samedi, novembre 13, 2004

Revue de presse des hebdomadaires
(semaine du 8 novembre au 14 novembre 2004)

La bonne surprise de la semaine vient de Madame Figaro où on peut lire un article assez bien documenté et précis sur la motivation. On y trouve même une interview de Philippe Meirieu qui rappelle utilement que l’ennui a toujours existé mais qu’autrefois on le tolérait parce qu’il était plein de promesses. C’est la remise en question de l’ascenseur social et de l’idéal méritocratique qui est peut être la première source de démotivation.

Les hebdomadaires reviennent également sur l’avant-dernière décision de Fillon (avant la suppression des TPE), c’est-à-dire le retour de la punition collective. Parions sur la prochaine décision : la réinstauration du certificat d’études ou la fin de la mixité ?

Bonne lecture
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Le Nouvel Observateur du jeudi 11 novembre 2004 -

Punition collective
Emoi chez les parents d’élè-ves. François Fillon, le ministre de l’Education, en fait beaucoup pour s’attirer les bonnes grâces des professeurs. Quitte à tomber à côté. Dans une circulaire du 28 octobre, sous prétexte de rétablir leur autorité, qu’il croit perdue, il leur redonne le droit d’infliger des sanctions collectives, qui avait disparu des textes depuis 2000: quand les circonstances l’exigent, le professeur pourra donner un travail supplémentaire à l’ensemble des élèves de la classe. Qui sera assez fou pour appliquer une telle mesure? Les enseignants, surtout dans les établissements difficiles, savent bien qu’ils vont au clash en distribuant des punitions injustes, et qu’il vaut mille fois mieux dialoguer, négocier qu’aller à l’affrontement. «François Fillon s’adresse à ses électeurs, il ne s’adresse pas à la profession», résume une principale de collège. Récemment, il voulait réhabiliter la dictée et la récitation au primaire. «Nous n’avons jamais cessé de les pratiquer!», s’insurgent les instituteurs. Dans quel monde vit donc notre ministre?Lire la suite de l’article

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Le Point du 11 novembre 2004

Rien vu …


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L'Express du lundi 8 novembre 2004

Punition : tous coupables?

Tout le monde au piquet! Ces jours-ci, une circulaire concoctée par François Fillon relance la punition collective, bannie depuis quatre ans. Désormais, donc, on pourra «sanctionner le comportement d'un groupe d'élèves identifiés qui, par exemple, perturbe le fonctionnement de la classe». Et donner un travail supplémentaire à celle-ci, «quand les circonstances l'exigent».
Après la tentation de l'uniforme, l'éloge de la dictée, voilà qu'on rêve d'un retour à l'autorité sépia. Comme si l'école n'en finissait plus d'expier les dérives libertaires de Mai 68. Comme si, démunies face à la montée des incivilités, l'école et la société séchaient devant la difficulté de refonder l'autorité. «En matière de sanction, après un mouvement continu d'assouplissement entamé au XIXe siècle, nous vivons, depuis les années 1960, une période de doute, analyse Eirick Prairat, professeur à l'université Nancy II et auteur de La Sanction en éducation (PUF). Où placer le curseur de la sévérité? Comment sévir quand l'idéologie a disqualifié la punition, quand celle-ci sonne, pour l'enseignant, comme un échec éducatif?»
Pour autant, l'école n'a jamais sombré dans le laxisme. Selon un sondage récent du Credoc, les deux tiers des collégiens disent avoir été punis: colles, textes à copier… Conseils de discipline et exclusions se multiplient. «Taboue dans les années 1970, la sanction ne l'est plus depuis la montée de la violence scolaire dans les années 1990. On n'a jamais renoncé à la punition. Mais on l'a adaptée à nos normes démocratiques.» Les élèves sont représentés aux conseils de discipline. Et, depuis une circulaire publiée en 2000, la sanction disciplinaire est régie par les principes généraux du droit: elle doit être proportionnelle à la faute et individualisée, pour responsabiliser son auteur. En clair, elle doit avoir des «vertus éducatives» et non procéder de la brimade. «C'était une réforme inévitable dans nos sociétés démocratiques, où la passion de l'égalité et l'exigence de transparence rendent insupportables l'arbitraire», observe Prairat. Mais une frange d'enseignants ont vu, dans cette circulaire, une atteinte à leurs prérogatives, estimant que l'on conférait trop de droits à l'élève. Avec la punition collective, François Fillon réarme le bras professoral.[…]
Lire la suite de l’article

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Le Figaro-Madame/ Figaro Magazine samedi 13 novembre 2004

ENQUÊTE : L’urgence ? Motiver les élèves
Il est le seul à n’avoir rien dit. Pas une fois il n’a levé le doigt pour répondre aux questions du prof. Tous les autres ont participé à cette heure hebdomadaire d’éducation civique, pas lui. Ils sont en 4e à Pierre-de-Geyter, un collège de la banlieue parisienne (Saint-Denis). Il y a le petit brun au fond de la classe qui bondit sur sa chaise pour prendre la parole ; Aminata, grands anneaux rouges aux oreilles, cheveux soigneusement tirés, qui sourit tout le temps et s’applique à bien écrire dans son cahier.
Alexandre, qui fait gentiment le pitre. La classe participe allègrement et plutôt sagement à ce cours consacré au droit de manifester, à la liberté de s’exprimer, etc. Incontestablement, le sujet les branche. Il y est question de religion, de lois, de l’Arabie saoudite, du système parlementaire français... La classe est attentive, réactive. À l’exception de Marc, qui s’étale sur sa table dès que l’enseignant écrit au tableau, toujours en retard pour prendre les notes ; il a oublié son “ polycop ”, il regarde ailleurs, assis de travers sur sa chaise. À l’évidence, il s’ennuie ! Le professeur Iannis Roder, jeune trentenaire agrégé d’histoire-géographie, l’a repéré dès la rentrée. Ce n’est que la deuxième heure de classe avec ce groupe d’élèves, mais il sait qu’il va falloir s’occuper de cet adolescent. Signe particulier : manque de motivation.[…]
La cohorte des démotivés. On la rencontre essentiellement dans les premières classes du primaire (CP et CE1) et au collège. Elle angoisse les familles, la preuve en a été faite grâce au débat national sur l’avenir de l’école : la question “ comment motiver et faire travailler efficacement les élèves ? ” est celle qui a été le plus souvent abordée au cours de la consultation organisée par la commission Thélot à l’automne 2003. Deux fois plus que les autres thèmes, dont celui de la violence scolaire, qu’on aurait pu croire en tête des sujets d’inquiétude des parents. Spectaculaire. La motivation de leurs enfants à l’école est désormais la première préoccupation des parents et des enseignants.
Des élèves démotivés : à qui la faute ? Si l’on écoute les parents, c’est tout le système scolaire qui est coupable : des classes trop chargées, des programmes ennuyeux, des rythmes incohérents, des notes humiliantes, des profs eux-mêmes démotivés. Ces derniers incriminent les parents, accusés de prendre systématiquement le parti de leurs enfants face à l’école, de contribuer à la désacralisation de l’institution. Qui a raison, qui a tort ?
La relation à l’enseignant influence naturellement l’implication de l’élève dans le travail scolaire.[…] Autre levier de démotivation entre les mains des enseignants : l’évaluation, les notes et appréciations. [...]Aux enseignants qui désespèrent de leurs élèves, le directeur de l’IUFM de Lyon, Philippe Meirieu (qui fut l’un des premiers à s’intéresser à cet enjeu), rappelle cette phrase du philosophe Alain : “ Il y a des manières d’interroger qui tuent la bonne réponse.
Aucun doute pour lui, la relation à l’enseignant est essentielle dans la motivation. Mais il distingue d’autres facteurs déterminants, au premier rang desquels la fin de la mobilité sociale et l’environnement culturel. Pourquoi n’avez-vous plus ou pas envie d’aller à l’école ? Beaucoup d’enfants répondent qu’ils n’y trouvent tout simplement aucun intérêt. Mais l’école a-t-elle jamais eu un sens aux yeux de ses élèves ? “ Oui, martèle Philippe Meirieu, les élèves acceptaient même de s’ennuyer il y a quelques années ! L’ennui n’est d’ailleurs pas plus important aujourd’hui qu’hier, mais les élèves le toléraient parce qu’il était plein de promesses. L’école imposait à l’enfant le fait de s’investir dans des tâches fastidieuses, dans la mesure où il serait payé au centuple de gratification personnelle, sociale et même financière. La méritocratie républicaine fonctionnait très bien et, finalement, on pouvait se passer de la motivation !"[...]

Lire la suite de l’article (1ère partie)


Lire la suite de l’enquête sur la motivation


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Politis du 11 novembre 2004

Rien vu...


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Marianne du 11 novembre 2004


Rien vu...


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