dimanche, décembre 05, 2004

Revue de presse des hebdomadaires
(semaine du 29 novembre au 5 décembre 2004)

Bien que cette chronique soit essentiellement consacrée aux quotidiens et aux hebdomadaires, je voudrais, cette fois ci,mettre en avant un mensuel. Alternatives Économiques consacre son dossier central de ce mois à l’école avec le titre « École peut mieux faire ». Vous trouverez en ligne un des articles de ce dossier qui analyse « L’échec de l’école pour tous" et détaille les mesures proposées pour lutter contre les inégalités. L’appréciation est plutôt négative. Le dossier dans son ensemble offre une analyse nuancée et complète étayée par des statistiques fiables.

Dans les hebdos, on lira surtout l’article de l’Express où on revient sur cette fameuse « liberté pédagogique », où, comme le rappelle Hervé Hamon, se cache souvent le conservatisme pédagogique et l’immobilisme. A lire aussi l’interview d’Éric Maurin dans le Nouvel Obs revenant sur ses travaux actuels qui mettent en évidence le séparatisme social en France et l’accentuation des inégalités.
Oui, vraiment l’école (et l’État) : "peut mieux faire…"



Bonne lecture
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Alternatives économiques de décembre 2004

Dossier : École peut mieux faire


L’échec de l’école pour tous
[…]Les inégalités entre les enfants existent avant même l’entrée à l’école. Le problème, c’est que l’école ne fait pas grand-chose pour changer cet état de fait. En sixième, 15 points sur 100 séparent en moyenne les enfants d’ouvriers de ceux des cadres. L’écart est déjà énorme. A la fin du collège, les deux-tiers des enfants d’ouvriers sont en retard, contre 10 % de ceux de cadres supérieurs.
Au lieu de réduire les inégalités, les pratiques de la majorité des enseignants et l’orientation les renforcent, comme l’a montré un rapport du Haut conseil de l’évaluation de l’école . L’effort en direction des publics les moins favorisés demeure en effet faible. « L’offre scolaire est loin d’être égale, homogène et, de manière générale, l’école traite moins bien les enfants les moins favorisés », remarque François Dubet, sociologue, professeur à l’université de Bordeaux II. Les écoles des zones favorisées disposent d’enseignants plus expérimentés et les établissements y sont en moyenne de taille inférieure. Au sein même des établissements, l’école agrège les bons élèves, ce qui ne fait que renforcer les inégalités, comme le montrent les études françaises et la comparaison internationale.
[…]Le plan du ministre de l’Education ne paraît pas à la hauteur de ses objectifs ambitieux pour changer la maldonne scolaire. Certes, le pire est évité : François Fillon ne veut pas le retour au « collège des riches et [au] collège des pauvres », il l’a clairement marqué. Il ne semble pas vouloir céder à la tentation d’un enseignement à deux vitesses dès les petites classes, tel qu’il était préconisé par le rapport Thélot, avec un choix d’options dès le primaire. La mesure centrale en matière de correction des inégalités est un soutien individualisé de trois heures hebdomadaires à destination des élèves en difficulté. Au passage, le réseau d’aide spécialisée aux enfants en difficulté (Rased), intégré aux établissements scolaires, serait renforcé. La mesure a le mérite de ne pas s’appliquer uniquement aux zones d’éducation prioritaires, mais à tous les établissements. Mais parviendra-t-on à la mettre en place avec les moyens aujourd’hui prévus ?
A côté, le développement des bourses au mérite (sous condition de ressources) dans le secondaire, pour atteindre 1 000 euros par an et concerner 75 000 jeunes, relève du pur effet d’affichage. Il permet de donner une couleur d’« élitisme républicain » au plan. A ce niveau d’enseignement, on compte 5,6 millions d’élèves…

Certaines mesures du plan Fillon, dont l’origine remonte en réalité plutôt au précédent gouvernement et à Jack Lang en particulier, vont même accroître les inégalités sociales. La mise en place de la nouvelle troisième, déjà annoncée et opérationnelle dès la rentrée prochaine, sélectionnera encore plus tôt les enfants en leur demandant de choisir entre trois options de trois heures hebdomadaires chacune : latin et grec, langue vivante (étrangère ou régionale) ou découverte professionnelle. Cette dernière option pourra même faire l’objet d’un module de six heures, auquel cas le collégien se fermera la porte d’une seconde générale en arrêtant l’étude d’une seconde langue vivante. Toutes les études montrent que plus on offre des filières de façon précoce, plus on accentue les inégalités sociales.
Dans la même veine, le ministre préconise d’étudier encore plus tôt une langue vivante. Encore faut-il que cet enseignement ait les moyens de ses objectifs, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Au-delà, cet enseignement risque de pénaliser les élèves en difficulté qui auraient pu profiter de ces heures pour combler des lacunes dans les matières fondamentales.[…]
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Dans le même dossier :


– Le niveau monte toujours

La démocratisation n’a pas entraîné une baisse du niveau moyen. Bien au contraire.

– Chômage : l’école bouc émissaire

Le chômage de masse, et notamment le fait que 18 % des actifs de 15 à 29 ans soient sans travail, est-il la faute de l’école ? L’accusation ne tient guère la route, même si l’école n’est pas exempte de toute responsabilité.

– Comment l’école a changé

Le nombre d’élèves a explosé entre la Seconde Guerre mondiale et le milieu des années 90. Depuis, le mouvement semble à l’arrêt. Le temps de passer à la qualité ?




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Le Nouvel Observateur du jeudi 2 décembre 2004 -

Lyon-III, la complaisante
Lyon, capitale du négationnisme? Non, répond l’historien Henry Rousso après deux ans et demi d’enquête, tout en soulignant le laxisme des moeurs universitaires
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A chacun son ghetto
Pourquoi les Français même les mieux intentionnés se révèlent-ils incapables de lutter contre le séparatisme social.Réponse chiffres en main d’un chercheur sans tabous, Eric Maurin
[…]La mise en place de zones urbaines sensibles (ZUS) ou celle de zones d’éducation prioritaires (ZEP), où les établissements scolaires reçoivent un peu plus de moyens qu’ailleurs, équivalent à montrer ces espaces du doigt. Cet étiquetage joue a contrario, en faisant fuir les familles les plus à l’aise, ou en les décourageant de s’y installer. Il faut impérativement sortir de cette politique où l’aide est conditionnée par le territoire et non pas par les difficultés réelles des personnes. Mieux vaut choisir d’aider directement les individus. Par exemple décider que les ressources des établissements scolaires – de tous les établissements en France, sans étiquetage – varieront en fonction du public qu’ils accueillent et notamment de l’origine sociale des enfants. D’autres pays le font, avec de bons résultats. […]
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Le Point du 2 décembre 2004


Nos ados sont-ils des malades ?
La crise d'adolescence prend souvent une forme spectaculaire qui laisse les parents pantois. En fait, nos enfants ne vont pas plus mal. C'est nous qui nous inquiétons davantage
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Le foulard vu par le « New Yorker »
Le New Yorker, hebdo chic de l'intelligentsia démocrate, a consacré, dans son numéro du 22 novembre, un long article à la bataille qui a fait rage en France entre pro et anti-voile. La journaliste Jane Kramer expose nos moeurs « laïques ». La France, incapable de régler le problème de l'intégration, y est décrite comme un pays acculé à une loi cache-misère pour juguler la montée de l'islamisme.
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L'Express du 29 novembre 2004

Liberté pédagogique, vraiment?
Donc, François Fillon entend graver dans la loi le principe de la «liberté pédagogique» des enseignants. Comme s'ils en étaient privés. En fait, cette notion est déjà présente dans les textes en vigueur. Dans les «Instructions officielles et programmes de français au collège», on lit que «le professeur a la liberté, chaque année, de concevoir une progression pédagogique». Dans une classe, «il n'y a pas plus libre qu'un professeur, confirme Bernard Toulemonde, inspecteur général. Simplement, sa liberté est cadrée».
En effet, loin de se borner à définir des contenus, les programmes et textes officiels préconisent des méthodes pédagogiques, avec une minutie notariale... La prescription de Fillon y souscrit, puisqu'elle précise que la liberté professorale «s'exercera dans le cadre des programmes, des instructions ministérielles et sous le contrôle des corps d'inspection». Sauf à modifier les programmes - ou à supprimer les inspections - elle ne change donc rien. Alors, à quoi sert-elle? A «responsabiliser» les enseignants, dit-on Rue de Grenelle, en contrepartie d'une évaluation plus régulière.[…]
Pour Hervé Hamon, auteur de Tant qu'il y aura des élèves (Seuil), cette mesure ne vise qu'à «acheter la paix sociale avec les enseignants les plus conservateurs: dehors les parents interventionnistes et vive l'individualisme! C'est une prime à l'immobilisme». Ou à l'innovation, si les enseignants retournent l'argument.
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Le Figaro-Madame/ Figaro Magazine samedi 4 décembre 2004


Odile Jacob : de l’essentiel aux logiciels
Cette femme collectionne les best-sellers... Scientifiques. Un exploit en France dans le monde de l’édition. Aujourd’hui, elle se lance dans l’aventure informatique avec des logiciels destinés aux collèges. Rencontre avec une visionnaire.
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L'école des champions Par Christine Clerc

Pourquoi nos enfants, dont l’école est l’une des plus coûteuses du monde, n’ont-ils pas le même appétit ? Seraient-ils trop gâtés ? Rendus passifs par la télévision, devant laquelle ils passent plus d’heures qu’en classe ? Le chômage, qui touche une plus forte proportion de jeunes chez nous que dans les autres pays d’Europe, les découragerait-il d’apprendre ? Ou bien notre société tout entière, qui encense l’argent, le foot et le show-biz, serait-elle complice de cette dévalorisation du savoir ?
Quelque chose s’est cassé : 14 % des enfants ne savent pas lire à l’entrée en sixième. Quatre-vingt-quatre mille actes de violence ont été recensés l’an dernier au sein des établissements scolaires. Mais est-ce en revenant à l’école à l’ancienne, avec ses blouses grises, ses punitions collectives et, pourquoi pas, ses cantines infectes comme dans “ le Pensionnat de Chavagnes ”, que nous allons guérir ces maux ?
Allons ! Bientôt, nous ne retrouverons plus l’école du film “ Être et avoir ”, tourné dans un canton d’Auvergne en voie de désertification. À l’heure de la mondialisation, des collèges, et pas seulement en Seine-Saint-Denis, comptent jusqu’à quarante-neuf ethnies. Il faut donc tout repenser, et d’abord une “ école des parents ”. Car si le ministre de l’Éducation nationale, François Fillon, a raison de vouloir réhabiliter la lecture, l’écriture et l’expression orale sans lesquelles un enfant, se sentant exclu, devient violent, d’autres apprentissages de base – au civisme, à l’hygiène, etc. – passent par la famille.
C’est seulement ainsi qu’on fera de chaque élève un citoyen.
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Politis du 2 décembre 2004

Rien vu...


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Marianne du 2 décembre 2004

Rien vu...


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