts (« Fillon élu, avenir foutu »). Raison de cette organisation balbutiante ? Un court-circuitage provoqué par la FIDL, peu présente sur Nantes, mais qui a agité le chiffon rouge pour, dit un représentant (non lycéen) de ce syndicat lycéen, « réagir avant le passage de la loi Fillon en première lecture ».
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Le SNES rejette la méthode de François Fillon

Le SNES n’en démord pas : l’introduction d’un contrôle continu au baccalauréat ne ferait qu’aggraver les inégalités entre les établissements et dévaloriser le diplôme selon son lieu d’obtention. Mais le premier syndicat enseignant du secondaire ne peut se faire taxer d’immobilisme. La réforme du bac, il l’entend et la souhaite. « Nous sommes d’accord sur le principe de moderniser et d’alléger l’examen », précise Bernard Boisseau, co-secrétaire générale du syndicat. C’est bien la méthode Fillon qui est rejetée. « Il est impossible de construire quoi que ce soit avec un ministre qui ne conçoit la discussion que dans un cadre déjà verrouillé », indique Gisèle Jean, l’autre co-secrétaire générale.
Ce cadre verrouillé, c’est le passage de douze à six disciplines aux épreuves terminales que le ministre veut imposer. « C’est une hypocrisie majeure que de faire croire que le principal problème du troisième trimestre est le bac. Il faut réfléchir à modifier l’ensemble du calendrier, y compris les vacances », suggère la dirigeante. Après avoir claqué la porte du groupe de travail ministériel, le SNES-FSU lance une consultation auprès de l’ensemble de la profession sur la question du bac : un questionnaire qui permet aux enseignants de se positionner sur les propositions ministérielles, les améliorations souhaitables à l’organisation de l’examen et l’action collective à envisager. Les réponses serviront à étoffer les propositions du syndicat.[…]
« Fillon a lâché un peu de lest sur l’enseignement des sciences économiques et sociales et la deuxième langue vivante. Il a également prolongé jusqu’au mois de mai le groupe de travail, et indiqué que son texte serait amendable. Mais sur les points essentiels comme le socle commun, le CIRE (contrat individuel de réussite éducative), le non-remplacement de postes et le financement de la réforme, le ministre est resté arc-bouté », précise Bernard Boisseau. Dans les autres académies, deux journées d’action ou de grève se mettent en place : les 25 février et 4 mars. Reste à savoir si les mouvements lycéens et enseignants battront le pavé ensemble. Contrairement à ce qui est dit, « il n’y a plus beaucoup de contact entre nos organisations respectives », souligne le responsable du SNES.
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« La France n’est pas à feu et à sang »
Jean-Pierre Rosenczveig, président du tribunal pour enfants de Bobigny, nuance le récent rapport de l’Observatoire national de la délinquance sur la violence des mineurs.
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Le Parisien du 11/02/05


Les lycéens en force dans la rue
Près de 100 000 lycéens ont défilé hier partout en France. Une forte mobilisation pour les jeunes, qui prévoient de redescendre dans la rue mardi. Le gouvernement semble prêt à lâcher sur la réforme du bac.
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Entendu dans la manif
« Touche pas à mon bac » « Fillon, get bac » « Pour notre bac, partons à l'attaque » « Contrôles continus = inégalités creusées » « Fuyons Fillon, il veut nous rendre cons » « Bac relou, Fillon au trou » « Bac d'éducation. Elève Fillon : 0/20 » « Fillon game over » « Sauvons les options en voie de disparition » « Soldes Fillon = moins 50 % sur les options » « Les TPE, oh oui, j'en veux » « Non à la réforme, oui à la révolte » « Fillon, ton éducation dans le fion, Chirac, ton éducation part en vrac » « Fillon-Chirac, vos réformes, on se les met au Q »
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La mobilisation continue
Dès mardi, jour où le projet de loi Fillon commencera à être débattu à l'Assemblée, « une journée nationale de manifestations » est d'ores et déjà au programme. « Cela va continuer, pronostique-t-on à la FIDL, important syndicat lycéen.« Les rassemblements ne feront qu'augmenter tant que le projet Fillon ne sera pas retiré. » Le 15 février, les lycéens battront cette fois le pavé avec leurs professeurs dont le principal syndicat dans le secondaire, le Snes, appelle à la grève. De même que les sections franciliennes du SNU-IUPP - organisation majoritaire du premier degré- et de la CGT. « Les députés ont plus peur de nous que des enseignants », constate Constance Blanchard, présidente de l'UNL, principal syndicat lycéen.
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Le gouvernement prêt à lâcher sur le bac
A MATIGNON, on n'en démord pas : malgré la grogne des députés, malgré les manifs des lycéens, on considère que le projet de François Fillon est « très bon ». D'ailleurs avant-hier, en Conseil des ministres, Jacques Chirac a demandé à tout le gouvernement de le soutenir. Le président a aussi appelé hier soir le ministre de l'Education nationale sur son portable pour l'assurer de son appui juste avant qu'il n'entre sur le plateau de France 3, là où François Fillon a assuré qu'« il ne ferait pas une réforme du bac tant que toutes les craintes exprimées (NDLR : hier) n'auront pas été levées ».Mais déjà, on lâche du lest. Pas question de mettre, dit-on, le pays à feu et à sang pour une histoire de contrôle continu. Mais sur le fond, le gouvernement maintient : pas question, dit-on à Matignon, de céder sur la loi sur l'école, notamment sur le socle de connaissances à acquérir en fin de collège, ni sur les langues vivantes. Il reste que, depuis deux jours, constatant la mobilisation dans la rue, le gouvernement semble s'être brusquement réveillé après avoir pensé que l'affaire passerait mieux dans la discrétion. Dans le collimateur, le député UMP Pierre-André Périssol, qui a exprimé publiquement ses réserves, et les parlementaires toujours prêts à supprimer des postes de fonctionnaires quand ils sont à Paris, mais qui ferraillent contre la carte scolaire lorsqu'elle conduit à des suppressions de poste dans leur département. Mais en matière d'éducation, le carambolage est toujours à craindre.
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La Croix du 11/02/05


Rien vu...


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20 minutes du 11/02/05


Les lycéens font reculer Fillon
Ils étaient 100 000 à défiler hier dans toute la France. Leur principale motivation : lutter contre la réforme du bac du ministre de l’Education nationale, François Fillon. Les lycéens sont en partie arrivés à leurs fins. En début de soirée, le ministre a déclaré qu’il « ne ferait pas une réforme du bac » tant que les craintes n’auront pas été levées à ce sujet. » Sur le bac, je veux qu’on discute, qu’on arrive à un accord », a-t-il ajouté, en précisant être « prêt à bouger sur tous les sujets ». Une attitude sensiblement plus conciliante que celle qu’il adopte face aux syndicats d’enseignants.
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Ouest-France du 11/02/05


Hauts risques

Des lycéens sont dans la rue et la République frémit. Ces charivaris, en général bon enfant, mettent en émoi tous les gouvernements. Vérité une fois de plus vérifiée. Il a suffi qu'une dizaine de milliers d'élèves manifestent, dès mardi, pour que, au sommet de l'État, on s'alarme. Le président de la République a rappelé à l'ordre les ministres dissipés. Messieurs, silence dans les rangs. Rengainez vos commentaires sceptiques sur le projet de loi Fillon !
Réformer l'école est décidément une oeuvre à hauts risques. Décrété grand chantier du quinquennat, ce projet de loi d'orientation se voulait pourtant modeste et tranquille. Le voici transformé en muleta agitant la verve lycéenne et les suspicions enseignantes. Dans les rangs même de la majorité, des députés l'observent d'un oeil critique. Et François Fillon a dû, en dernière minute, réviser son texte, menacé d'être recalé devant le Conseil constitutionnel.
Comment est-on arrivé à cette addition de doutes et de discordances ? Ministre prudent, réputé habile, François Fillon a sans doute commis une erreur stratégique en associant à sa loi la réforme du sacro-saint baccalauréat. Il a beaucoup hésité puis finalement jugé que cela donnerait du « corps » à un projet accusé de manquer d'ambition. C'était enclencher la machine aux fantasmes et aux rumeurs. Paraître ébranler le baccalauréat, c'est s'attaquer à l'une des colonnes du temple éducatif. Le ministre chercherait à refermer délicatement cette boîte de Pandore.
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Les lycéens attaquent Fillon sur le bac
Les lycéens ont trouvé leur cheval de bataille : le baccalauréat. Non à sa réforme, proposée par la loi Fillon sur l'école : trop « injuste ». C'est ce qu'ils ont dit, sur tous les tons, dans les manifestations d'hier, qui ont rassemblé 100 000 d'entre eux.
« Si l'on instaure un contrôle continu, le bac n'aura plus la même valeur d'un lycée à l'autre, assène le syndicat Fidl. Son anonymat, qui garantit l'égalité de tous, son caractère national, seront remis en cause. Demain, on aura un bac Henri IV et un bac Sarcelles... » L'UNL, syndicat majoritaire, d'abord favorable à l'introduction du contrôle continu, s'y oppose aussi, désormais.
Cette question a nourri les slogans des manifestations lycéennes, hier. En tout, près de 100 000 jeunes ont crié, sauté, dansé, sur l'air de « Fillon démission », qui a fait un tabac, ou du plus sophistiqué « Fillon get bac !» (à Paris).
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Le Monde daté du 12/02/05


Le gouvernement recule sur la réforme du baccalauréat
Cent mille lycéens ont manifesté, jeudi 10 février, contre le projet de loi de François Fillon et, notamment, l'introduction d'un contrôle continu au baccalauréat. "Je ne ferai pas une réforme tant que nous n'aurons pas levé les craintes", a indiqué le ministre de l'éducation. Son cabinet insistait vendredi sur le fait que M. Fillon "ne renonçait pas à la réforme du bac". "On a dit qu'on laissait le temps au groupe de travail de réfléchir. Rien n'est changé", a-t-il précisé.
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"La réforme Fillon, c'est du favoritisme implicite. On aura un bac 93 et un bac 75"
En courant , en chantant, en rigolant, 15 000 lycéens, selon la police, 40 000, selon les organisateurs, ont défilé dans une humeur festive, jeudi 10 février, à Paris, pour dénoncer la réforme Fillon du baccalauréat. Venus en nombre des lycées parisiens, sans doute un peu moins de la banlieue, les manifestants franciliens ont défilé - dans une forte odeur de cannabis - aux cris de "Non, non, non à la réforme Fillon", "Fillon, démission !". Si les mots d'ordre de mobilisation englobaient l'ensemble du projet de loi Fillon sur l'école, c'est bien le baccalauréat qui pousse les lycéens dans la rue - souvent pour la première fois puisque les dernières manifestations remontent à l'élection présidentielle de 2002.
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Le projet de loi divise les syndicats d'enseignants
Les ouvertures de François Fillon sur la réforme du baccalauréat n'entament pas la détermination de la FSU. La principale fédération de l'éducation maintient son appel à une mobilisation "d'ampleur nationale" le 15 février, date du début de l'examen du projet de loi d'orientation sur l'école à l'Assemblée nationale. […]
De leur côté, le SGEN-CFDT et l'UNSA-Education ont refusé de se joindre, le 15 février, à un mot d'ordre national contre le projet de loi Fillon, comme l'aurait souhaité la FSU. Soudée durant les grèves du printemps 2003, l'intersyndicale de l'éducation (FSU, SGEN-CFDT, FERC-CGT, UNSA-Education, FAEN) est divisée sur le projet de loi du ministre. "Nous ne partageons pas la même analyse sur le projet de loi que le SNES", considère Jean-Luc Villeneuve, secrétaire général du SGEN-CFDT. Plutôt que de faire grève, le SGEN a décidé de rencontrer, ce jour-là, les présidents des groupes parlementaires UMP, UDF, PS et PC et d'adresser une lettre ouverte à chaque député.
"L'intersyndicale ne fonctionne pas bien sur la loi d'orientation, reconnaît Patrick Gonthier, secrétaire général de l'UNSA-Education, mais elle fonctionne à plein sur le reste : les postes, le budget." Favorables au principe d'un socle commun de connaissances et d'une réforme du baccalauréat, l'UNSA-Education et le SGEN-CFDT sont dans une logique d'amendement de la loi. La FSU, opposée à l'idée d'un socle commun et à l'introduction du contrôle continu pour le baccalauréat, réclame son retrait.[…]
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Les députés UMP s'interrogent sur l'opportunité et la "lisibilité politique" du texte
Avant de voir les lycéens défiler dans la rue par dizaines de milliers, François Fillon a eu un avant-goût du peu d'enthousiasme que soulève son projet de loi chez les parlementaires de la majorité. Les deux oraux de rattrapage successifs que le ministre de l'éducation a dû passer devant les députés de l'UMP, les 1er et 8 février, n'ont pas suffi, en effet, à dissiper toutes les inquiétudes. Devant des élus chauffés à blanc, M. Fillon est apparu, aux dires mêmes de certains participants, sur la défensive. "Il n'a pas la flamme, estime un des principaux responsables du groupe, et ça se sent."[…]
Enfin, le choix de M. Fillon de rallier Nicolas Sarkozy pour participer à la future direction de l'UMP a été perçu, chez les chiraquiens, comme une "trahison".
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Comment améliorer le projet de loi Fillon, par Yvan Lachaud porte-parole du groupe UDF sur les questions d'éducation.

Le projet de loi d'orientation pour l'avenir de l'école ne mérite ni excès d'indignité ni excès d'honneur : on n'y trouve que peu de choses pour réformer l'école et améliorer notre système éducatif. Pour les avoir reçus, je sais que les syndicats d'enseignants et les associations de parents d'élèves y sont unanimement hostiles.
Or ce projet de loi doit être l'occasion de redéfinir la mission des enseignants, qui ne se limite plus à l'instruction des élèves dans le cadre de la classe. De plus, l'évolution des comportements des élèves, l'écart entre les générations rendent nécessaire d'envisager la possibilité d'une seconde carrière pour les enseignants.
Il faut apporter une vraie réponse aux problèmes posés par le collège, en adaptant le système actuel et en proposant des voies pour celles et ceux qui sont en grande difficulté au collège et que la situation d'échec transforme malheureusement en délinquants potentiels.[…] Améliorer le projet de loi Fillon implique des mesures simples et efficaces.
- Permettre à chaque élève d'acquérir un ensemble de connaissances et d'aptitudes pour accéder à une réussite scolaire et professionnelle, en élargissant le socle de connaissances fondamentales proposé par le gouvernement : du français, des mathématiques, une langue vivante, des technologies de l'information, une culture humaniste et citoyenne, un enseignement artistique, une culture scientifique et technologique et la pratique sportive.
Cela va de pair avec la garantie de l'accès de tous les élèves aux enseignements optionnels dans l'enseignement général, en particulier les langues vivantes, régionales et anciennes, et aux différentes filières de l'enseignement professionnel. La deuxième langue vivante doit être pratiquée à partir de la classe de sixième.
- Il faut redéfinir la mission des enseignants, qui, au-delà de l'indispensable instruction, comprend aussi l'accompagnement des élèves, leur suivi individualisé, les relations avec les parents, le travail en équipe et la concertation. Il faut aussi améliorer leur formation (définir un cahier des charges national et des missions précises pour les IUFM, garantir leur autonomie), améliorer leur connaissance des milieux professionnels, les préparer à accueillir les élèves handicapés.[…]
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L'éditorial du Monde : Touche pas à mon bac !
L'abandon d'une réforme, face à l'opposition qu'elle rencontre, est un des exercices peu glorieux auxquels tout ministre - surtout de l'éducation nationale - devrait être préparé. Il n'en est pas moins, par la force des choses, improvisé. Soumis à cette épreuve, après bien d'autres, François Fillon a trouvé la formule suivante : "Je ne ferai pas une réforme du bac tant que nous n'aurons pas levé les craintes qui sont exprimées." C'est ce qui s'appelle faire de nécessité vertu.
Près de 100 000 lycéens ont manifesté, un peu partout en France, jeudi 10 février, contre un baccalauréat qui aurait reposé, en partie, sur un contrôle continu des connaissances, plutôt que sur les seules épreuves de fin d'année. En lançant son projet de réforme, en novembre, M. Fillon n'imaginait probablement pas causer autant de remous. Même si personne n'avait fait du baccalauréat un thème de réflexion majeur, son intention paraissait en mesure de susciter un consensus.[…]
Comme il y a deux ans pour la décentralisation, le gouvernement a touché, sans l'avoir anticipé, un point extrêmement sensible dans le monde éducatif : l'égalité des chances sur le territoire. Pour les enseignants, la décentralisation des personnels conduisait à une éducation à plusieurs vitesses, en fonction de la richesse et des priorités des collectivités locales. Pour les lycéens, un contrôle continu plus développé allait déboucher sur des baccalauréats de valeur variable selon la réputation des établissements.
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Les délits violents sont en forte augmentation en France depuis 1996
Les délits violents commis par des mineurs, surtout les violences gratuites et sexuelles, ont fortement augmenté en France depuis 1996, selon un rapport officiel.
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