- Campagne- Guyane - Butinages - .
C’est un petit bloc notes cette semaine. L’actualité éducative semble s’être assoupie avec le début des congés de printemps. Il y a malgré tout les élections pour animer un peu cette chronique même si la place de l’éducation dans la campagne est faible. On évoquera aussi la situation en Guyane où une partie des revendications porte sur ce sujet. Et on terminera par quelques liens où la politique est aussi présente.
Campagne
La campagne pour les élections présidentielles constitue encore l’essentiel de ce bloc-notes.
Les candidats, eux mêmes, se sont peu exprimés sur ce sujet durant le “grand débat” et dans leurs diverses interventions. A part une séquence durant l’émission politique de France2 où Emmanuel Macron a été interpellé par une professeur d’Histoire-Géographie sur la colonisation. Il s’avère que cette enseignante était un sous-marin filloniste ce qu’elle a pourtant nié sur le plateau.
Ce sont plutôt les analyses des programmes qui abondent. Comme la semaine dernière, je vais commencer par signaler un de mes textes. J’ai en effet produit, moi aussi, une synthèse comparative des programmes des cinq principaux candidats. Elle est lisible sur le site du magazine Alternatives économiques et sur mon blog . Cette synthèse clôt une série de billets de blog qui détaillaient les programmes "éducation" des candidats :
• « L'École de Marine Le Pen : une École injuste et inefficace »
• « En Marche et l’École : un pas en avant, un pas en arrière…»
• « Hamon et l’éducation : l'héritier embarrassé »
• « Mélenchon et l’éducation : le gaucho-conservatisme »
• « Fillon et l’éducation : libéral et rétrograde »
Fin de l’auto-promotion !
Deux émissions ont pu confronter les analyses avec la présence de représentants des candidats. C’est le cas de 7 milliards de voisins sur RFI . L’émission « Grand Rendez-Vous Europe 1- « Les Echos » - « CNews » dimanche 2 avril avait elle aussi mis ce thème au centre du débat.
On trouve aussi plusieurs articles qui mettent l’accent sur un thème particulier.
L’Express revient sur l’uniforme à l’École, “une mesure entre "nostalgie" et "respect de l'autorité" ”. 20minutes.fr développe à peu près le même sujet en répondant à la question “Comment les candidats veulent renforcer l’autorité à l’école” Marie-Christine Corbier dans Les Échos fait aussi un comparatif mais en s’intéressant particulièrement aux “fondamentaux”. La priorité au « lire, écrire, compter » est une vitrine commune qui cache de vraies divergences entre les candidats à l'Elysée.
Le Figaro s’intéresse aux revendications des fédérations de parents d’élèves dans la campagne présidentielle. La FCPE regrette «l'absence de réflexion transpartisane» en France. «Tout est remis en cause à chaque alternance», estime Hervé-Jean Le Niger, vice-président, qui parle d'«instrumentalisation de l'école». Valérie Marty, la présidente de la PEEP souhaite quant à elle une plus grande ouverture de l’école et une plus grande collaboration avec les parents.
Parce qu’il n’y a pas que cinq candidats mais onze, je signale de nouveau la bonne synthèse du journal des femmes qui présente les programmes éducation de tous les candidats.
Guyane
La semaine a été aussi marquée par la poursuite du mouvement social en Guyane. La situation de ce département d’outre mer est marquée par plusieurs problèmes structurels et un retard dans de nombreux domaines. Samedi 1er avril, la ministre des Outre-Mer, Ericka Bareigts, et le ministre de l’Intérieur, Matthias Fekl, avaient annoncé un plan de 1,085 milliard d’euros d’engagements de l’État en Guyane. Une somme insuffisante pour régler les problèmes de santé et d’éducation selon les manifestants qui exigent 2,5 milliards d’euros tout de suite. On retrouve une analyse de la situation et les principales revendications dans une vidéo d’un porte-parole des manifestants.
Pour l’éducation, les guyanais mobilisés réclament la construction de 10 collèges, 500 classes de primaire et 5 lycées. Selon Jean-Michel Blanquer, qui a été recteur de Guyane entre 2004 et 2006, les problèmes d’éducation dans le département se résument à « ce que vivaient les instituteurs du XXe siècle » : « des lieux reculés où le français n’était pas la langue des enfants et où certaines familles plaçaient tous leurs espoirs dans l’école, tandis que d’autres n’en voyaient pas l’intérêt. Mais le climat et la latitude étaient différents », explique-t-il dans Le Figaro
Dans un entretien à France Guyane , la ministre de l’éducation évoque les constructions scolaires, mais aussi le renforcement du rectorat et l’extension du dispositif "Plus de maîtres que de classes". Mais il n’est pas sûr que cela suffise. Les syndicats enseignants réclament, outre les constructions évoquées plus haut, la restauration scolaire et le transport gratuits pour tous les élèves, l’enseignement systématique des langues maternelles, le doublement immédiat du nombre de postes d’Intervenants Langue Maternelle (ILM), le rattrapage du retard en personnels pour encadrer les élèves (3 500 adultes de plus pour atteindre la moyenne nationale), des mesures visant à rendre le département attractif comme un concours exceptionnel (à l’instar de celui de l’académie de Créteil).
Butinages
Pour finir ce petit bloc-notes de vacances, je signale quelques lectures ou émissions de radio que j’ai trouvées intéressantes.
On reste dans le domaine des élections avec l’émission FranceInfo Junior . En partenariat avec Unicef France, la radio a posé la question "Et vous, si vous étiez président, que feriez-vous ?" à plusieurs enfants et ados. Les élèves ont de nombreuses idées pour rendre l'école meilleure : accueil des élèves handicapés, jeunes en difficulté et en décrochage scolaire, horaires de cours... Pour rebondir, Jean-Paul Delahaye, inspecteur général de l'Éducation nationale et auteur du rapport "Grande pauvreté et réussite scolaire" leur répond et remet en perspective leurs propositions de manière très pertinente. A écouter.
On peut signaler aussi l’interview dans un style très direct de Nathalie Mons pour la revue Acteurs Publics . La présidente du Cnesco revient sur les missions de ce conseil national d'évaluation du système scolaire. Elle les définit ainsi : “Nous sommes un lanceur d’alerte dans le sens où nous mettons à la disposition du grand public des résultats d’évaluation de l’école française, sans polémique, mais sans tabou non plus, sur des sujets sensibles : les inégalités sociales et migratoires, la mixité, les forts problèmes d’insertion des jeunes dans l’enseignement professionnel. En France, nous souffrons d’une très faible reddition des comptes de la part du personnel politique liée au fait qu’historiquement, l’évaluation se pratique en interne aux ministères sans procédure démocratique de publicisation des rapports d’évaluation, à l’exception notable de la Cour des comptes. Parce que le personnel politique est peu jugé sur les résultats objectifs de son action, les politiques publiques sont très rarement fondées sur les résultats d’évaluations préalables ou plus largement de la recherche. ”. Elle revient aussi sur les critiques qui lui ont été portées ainsi que toutes les petites attaques insidieuses qui montrent que l'indépendance n'est pas toujours bien vécue par l'administration et le politique...
On peut conseiller aussi une autre lecture qui nous ramène elle aussi aux élections. Il s’agit de trois tribunes rassemblées dans L’Humanité de Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes-FSU, Liliana Moyano, présidente de la Fédération des conseils de parents d’élèves des écoles publiques (FCPE) et Marine Roussillon, responsable de la commission école du PCF. L’une comme l’autre évoquent les enjeux de l’école. Je retiens pour conclure l’interpellation de Liliana Moyano : “En regardant mes enfants récemment, je me suis surprise à me dire que l’école leur avait appris le passé simple, mais rien sur le futur compliqué. Face à un monde incertain, changeant, le rôle de l’école ne cesse d’être réaffirmé, encensé comme barrière à toutes les difficultés sociales et sociétales. Face à ces enjeux, les projets pour l’école que j’ai pu lire jusqu’ici me paraissent maigres et sans vision. Entre une école qui sent la naphtaline, le tout-libéral ou des propositions séduisantes mais sans vision de long terme, nos candidats peinent à être à la hauteur des défis de demain. Nous avons hérité d’une formidable ingénierie, d’une magnifique machine, peuplée d’hommes et de femmes qui ne demandent qu’une chose, qu’on leur assigne et qu’on leur reconnaisse leur rôle social : celui de former les citoyens de demain. […] Il est intolérable de voir aujourd’hui que l’école reproduit non seulement les inégalités sociales et territoriales, mais qu’elle les aggrave et les transforme en inégalités scolaires. ”
Il n’y aura pas de bloc-notes le week-end prochain. Pour cette deuxième semaine de la zone C, je serai absent car je vais tester quelque chose dont on m’a beaucoup parlé : les vacances !
Bonne Lecture...
Philippe Watrelot
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